Votation du 17 mai 1992 sur la révision
des articles du code pénal suisse relatifs
aux délits et crimes sexuels
 

Nous refusons cette modification du Code pénal parce qu’elle constitue un nouvel acte officiel poussant à la décomposition toujours plus grande des structures morales et familiales de notre société.

Par nature, les lois d’une société ont un caractère nécessairement moral ou immoral.

C’est la structure morale chrétienne de notre société que l’on veut détruire en chassant des lois tout contenu fondé sur les Dix Commandements.

Je m’explique.

Pour protéger la nature, on impose facilement toutes sortes de contraintes aux automobilistes et aux industriels.

Pour permettre une circulation routière normale, on oblige les conducteurs à se soumettre à de nombreuses lois et consignes impératives.

Il ne vient à l’idée de personne de démanteler les lois régissant la circulation routière pour donner une plus grande liberté aux conducteurs. On sait fort bien que le résultat serait le pire des chaos sur les routes et qu'il y aurait alors des destructions matérielles et humaines terribles. Nul ne doute que la protection des biens et des vies par les lois de la circulation soit fondée sur des bases morales : les commandements, Tu ne commettras pas de meurtre et Tu ne voleras pas.

Mais, pour nos législateurs, en ce qui concerne l’ordre moral de la société – et plus particulièrement pour ce qui concerne l’ordre familial et la morale sexuelle – il n’en va pas de même que pour la défense de la nature et pour le maintien de la circulation routière normale. La liberté de circulation est ainsi fonction de l’observation par chacun du code de la route, de notre obéissance aux lois, en fin de compte, de notre soumission à la loi de Dieu.

Insistons. On raisonne ici comme si la famille et l’éthique sexuelle – particulièrement celle des jeunes – étaient bien moins importantes que la préservation de la nature et de la liberté de circulation sur nos routes.

Ce qui domine ici, c’est ce que le Conseil fédéral appelle bizarrement le libre arbitre sexuel, fondement du droit de chacun au développement absolu de sa personnalité sexuelle. Ce développement serait situé au-delà de la distinction maintenant dépassée du bien et du mal. Ce prétendu libre arbitre sexuel est le fondement absolu de cette nouvelle législation. Il s’agit du point de référence du législateur, c’est-à-dire, de son dieu.

Cette révision témoigne d’un glissement de civilisation. Cela ressemble aux premiers mouvements d’une avalanche. Il s’agit ici des symptômes d’un revirement très dangereux de notre société. On enlève petit à petit toutes les bornes légales qui pourraient freiner ce dérapage.

Le lien évident entre SIDA et permissivité sexuelle – lien qui crève les yeux – n’est pas perçu par nos autorités.

Or l’O.M.S. affirme catégoriquement que la protection offerte par le préservatif contre le SIDA n’est pas sûre.

Nous posons publiquement la question : nos autorités travaillent-elles consciemment au déclenchement de cette avalanche morale et sociale qui emportera immanquablement notre société si rien n’est fait pour l’empêcher?

Par cette révision, on encourage la sexualité sauvage.

On sape de tous les côtés la discipline sexuelle établie par les familles.

Veut-on livrer, à tout prix, l’individu isolé à l’administration de l'État tout- puissant et omniprésent ?

Au début des années quatre-vingts nos autorités, au travers d’une fameuse Commission d’Experts, avaient proposé une révision formellement bien plus radicale du droit pénal sur ces questions. La levée de boucliers qu’elle suscita fut telle qu’elle obligea le Conseil Fédéral à faire marche arrière.

Mais, comme d’habitude, nos autorités reviennent à la charge avec quasiment les mêmes propositions. Elles sont aujourd’hui camouflées sous un emballage séduisant. C’est la seule différence.

En fait cette loi :

— Abolit l’âge de protection sexuelle des jeunes. Car les rapports sexuels immoraux des jeunes deviendraient licites pour autant qu’ils ne soient pratiqués qu’avec d’autres jeunes. Or, ceux qui se livrent à ces ébats sexuels précoces mettent en danger leur développement psychique et l’affermissement de leur personnalité.

— Ainsi l’autorité refuse de s’opposer à la tentation qui sollicite si fortement notre jeunesse, tentation qui la pousse à s’abandonner à une sexualité instable et épidermique. Tout se passe comme si la sexualité, qui est un bienfait inestimable lorsqu’elle est vécue dans le cadre permanent et stable du mariage, n’était rien d’autre qu’un jeu.

— Sur le plan psychique, nous avons affaire ici à une attitude proprement infantile qui sépare radicalement l’instant de jouissance des responsabilités humaines à assumer. Le sexe instantané maintient la personnalité dans un état d’infantilisme exactement de la même manière que le font les jouissances pseudo-mystiques déclenchées par la drogue ou les extases, si faciles, provoquées par certaines sectes.

— Cependant l’apparition du SIDA nous a de nouveau appris que la sexualité débridée est un jeu aux conséquences mortelles. Cette connaissance n’est pas nouvelle. Nous savons depuis toujours qu’eros – l’amour purement plaisir – est inséparablement attaché à thanatos – l’instinct de mort.

— L’article de ce nouveau droit, selon lequel les ébats sexuels entre jeunes seraient licites, pour autant qu’il n’y ait pas plus de trois ans de différence entre partenaires sexuels, rend comique la déclaration trompeuse du Conseil fédéral selon laquelle, L’âge limite de protection reste fixé à 16 ans (Explications du Conseil fédéral, page 64). Tout cela est malhonnête.

— Cette législation favorise la décomposition morale du pays en ouvrant toutes grandes les vannes à la pornographie dite douce : c’est-à-dire, non bestiale, non excrémentielle, non violente et dont les enfants sont exclus.

— Pourquoi la douceur serait-elle explicitement associée à la débauche s’il n’existait pas dans l’esprit du législateur une volonté claire de détourner le langage de son sens normal ? Ce détournement des mots aurait pour but d’associer des réalités contraires – douceur et débauche – ce qui permettrait aux citoyens-électeurs d’assouvir en toute liberté de conscience et en toute impunité juridique leurs désirs les plus inavouables.

— Cependant, le lien scientifiquement établi entre pornographie dite douce et crimes sexuels est aujourd’hui bien connu de toutes les polices du monde. La distinction pornographie doucepornographie dure s’est révélée fausse partout où elle a été appliquée1.

— Ce qui se passe dans la réalité est que la pornographie douce conduit immanquablement à la pornographie dure et cette dernière développe un terrain psychique favorable aux plus effroyables crimes sexuels.

— Nos autorités veulent-elles, en introduisant de telles distinctions dans nos lois, favoriser les rapts d’enfants et les viols, en ouvrant ainsi les vannes aux pires provocations visuelles et à la débauche ? Après des années d’une telle permissivité juridique, de tels crimes sont devenus chose courante aux U.S.A., où la pornographie a pratiquement libre cours.

— Ce qui nous attend est clair. Nos autorités nous présenteront bientôt – à l’exemple de nos voisins hollandais – la mort douce, c’est-à-dire l’euthanasie, l’extermination des vieux et de ceux que Jacques Attali (conseiller personnel du Président Mitterand) appelle les personnes socialement inutiles, comme un inestimable bienfait moral et une nécessité légale.

— Notre nouvelle législation continue à détruire la structure essentielle de la famille en faisant disparaître les fondements légaux de l’autorité parentale sur les possibles activités sexuelles de leurs enfants.

— Comme le nouveau droit matrimonial adopté il y a quelques années, cette révision s’attaque directement à la responsabilité du mari, au sein de la famille, en établissant à ses dépens une présomption de viol conjugal comme réalité légale normale.

— Faut-il si rapidement remplacer la lutte des classes, disparue avec l’écroulement apparent du communisme, par une lutte des sexes au sein du couple? – Comme si le mari n’était pas le protecteur naturel, normal, de son épouse, mais son violeur !

— Comme si, dans le mariage, l’homme n’appartenait pas à sa femme et la femme à son mari ? La notion de viol dans le mariage annule la notion même de don réciproque qui est le coeur même de l'union conjugale.

— L’interdiction de toute contrainte, par son identification à la violence, vise de fait la notion d’autorité elle-même : celle des parents sur les enfants, celle du mari sur son épouse. C’est la dislocation de la famille qui est ici clairement recherchée, car sans contrainte juste, il ne peut y avoir d’autorité. Sans autorité, aucune institution ne saurait survivre.

— Il est très significatif de faire ici remarquer que ce but de protéger la femme contre les agressions hypothétiques de son protecteur naturel, son mari, va de pair avec le fait, ici parfaitement réel, de livrer totalement la femme à l’exploitation abominable des pornocrates mâles. Sous le masque d’un bien – la défense de l’épouse dans le foyer – on favorise effectivement un mal – le désir des mâles de traiter les femmes comme des objets de jouissance.

— Le masque humanitaire que porte le législateur est celui du protecteur légal de la femme mariée contre les sévices dont elle pourrait être l’objet de la part de son affreux mari. La réalité que recherche effectivement le législateur est de livrer les femmes à l’humiliation la plus abjecte par le moyen de la pornographie.

— Ainsi se dévoilent les convoitises inavouées – et sans doute pour la plupart inavouables à eux-mêmes – de nos phallocrates de la cité fédérale.

— Est-il alors étonnant de voir, ces derniers jours, le Conseil fédéral proposer une révision du droit du divorce visant à instituer le divorce à la carte ? Ce projet, s’il était adopté, abolirait toute notion de culpabilité chez l’une ou l’autre des parties. C’est ainsi que l'État cherche à institutionnaliser une pseudo-liberté sexuelle totalement anarchique en facilitant la dissolution des mariages.

— Mettant leur pouvoir législatif au service de la promotion de la pornographie, nos législateurs et nos juges – tout armés qu’ils sont de l’impeccabilité de leurs bons sentiments – ne peuvent résister au plaisir de fourrer leur nez sous les draps du lit conjugal.

— Les femmes qui se respectent et qui respectent encore leur mari, les hommes qui ont encore un sentiment de ce qu’est un homme (c’est-à-dire un honnête homme, un gentleman) et les couples qui savent que la famille doit être protégée contre les investigations abusives de l'État ne pourront que rejeter, avec la plus grande vigueur, de tels sophismes légaux.

— Mais c’est dans ses explications que le Conseil fédéral dévoile sa tartuferie gouvernementale dans toute sa splendeur. Les explications qu’il nous donne sont, sur le plan formel, impeccablement correctes : L’âge limite de protection est fixé à 16 ans et La pornographie dure (…) est absolument interdite. Mais ces affirmations textuellement vraies sont rendues, par ce qu’elles omettent de dire, totalement mensongères. Nulle mention n’est faite, ni de l’ouverture totale des vannes de la sexualité juvénile, ni de la complète légalisation de la pornographie dite douce. Cette autorisation législative de l’obscénité englobe toutes les formes les plus bizarres de déviation ou de débauche (anale ou orale, par exemple) sauf celles qui comportent l’usage de la violence, d’animaux, d’excréments ou d’enfants.

— On affirme ainsi une chose et l’on fait le contraire.

— On se pare d’une action qui se prétend bienfaisante et on emploie le masque du bien pour faire avancer sa propre pourriture.

— Voilà où en sont arrivées les autorités suprêmes de notre pays.

Mais on va plus loin encore dans la corruption.

— On évacue le langage précis de la précédente législation pour y substituer des expressions neutres, c’est-à-dire dépourvues de sens. Le droit matrimonial avait déjà connu un tel procédé sémantique révolutionnaire. On avait substitué aux anciens termes français, homme et femme, époux et épouse l’expression neutre et insignifiante de partenaires.

— Ici aussi on travaille à détruire les distinctions usuelles du langage courant dans le but d’empêcher les générations futures de conceptualiser correctement la réalité. Car la réalité elle-même est rendue intellectuellement inaccessible par la disparition des mots qui permettaient de la découvrir.

— Ainsi, on substitue à l'expression fort concrète d’attentat à la pudeur, le charabia molièresque d’un acte analogue à l’acte sexuel. La pudeur n’existerait donc plus comme catégorie de pensée.

— L’expression neutre acte sexuel remplace celle bien plus précise de débauche. On atténue ainsi les expressions fortes, pudeur et débauche, pour leur substituer la grisaille d’une sexualité neutre sans contenu, ni en bien ni en mal. Si la débauche et la pudeur deviennent ainsi des notions vides de sens, plus rien ne pourra alors empêcher les hommes d’assouvir, en parfaite bonne conscience, leurs instincts les plus vils.

— Est-il nécessaire d’ajouter que cette nouvelle législation ne fait plus aucune différence entre sexualité humaine normale, c’est-à-dire capable de procréation, et l’homosexualité, intrinsèquement stérile et sur ce plan socialement inutile. Cette dernière ne serait évidemment plus réprimée en cas d’acceptation de la révision.

— La distinction entre l’activité sexuelle normale, c’est-à-dire celle exercée dans le cadre du mariage, et la séduction, disparaît également de l’univers légal de nos législateurs pervers.

— Nous avons manifestement ici affaire à une législation qui institutionnalise dans notre pays les moeurs de Sodome et de Gomorrhe.

— Le langage, tant de la loi nouvelle que des explications fédérales qui l’accompagnent, est celui d’un Tartufe. Les impacts législatif et politique de ce double langage, de cette langue de bois, ressemblent étrangement à cet esprit de pudeur, de chasteté et de douceur paisible qui animait le regretté Marquis de Sade, saint patron de la religion du libre arbitre sexuel.

— Le poisson crevé, dit-on, commence à pourrir par la tête. Des moeurs législatives aussi malhonnêtes laissent prévoir les pires abandons de la part de ceux qui ont la prétention de se considérer comme les dirigeants d’un pays qu’ils abandonnent à la dérive.

— Dans un tel contexte, on peut avoir quelques craintes quant à l’avenir et l’indépendance de notre patrie.

— Certains commencent à parler du fait que Dieu aurait commencé à frapper ce pays des coups de ses jugements. Nous éprouverions dès à présent les malédictions qui accompagnent toujours le reniement de l’Alliance divine.

— Il n’est guère nécessaire d’invoquer les colères du ciel quand nous voyons, sous nos yeux, nos autorités fédérales si bien se charger de la destruction de notre pays.

 

Association Vaudoise de Parents Chrétiens

le 27 avril 1992

______________________

1 Désiré Dutonnerre, La Marée noire de la pornographie. Un fléau aux origines et aux conséquences mal connues, 1993 et Incitation à la perversion des moeurs et à la violence, 1993 tous deux publiés par La Diffusion de la Pensée Française, Chiré ; Richard Poulin, La Violence pornographique. Industrie du fantasme et réalité, Cabedita, Yens-sur-Morges, 1993 ; Tom Minnery (Editor), Pornography. A Human Tragedy, Tyndale House, Wheaton, 1986 ; David Alexander Scott, Pornography – Its Effects on the Family, Community and Culture, Child and Family Protection Institute (721 Second Street N. E., Washington D.C. 20002), 1985. En Suisse l'organisation Réagir, Case Postale 161, 1245 Collonge-Bellerive, lutte contre la pornographie, la violence et la drogue.