Une Association de Parents Chrétiens

Dix ans de combats 1979–1989

Au printemps 1979, une amie catholique, Margareth Lanthemann était venue nous trouver, angoissée par un problème qui aurait dû troubler bien des parents chrétiens – et même non-chrétiens – car elle avait des enfants en âge de suivre les cours d'éducation sexuelle donnés dans toutes les écoles publiques de notre canton par cette organisation au nom bizarre (pour ce qu'elle fait réellement), Pro Familia. 1979 était l'année consacrée par l'ONU à la défense de l'enfance et notre amie souhaitait profiter de ce mouvement d'opinion en faveur de la jeunesse pour alerter nos autorités sur une menace qui pesait sur les enfants : la soi-disant éducation sexuelle. Cette dame combative, clairvoyante et dévouée s'était tout d'abord adressée au Président de la Confédération qui l'avait, comme il le fallait, renvoyée aux autorités cantonales seules compétentes en la matière et, en particulier, au Chef du Département de l'Instruction Publique et des Cultes, à l'époque Raymond Junod. Ce dernier, lui aussi, avait avoué son incompétence. Car, les autorités vaudoises s'étant octroyé une autorité, en soi illégitime en une matière aussi délicate, l'avaient ensuite déléguée à l'Organisation médico-sociale Pro Familia1. Il avait été décidé d'organiser un débat sur la manière de donner ces cours d'éducation sexuelle à l'école, dans le foyer des Lanthemanns sur les hauts de Lausanne, en invitant deux représentants de cette organisation, le Professeur Leresche et le Docteur Delacoste, l'un protestant, l'autre catholique. Margareth Lanthemann était venue nous trouver pour nous demander de lui prêter main forte dans cette entreprise, ce que nous fîmes bien volontiers en compagnie d'autres chrétiens dont je mentionnerai ici quelques noms, en particulier ceux du Dr Jules Rippstein (qui présida pendant près de dix ans aux destinées de notre association), M. Georges Weber (à l'époque président de Oui à la Vie Suisse) et M. Christian Bless, très actif dans les milieux traditionalistes catholiques.

Ce débat historique, événement fondateur de notre Association de Parents Chrétiens, eut lieu le 28 mars 1979. Le Dr Delacoste avait été placé derrière la table du living afin de prévenir toute fin prématurée à notre discussion ! Après avoir longuement entendu nos deux experts en éducation sexuelle, une réponse abondante et énergique leur fut apportée. Je me souviens tout particulièrement des interventions lumineuses de Georges Weber ainsi que de la collaboration étonnante qui s'est établie ce soir là entre Christian Bless et moi-même. L'unité d'esprit était telle que lorsque je reprenais mon souffle au milieu d'une phrase, c'est lui qui la terminait ! Un oecuménisme pareil entre un calviniste évangélique convaincu et un catholique traditionaliste intransigeant s'est, je crois, bien rarement vu.

Il fut décidé de donner une suite à ce débat qui s'était soldé sur un constat de désaccord radical. On me demanda de rédiger le résumé de notre discussion, résumé qui serait ensuite envoyé sous forme de lettre ouverte au Chef du Département de l'Instruction Publique et des Cultes. Après diverses péripéties, dont la correction du rapport par les pasteurs évangéliques et réformés, Paul-André Dubois et Roger Barilier, ainsi que l'obtention d'un nihil obstat accordé par l'abbé Richard Williamson (maintenant évêque, mais à l'époque Professeur de Dogmatique au Séminaire d'Écône), notre lettre, dûment signée par plusieurs des participants, fut envoyée en haut lieu. Ce qui est peut-être plus important, elle fut intégralement publiée sur deux pages de la Nouvelle Revue de Lausanne le 12 juin 1979, cela grâce à l'influence du pasteur Roger Barilier auprès de son regretté directeur, Michel Jaccard2.

Le 11 octobre 1979, dans les locaux du Centre de Documentation Civique à Lausanne, fut fondée l'Association Vaudoise de Parents Chrétiens. Je me souviens d'une conversation sur diverses questions de politique scolaire que j'eus quelque temps auparavant avec le député libéral, Daniel Bovet, dans son jardin au chemin du Languedoc. Il m'avait conseillé de prendre contact avec d'autres personnes partageant mes préoccupations, mentionnant en passant les noms du Professeur Jean de Siebenthal, de Francis Aerny, instituteur et journaliste occasionnel à la Gazette de Lausanne et surtout celui de Mme Marianne Thibaud, enseignante secondaire à Yverdon et députée radicale au Grand Conseil. C'est en grande partie grâce à l'appui de ces trois personnes, auxquelles je voudrais ici publiquement rendre hommage, que notre association a vu le jour. Mme Thibaud en particulier nous a ouvert le chemin par son zèle infatigable dans le combat politique courageux qui fut pendant de nombreuses années le sien contre la politique progressiste du Département de l'Instruction Publique. Dans ce combat elle a laissé une part importante de sa santé. Que ces amis soient ici vivement remerciés ! Le 11 octobre 1979 les Statuts de l'Association Vaudoise de Parents Chrétiens (que feu Me Marcel Regamey avait mis en forme juridique), ainsi que la Charte fondamentale de l'Enseignement, la Déclaration sur le rôle éducateur des familles et la Lettre ouverte à M. le Conseiller d'État Raymond Junod3, furent adoptés comme documents de base de notre association.

La nécessité urgente d'établir un tel témoignage sur la place publique provenait avant tout du silence des Églises sur tout ce qui touche à la famille et à l'école. Cette démission des autorités ecclésiastiques a des causes diverses.

Le pluralisme théologique des milieux réformés – un véritable polythéisme spirituel et théologique – avait pour conséquence inéluctable qu’en tant qu’Église, l’Église Évangélique Réformée du Canton de Vaud était incapable d’exprimer un quelconque point de vue officiel sur de telles questions. La branche progressiste de cette Église prenait, elle, des positions nettes, mais ces positions allaient à l’encontre de l’enseignement millénaire du Christianisme et s’opposaient surtout aux exigences claires de la Loi divine.

L’Église Catholique Romaine, qui par le passé avait défendu une doctrine sociale cohérente assez proche des enseignements de la Bible était, surtout sur le plan local, devenue subitement silencieuse sur tout ce qui concernait les choses de la cité. Là aussi son aile progressiste militante faisait entendre un son de cloche révolutionnaire. Mais l’ensemble de ses clercs avaient été réduits au silence par la contradiction qu’ils vivaient tous les jours entre leur formation traditionnelle et les positions plutôt libérales de Vatican II, qui étaient devenues la nouvelle ligne doctrinale de l’Église romaine.

Pour ce qui concerne les milieux évangéliques, leur silence provenait essentiellement de leur ignorance des implications sociales et politiques de la Parole de Dieu. Ces communautés s’étaient retranchées dans une espèce de ghetto spirituel frileux à tendance piétiste et n’avaient en conséquence rien à dire, ni à l’État, ni à la société dans laquelle elles se trouvaient, sur ces questions d'ordre public.

Telle était la situation dans laquelle s’est engagée notre action. Il fallait à tout prix rompre ce silence et, par des prises de positions bibliques, orthodoxes, bien adaptées aux circonstances présentes et exprimées dans un langage accessible à tous, faire à nouveau entendre la voix du Christianisme sur des questions concernant au plus haut point la vie des familles et de l’école, questions absolument vitales, tant pour la sanctification des chrétiens et la gloire de Dieu, que pour la survie même de notre pays. Et cela, évidemment, sans prétendre détenir la moindre autorité religieuse ou ecclésiastique quelconque. C’est à ce combat pour restaurer la voix d’un Christianisme authentique s’adressant aux questions touchant les familles de ce pays que s’est consacré le travail de notre association depuis 1979.

Ce n’est pas ici le lieu ni le moment de retracer l’histoire détaillée des dix années de l’action publique de l’Association Vaudoise de Parents Chrétiens. Remarquons d’abord la réaction des milieux chrétiens eux-mêmes. La fondation de l’A.V.P.C. a immédiatement suscité le tir groupé des principales publications protestantes de notre canton. Tant la revue libérale Le Protestant, que la très progressiste Vie Protestante ont en effet réagi avec véhémence contre les visées totalitaires de notre initiative, pourtant bien modeste. Les Cahiers Protestants ont, quelque temps plus tard, rejoint les rangs de nos adversaires. Même la très traditionnelle La Nation a, du moins au début de notre action, vu d’un oeil bien critique notre prétention de voir se soumettre le droit public aux exigences de la Loi souveraine de Dieu. Du côté évangélique et catholique officiel nous ne pouvions que constater un prudent silence. Par contre, dès nos débuts, la revue Finalités, revue consacrée à la défense de l’enseignement social et politique traditionnel de l’Église catholique, a accueilli avec beaucoup de générosité un grand nombre de nos prises de positions.

 

I. 1980

Notre première action d’envergure date du mois de mai 1980 et fut consacrée à répondre publiquement à une décision du Tribunal Cantonal vaudois cherchant à décriminaliser le nudisme intégral sur les plages publiques. Nous avons profité de cette occasion pour rappeler à nos autorités judiciaires la nécessité de fonder leurs décisions juridiques sur une loi supérieure, sur une loi transcendant le simple droit positif. En partant d’un débat ponctuel nous attirions l’attention de nos autorités sur certains enseignements chrétiens ayant des implications dans le domaine public, et qui étaient essentielles à la vie du pays, mais qui étaient bien malheureusement tombés dans l’oubli4.

 

II. 1981

En janvier 1981 nous lancions un Appel à la prière5 pour faire échec aux propositions de révision des articles du Code pénal suisse relatifs aux moeurs et à la famille préconisées par une Commission fédérale sous l’impulsion du Conseiller fédéral, Kurt Furgler. On proposait ainsi une véritable démolition de la protection juridique des familles contre de nombreux abus sexuels. La réaction à notre appel dépassa toutes nos attentes et le mouvement d’opinion suscité balaya, pour un temps, ces propositions d’instaurer dans notre pays une législation permissive sur ces questions.

 

III. 1982

En 1982 nous avons, parmi bien d’autres textes, diffusé une réponse à un genre de Confession de Foi publiée par les organisations Franc-maçonnes de notre région à l’occasion de leur participation en présentant au Salon des Antiquaires de Lausanne une exposition consacrée à l’Art dans la franc-maçonnerie6. La spiritualité et l’éthique prônées par ces organisations sont tout à fait à l’opposé de ce que nous cherchons à promouvoir. Nous publiâmes également à cette époque un important recueil d’articles intitulé : Le nouveau Français : Ruine ou Renouveau?7, comme réponse à la réforme inconsidérée de l’enseignement de la langue maternelle introduite, sous l’impulsion de spécialistes aussi zélés que fourvoyés, dans les écoles de l’État par le Département de l’Instruction Publique. Ce genre de prise de position pédagogique, informé par la foi, sur des questions d’actualité est au coeur de toute notre action.

 

IV. 1983

L’année 1983 a vu le développement de nos publications ainsi que la diffusion d’articles tirés de la presse. En ce qui concerne cette dernière nous avons très largement répandu plusieurs discours tenus à l’époque par Alexandre Soljénitsyne sur les dangers que le communisme représentait à ses yeux pour l’Occident largement aveuglé par son inconscience du mal. Nous avons également pris très fortement position contre le projet d’un nouveau droit matrimonial mis sur pied par le Conseiller fédéral démocrate chrétien Kurt Furgler. Ce projet (qui malheureusement est passé dans les lois) n’était rien d’autre qu’une déclaration de guerre par l’État à la famille telle que la prévoient les enseignements de la Sainte Écriture. Une autre publication de cette même année fut un bref historique de l’école vaudoise intitulé : Quel avenir pour nos enfants ?8, qui faisait ressortir le caractère foncièrement chrétien de nos institutions scolaires, du moins jusqu’au milieu du XIXe siècle, époque où commença l’offensive laïque d’origine maçonnique dans nos pays jadis chrétiens.

 

V. 1984

Cette année fut marquée par le large débat suscité par le projet d’une nouvelle loi scolaire vaudoise. Consultés, comme bien d’autres organisations, par le Département de l’Instruction Publique, nous avons profité de cette occasion pour répondre, non pas aux détails de cette loi (d’autres s’en chargeaient mieux que nous), mais au fond idéologique dont cette nouvelle loi était animée et qui reflétait bien certaines options pédagogiques aberrantes de notre époque9. Notre intervention auprès du Grand Conseil eut pour effet de rétablir l’instruction biblique dans le cadre même de la loi scolaire d’où elle avait été bien discrètement été retirée. L’utilité de notre action à contre-courant devenait évidente.

 

VI. 1985

L’année 1985 a vu notre association s’engager très activement dans la politique fédérale, cela en particulier en faveur du Droit à la vie ainsi que contre le nouveau droit matrimonial. Pour nous la première campagne a été marquée par un débat contradictoire avec Olivier Delacrétaz, Président de la Ligue vaudoise, sur les fondements mêmes du droit qui serait tributaire, ou de la justice divine, pour les uns, ou d’une justice d’origine divine, pour les autres. Cette discussion a contribué à clarifier nos positions respectives sur cette question fondamentale10. L’année fut marquée par l’abandon dramatique par notre peuple de deux pans essentiels de l’héritage chrétien sur lequel les fondements juridiques de nos familles avaient reposé depuis plus d’un millénaire : le droit matrimonial et le droit de l’enfant conçu à vivre. Ainsi une nation peut librement et fort démocratiquement par vote populaire renier les bases chrétiennes de son existence nationale. Comme nous ne le voyons que trop bien aujourd’hui, ce n’est pas impunément qu’un peuple rejette volontairement son héritage chrétien.

 

VII. 1986

Un des événements marquants de notre activité en 1986 fut deux longs entretiens que nous a accordés le Conseiller d’État Pierre Cevey, Chef du Département de l’Instruction Publique et des Cultes, sur l’enseignement renouvelé du français. Ces entretiens nous ont permis de mesurer la distance qui sépare bon nombre de nos politiciens des réalités de la guerre politique, idéologique et spirituelle dans laquelle nous sommes tous engagés, que nous en soyons conscients ou non, en cette fin du XXe siècle. Avec un tel état d’aveuglement en haut lieu l’action que nous menons pour essayer d’éclairer la situation politique, culturelle et spirituelle actuelle se révèle être de plus en plus essentielle.

 

VIII. 1987

L’année 1987 a vu l’extension du rayonnement de notre activité au-delà de nos frontières ainsi qu’une importante diversification de notre action. Une importante conférence à été prononcée par notre secrétaire lors du premier Congrès Européen des Protestants pour le Respect de la Vie à Paris. Le thème abordé par lui fut celui de La Guerre contre la Famille11. Par ailleurs cette année a vu la naissance d’un certains nombre de nouvelles organisations qui ont plus ou moins essaimé de nos diverses activités : le Groupe de Réflexion Biblique, l’Association Création, Bible et Science12 et la revue Résister et Construire13.

IX. 1988

Deux faits ont particulièrement marqué l’activité de notre association en 1988 : une forte réaction face aux méthodes perverses utilisées par le Département de l’Instruction Publique pour lutter dans les écoles contre le développement du SIDA14 ainsi que la plainte pénale que nous avons déposée contre les diffuseurs du film La dernière tentation du Christ. L’une et l’autre de ces actions nous ont conduits à reconnaître avec une inquiétude certaine que notre pays n’était plus véritablement gouverné et que nos magistrats paraissaient ne plus considérer comme être de leur devoir de veiller à l’application des lois en vigueur. À un état de droit positiviste coupé de toute relation quelconque à une Loi transcendante, qui depuis plus d’un siècle était devenu la norme juridique, succède aujourd’hui une situation nouvelle, celle d’un arbitraire juridique qui laisse présager l'apparition prochaine d'une période d’anarchie sociale. L’on peut s'attendre dans notre pays à ne plus voir les lois protéger les citoyens de manière impartiale. Pour ce qui en est de la plupart de nos politiciens, ils semblent s’être mis au pas de l’ancien adage, principe de toute démocratie démagogique : Je suis votre chef, donc je vous suis !

X. 1989

Cette année a vu la publication d’une importante étude, La pédagogie ruine de l’enseignement ?15, consacrée à l’analyse des rapports entre la désintégration de la théologie protestante en Suisse romande, croulant sous l’impact des effets corrosifs de la critique rationaliste de la Bible, et la substitution au salut par la seule grâce de Dieu d’un salut pédagogique, salut accompli par la psychologie appliquée aux méthodes d’enseignement. Nous avons également adressé une supplique politique au Conseil d’État sur le rétablissement de programmes scolaires dans nos écoles qui soient conformes au simple bon sens. Nous publions également maintenant une lettre occasionnelle sur les questions scolaires.

 

Quel bilan ?

Nous sommes reconnaissants à Dieu que, depuis dix ans, le témoignage public de la foi chrétienne sur des questions concernant la vie publique ait pu tant soit peu être rétabli dans notre pays de Vaud. Certes, notre travail est fort modeste et nos moyens trop limités, nos manquements et nos insuffisances trop importants. Mais nous sommes cependant très reconnaissants à Dieu de ce que, dans sa miséricorde et sa providence, il ait bien voulu nous employer pour rappeler au peuple de ce pays et à ses autorités établies par lui pour gouverner notre patrie, que tous nous devrons rendre un jour compte au Créateur, au Seigneur et au Législateur suprême des nations de la terre de la manière dont nous avons assumé la vocation dont Il nous a investis.

Nous devons constater que les temps que nous sommes appelés à vivre deviennent décidément plus difficiles.

— Il y a dix ans, notre combat s’était engagé contre l’action perverse de Pro Familia dans les écoles publiques. Très récemment nous avions à nouveau à faire face aux mêmes adversaires, mais maintenant à l’intérieur d’une école catholique, de l’Institut Mont-Olivet.

— Nous étions au cours des années parvenus, certes avec difficulté, à entamer une certaine discussion avec les autorités scolaires. Aujourd’hui, le Département de l’Instruction Publique et le Conseil d’État lui-même refusent même de répondre à nos suppliques.

— Il y a dix ans, nos autorités se sentaient désarmées devant le mal croissant. Nous étions alors parvenus à susciter de l'intérêt chez certains de nos édiles pour nos initiative. Aujourd’hui les pouvoirs publics combattent le mal en l’encourageant !

— Il y a dix ans, on débattait du service civil et de l’objection de conscience. Aujourd’hui on réclame l’abolition de la défense nationale elle-même.

— Il y a dix ans, le communisme se dressait comme un monstre effrayant que la plupart ne voulaient même plus voir. Aujourd’hui presque tous sont séduits par son nouveau visage angélique.

— Il y a dix ans, nous luttions contre des erreurs pédagogiques et des déviations morales dans les écoles. Aujourd’hui c’est l’occultisme qui y fait son entrée à la barbe de nos autorités.

— Il y a dix ans, les Églises étaient rongées par le libéralisme et le relativisme moral. Aujourd’hui c’est le paganisme lui-même qui s’installe effrontément en leur sein.

Certes notre action devient pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, plus difficile, le combat plus rude. Mais combien n’est-il pas, par ce fait même, devenu plus nécessaire, plus indispensable encore ! Avec le Psalmiste nous pouvons légitimement nous demander : Comment donc agir lorsque les fondements sont ébranlés ? Prêtons donc, pour conclure, attention aux exhortations de la Parole de Dieu :

 

Jusques à quand jugerez-vous avec injustice,

Et aurez-vous égard à la personne du Méchant ?

Faites droit au faible et à l’orphelin,

Rendez justice au faible et à l’orphelin,

Rendez justice au malheureux et à l’indigent,

Libérez le faible et le pauvre,

Arrachez-le de la main des méchants.

Ils n’ont ni connaissance ni intelligence,

Ils marchent dans les ténèbres ;

Tous les fondements de la terre chancellent.

Psaume 82 : 2-5

 

L’Éternel est dans son saint temple,

l’Éternel a son trône dans les cieux ;

Ses yeux regardent,

Ses paupières sondent les êtres humains

L’Éternel sonde le juste et le méchant ;

Il déteste celui qui aime la violence.

Il fait pleuvoir sur les méchants

Des charbons, du feu et du soufre,

Un vent brûlant, c’est la coupe qu’ils ont en partage.

Car l’Éternel est juste, il aime les actes justes;

L’homme droit contemple sa face.

Psaume 11 : 4-7

 

Lève-toi ô Dieu, juge de la terre !

Car tu as un héritage dans toutes les nations.

Psaume 82 : 8

 

 

Complément, automne 1997

Pendant les huit dernières années, 1989-1997 le travail de l'Association Vaudoise de Parents Chrétiens s'est maintenu, même si c'est avec un rythme moins intense. Les problèmes auxquels nous avons dû faire face demeurent. Ils se sont souvent même aggravés.

Notre travail s'est poursuivi selon deux axes : l'action politique ponctuelle et la diffusion de textes, en particulier de dossiers de presse rassemblant des articles de journaux de provenances diverses sur la famille et l'école.

 

A. 1990

En 1990 nous avons effectué de nouveaux tirages d'un nombre important des brochures de l'association, ceci en vue d'une diffusion plus large. Une nouvelle plaquette a été éditée sur le thème Proverbes et Éducation. Nous sommes également intervenus auprès du Grand Conseil dans le but de faire réfléchir nos députés sur l'importance du rôle de la réforme des programmes dans la transformation graduelle de l'école en une utopie idéologique.

 

B. 1991

Cette nouvelle année a vu la publication d'une importante étude sur le thème La famille et la Bible16, ainsi qu'une brochure, L'école et la famille, décrivant le combat que nous menons contre la désintégration de ces deux institutions sans lesquelles aucune société ne saurait survivre17.

 

C. 1992

En 1992 nous nous sommes fortement engagés dans la campagne menée sur le plan fédéral contre la modification des articles du Code pénal suisse relatifs aux délits et crimes sexuels. Nous avons dû constater, qu'à l'encontre de ce qui s'était passé lors de la première tentative avortée de relativisation du Code pénal sur ces questions en 1981, les forces moralement permissives sont aisément parvenues à faire tomber un certain nombre d'articles du Code pénal qui jusqu'alors avaient mis un frein aux pulsions perverses de certains éléments dangereux de notre population18. Cette oeuvre subversive s'est accomplie avec l'appui de politiciens radicaux et libéraux, (qui prétendaient jadis défendre des valeurs chrétiennes dans la cité), tels les conseillers nationaux et anciens conseillers d'État, Philippe Pidoux et Jean-François Leuba.

Par ailleurs, 1992 a vu l'inauguration de la collection Messages aux Éditions l'Age d'Homme, collection qui nous permet de donner une beaucoup plus large diffusion à la vision chrétienne de la famille et de l'école que nous défendons depuis tant d'années.

 

D. 1993-1995

1993 a été marquée par la reprise de la Librairie La Proue qui détient une collection importante d'ouvrages sur la famille et sur l'école. Cet endroit est aussi devenu le lieu d'attache de l'Association Vaudoise de Parents Chrétiens. L'association y a organisé un certain nombre de conférences. Pendant ces trois années, en raison d'une surcharge de travail des membres du comité et de la difficulté à trouver une relève plus jeune, les activités de l'association se sont ralenties, se limitant en grande partie à la diffusion de dossiers de presse très appréciés. Par contre le travail de la librairie et l'édition de livres se sont fortement développés.

 

E. 1996

L'année 1996 fut avant tout marquée par notre participation active à la récolte des signatures pour le référendum contre la nouvelle loi scolaire, EVM 96 (École Vaudoise en Mutation) ainsi qu'à la campagne du référendum elle-même. Dans ce dernier cadre une conférence importante fut donnée à La Proue sur un des précurseurs des réformes scolaires actuelles, Jean Amos Comenius19.

 

F. 1997

Cette dernière année a vu la rédaction et l'envoi de notre réponse à la consultation du Département Fédéral de Justice et Police sur l'Avant-projet du Conseil National proposant de légaliser l'avortement jusqu'à la quatorzième semaine après les dernières règles. Par différents moyens nous nous sommes également opposés à l'introduction des méthodes de manipulation psychologique dans les écoles du canton, conséquence inévitable de la transformation du but même de l'école inaugurée par la nouvelle loi scolaire. On ne fait d'ailleurs, dans le canton de Vaud, que suivre un courant pédagogique international qui cherche à substituer la formation du caractère des enfants à l'enseignement traditionnel qui leur était jadis donné. Dans la même ligne d'une défense de l'intégrité psychique et physique des jeunes, nous avons fortement appuyé l'initiative fédérale, Jeunesse sans drogue.

Conclusion

Nous pouvons aujourd'hui constater que toutes ces années de travail, travail souvent accompli dans ce qui paraissait être un véritable désert, commencent à porter leurs fruits. Certaines de nos interventions rencontrent à présent un appui dans les milieux les plus divers : enseignants, parents d'élèves, médecins, psychologues etc. Il faut apparemment que la situation se dégrade très fortement pour que les cadres de la société commencent à comprendre qu'une réaction en faveur d'un retour à des normes plus saines est essentielle si l'on veut arrêter la course effrénée de notre société sur le chemin de son autodestruction. Nous constatons également l'apparition d'une certaine relève au sein de notre association. Ce sont des signes prometteurs pour l'avenir de notre combat. Selon les promesses contenues dans l'Alliance que Dieu établit avec son peuple, et en réponse à notre volonté de fidélité et de persévérance, nous plaçons notre espérance dans la bénédiction de Dieu en vue de l'avancement de Son règne et l'accroissement de sa gloire !

Lausanne,

septembre 1997

_____________________________

1 Cette organisation n'est pas à confondre avec l'oeuvre en faveur de la famille, Pro Familia Suisse ayant une branche vaudoise.

2 Voyez Annexe III.

3 Voyez Annexe II.

4 Voyez Annexe IV.

5 Voyez Annexe V.

6 Voyez Annexe IX.

7 Disponible auprès de l'A.V.P.C., Case postale 34, CH-1001 Lausanne.

8 Voyez Deuxième Partie, Chapitre II.

9 Voyez Deuxième Partie, Chapitre VI.

10 Voyez les Aphorismes chrétiens sur la Loi, les Moeurs. la Morale et le Droit dans Jean-Marc Berthoud, Apologie pour la Loi de Dieu, L'Age d'Homme, Lausanne, 1996, p. 88-95.

11 Voyez Première Partie, Chapitre II.

12 Association Création, Bible et Science, Case postale 4, CH-1001 Lausanne. Cette Association publie divers travaux dont les brochures des Positions Créationnistes traitant de questions relatives aux rapports entre la foi chrétienne, la philosophie et les diverses disciplines scientifiques.

13 Résister et Construire, Case postale 468, CH-1001 Lausanne, est une revue d'apologétique chrétienne.

14 Voyez Annexe VII.

15 Voyez Deuxième Partie, Chapitre III.

16 Chapitre I de la Première Partie.

17 Chapitre IV de la Deuxième Partie.

18 Annexe VI.

19 Deuxième Partie, Chapitre VII.