Le Point : Edition
Bush le croyant pragmatique

Jérôme Cordelier

« Qui êtes-vous donc pour vous prendre pour Dieu ? » Billy Graham, le pasteur protestant qui fut à l'origine de la reconversion religieuse de George W. Bush, apostropha en ces termes le futur président des Etats-Unis dans les années 80.

La question reste de pleine actualité. Pour beaucoup, l'arrivée de « W » au pouvoir s'est traduite par un véritable « hold-up évangélique » sur la Maison-Blanche. L'historien Sébastien Fath passe au crible l'affichage religieux dont Bush a fait preuve et tente d'en mesurer les effets. « Pour lui comme pour les chrétiens évangéliques, écrit Fath, il ne saurait y avoir de cloisonnement étanche entre son métier d'homme politique et le sentiment d'une vocation reçue de Dieu. » Le président compte parmi ses proches nombre de fervents évangéliques. Comme John Ashcroft, le ministre de la Justice, Mike Gerson, l'auteur des allocutions présidentielles et de la célèbre formule « axe du Mal », et Karl Rove, inventeur du slogan sur le « conservatisme compassionnel ».

L'impact de ce messianisme religieux, selon Fath, est à relativiser. Bush, dit-il, fait preuve d'un pragmatisme « au moins aussi proverbial que sa piété ». Sa pratique dominicale est d'ailleurs moins assidue que celle de nombre de ses prédécesseurs. Pour ne citer que lui, Clinton fréquentait régulièrement le culte dominical de la Foundry Methodist Church, la Bible sous le bras...

« Dieu bénisse l'Amérique ! La religion de la Maison-Blanche », de Sébastien Fath (Seuil, 260 pages, 17 euro).

© le point 02/09/04 - N°1668 - Page 12 -