L'école vaudoise et le SIDA

La lutte contre le sida dans les écoles : une incitation à la débauche ?

Jean-Marc BERTHOUD

 

Nous voulons examiner la manière dont nos autorités s'y sont pris pour avertir la population, et en particulier, les jeunes dans nos écoles, des graves dangers que représente le SIDA. Vous vous souviendrez sans doute de la publicité épandue sur les murs de toutes nos villes, préconisant comme seule protection contre le mal, la capote. Comme si, pour citer une lettre du Conseiller d'État Jean-François Leuba adressée à une journaliste du quotidien La Suisse, on avait oublié qu'outre l'abstention sexuelle et le préservatif, il existait un troisième moyen d'éviter cette maladie : la fidélité conjugale ou la fidélité à un partenaire qui vous est aussi fidèle. Voilà évidemment la plus sûre garantie contre toutes les maladies sexuellement transmissibles. Malgré les interdits médiatiques à ce sujet, il est un fait indiscutable que ce sont les pratiques homosexuelles qui sont la cause principale de la diffusion de la maladie et qu'ensuite, ce que le Conseiller d'État Philippe Pidoux appelle fort justement "le nomadisme sexuel", a pris la relève de la transmission du SIDA dans la population. Un médecin français disait de manière assez piquante : "Pour attraper cette maladie, il faut véritablement le vouloir !" La chasteté et la fidélité sont une protection quasi infaillible. Après une forte pression de la part de divers milieux, l'Office Fédéral de la Santé Publique a daigné le reconnaître en modifiant une partie de ses affiches.

Mais nos autorités ne l'entendent pas de cette oreille. Par trois fois en 1987 le Département de l'Instruction Publique de notre canton s'est engagé dans des actions de "pédagogie scolaire" par rapport au SIDA, qui ne sont qu'une croissante incitation à la débauche pour ces jeunes que nous confions aux autorités publiques scolaires.

 

1) Dans la revue AS Dialogue de mars l987, revue qui se dit Le journal des apprentis et de tous les jeunes en formation de Suisse romande (et qui est diffusée par le DIPC aux enseignants secondaires à titre d'information), sous prétexte d'avertir les jeunes sur les dangers du SIDA, on en vient à justifier le dévergondage pratiqué par certains d'entre eux et qui est la cause essentielle de la diffusion de la maladie.

La pensée des rédacteurs de ce morceau de bravoure (et sans doute les responsables du Département partagent-ils ce point de vue), ne parvient pas à s'élever au-delà du préservatif dont la vision semble leur boucher l'horizon. Il faut, paraît-il, se limiter aux solutions purement techniques puisque nos enfants, selon la vision matérialiste que leur inculque la religion de l'évolution qui leur est systématiquement enseignée, ne sont plus des êtres moraux, ayant même sans doute regressé en-deçà de ce stade primitif. Ainsi soigne-t-on le mal en aggravant ses causes. Le 14 avril l987, nous écrivions une lettre de protestation à Pierre Cevey, Chef du Département de l'Instruction Publique et des Cultes qui nous répondit le 1er mai en passant à côté des préoccupations que nous lui présentions.

 

2) Une exposition publique sur le SIDA et les jeunes s'est tenue pendant tout le mois de mars 1987 à l'École professionnelle des Arts et Métiers à Lausanne. Cette exposition était destinée à être montrée dans tous les gymnases et écoles professionnelles du canton de Vaud. Elle était patronnée par le Département de l'Instruction Publique et des Cultes. Un pas important a été ici franchi dans l'abject par nos autorités scolaires. La cassette vidéo destinée à être montrée aux jeunes dépassait en obscénité tout ce que l'on pouvait imaginer. La principale attraction de cette nouvelle incitation de la jeunesse à la débauche par nos autorités était fournie par une série de guirlandes de capotes de toutes les formes et de toutes les couleurs. Il est vraiment surprenant de voir nos autorités se vautrer ainsi dans ce qu'il y a de plus dégradant et pousser notre jeunesse dans cette voie, comme si l'influence démoralisatrice de notre société n'était pas en elle-même suffisante ! Le 9 mai l987, nous adressions à Pierre Cevey une protestation véhémente. M. Cevey nous répondait le l9 mai dans ces termes :

 

Mon département envisage de montrer cette exposition aux élèves de l'enseignement secondaire supérieur (gymnases et écoles de commerce) ; un groupe de maîtres est en train d'en étudier l'adaptation, et il n'est pas question que la cassette vidéo à laquelle vous faites allusion, notamment, soit utilisée.

Et il ajoutait:

 

L'information des élèves des classes terminales de l'Enseignement obligatoire se fera selon d'autres modalités.

3) Ces autres modalités nous donnaient l'espoir que l'expression de nos craintes et de notre indignation aurait été entendue en haut lieu. La diffusion dans toutes les écoles secondaires du canton (à l'exception des collèges où les directeurs ont refusé de suivre la ligne officielle en la matière) du numéro Spécial SIDA pour les jeunes du PS Magazine édité par l'Office Fédéral de la Santé Publique, nous montre combien, dans notre naïveté, nous nous étions trompés. Il semble que nos autorités soient résolument décidées de traiter nos enfants – tous nos enfants – selon les principes de l'idéologie (pornographique ?) des cours d'éducation sexuelle. Dans cette perspective, on considère nos enfants comme étant totalement dépourvus de pudeur, de toute chasteté, de toute pureté, sans parler du bon sens élémentaire. On les traite plutôt comme s'ils sortaient tous tout droit d'une maison close. Nous avons réitéré nos protestations le 2 novembre auprès de M. Cevey qui ne nous a pas répondu.

Je ne veux pas ici me répandre en vaines récriminations contre nos autorités scolaires. Il suffit de rappeler que le Jugement Dernier n'est pas une fiction et que le Christ a promis des sanctions certaines pour ceux qui scandalisaient "un de ces petits" (Luc 17 : 2). Luther constatait que devant Dieu, il était plus dangereux d'être magistrat que criminel, les responsabilités étant d'une tout autre envergure pour les premiers. Par ailleurs, le phénomène de l'utilisation de la crainte du SIDA pour aggraver la démoralisation sexuelle de notre société n'est ni vaudois, ni même suisse, mais mondial. Comme conclusion, nous pourrions nous poser la question suivante : comment se fait-il que nos magistrats, à quelques exceptions près, ne sachent plus résister au mal dans l'exercice de leurs fonctions publiques ?

Nous trouvons la réponse à cette question dans la nature même du mal que nous considérons. La maladie du SIDA est provoquée par un rétrovirus (ou plus exactement par deux rétrovirus) qui ont un comportement très particulier. Ils s'attaquent tout d'abord aux lymphocytes, ces agents défensifs de l'organisme qui repoussent l'agresseur. Ils précisent alors leur agression, s'en prenant à une catégorie de lymphocytes dont la tâche est d'identifier les éléments nocifs de la vie microbienne pénétrant dans l'organisme. En fait, les rétrovirus s'attaquent aux globules blancs, véritables sentinelles du corps, qui doivent discerner l'ennemi et avertir leurs collègues dont la fonction est de combattre l'envahisseur. Ces sentinelles mises hors de combat, le corps est sans défense face à l'agression la plus minime. Les défenses du corps contre les organismes agressifs ne fonctionnent plus.

Il y a longtemps que notre système politique a rejeté la valeur normative de la Loi divine qui seule nous permet de discerner de manière sûre la différence entre le bien et le mal. Il en est de même, évidemment, pour l'école et pour l'université, qui en sont venues à tout tolérer à l'exception, bien sûr, des valeurs chrétiennes immuables. Le rétrovirus moral et spirituel de l'autonomie de l'intelligence et de la conscience face à la révélation divine a effectivement accompli son oeuvre. La sentinelle de la conscience humaine a été mise hors de combat. Comment alors nos autorités pourraient-elles même voir ce mal qui nous guette de toutes parts, prêt à nous détruire ? La situation de nos autorités est d'autant plus dramatique que l'Église, dont la tâche serait de constamment rappeler ces normes immuables de la Loi de Dieu, tant à notre peuple qu'à ceux qui nous gouvernent, est elle-même gravement atteinte par le même mal. Il n'y a guère d'espoir que nos autorités puissent se dégager de la spirale suicidaire dans laquelle elles précipitent nos nations, sans le réveil de cet organe essentiel dans la vie des peuples, la conscience du magistrat. Les Églises elles-mêmes ne semblent pas capables de percevoir la nature dramatique de l'aveuglement moral qui envahit de toutes parts nos sociétés et de cette incapacité d'agir pour le bien et de lutter contre le mal qui en est la conséquence la plus directe. Il nous reste à implorer la miséricorde de Dieu qui peut, dans Sa toute-puissance et par Sa grâce, ramener petits et grands, dans cette voie unique qui conduit au salut des âmes et des nations.

 

Le coeur du roi est un courant d'eau dans la main de l'Éternel;

Il peut l'incliner partout où Il veut.

Proverbes 21 : 1

 

Documents

Correspondance de l'Association Vaudoise de Parents Chrétiens avec le Département de l'Instruction Publique et des Cultes de l'État de Vaud et avec l'Office Fédéral de la Santé Publique.

Lettre du 14 avril l987 adressée par l'A.V.P.C. à Monsieur le Conseiller d'État Pierre Cevey.

Monsieur,

Le dossier intitulé "SIDA et MST", inséré parmi les communiqués officiels du DIPC dans Perspective 1/87 a retenu toute notre attention.

Nous partageons l'opinion qu'il est grand temps d'entreprendre une action d'information à tous les niveaux de la population – et donc aussi parmi les écoliers – pour endiguer la propagation de cette maladie. Mais nous sommes persuadés qu'il vaut mieux attaquer les causes des problèmes plutôt que de s'attacher uniquement à en limiter les conséquences. Et c'est principalement à ce propos que nous avons trouvé le contenu de l'article en question malheureusement tendancieux. En effet, la morale qui s'en dégage reflète servilement la philosophie hédoniste du Centre Médico-Social Pro Familia qui en est l'auteur. Nous aurions souhaité une information objective qui ne soit pas revêtue de fausse pudeur : appelons un chat un chat, et osons dire à notre jeunesse qu'il y a des comportements nuisibles à la santé, des complaisances avec soi-même destructrices de la personnalité, des attitudes sociales qui entraînent la ruine de la société qui les accepte. Il faut avoir le courage d'affirmer qu'il y a des libertés que l'on prend et qui finissent par détruire la Liberté qui nous a été donnée.

Mais avant d'exposer nos réticences, voire notre indignation, à propos de certains points de ce dossier, nous tenons à manifester notre satisfaction à propos des éléments suivants ; nous avons apprécié :

— 1) que les auteurs ne soient pas tombés dans le piège d'une dramatisation facile qui occulte les problèmes sérieux au profit du sensationnel ;

— 2) que les risques – et surtout les absences de risques – de transmission du virus soient clairement exposés (à une exception près, voir plus loin) ;

— 3) que les auteurs insistent pour que les malades et les personnes séropositives soient considérés avec dignité, et non pas comme de nouveaux pestiférés.

Nous tenons aussi à féliciter les auteurs d'en appeler à l'exercice de l'analyse critique et l'acquisition de connaissances sûres (p. 38), et nous allons les prendre au mot, et tenter une analyse critique de leurs propos dans la mesure de nos moyens.

Voici donc les points auxquels nous présentons les objections suivantes :

— 1) Que le Service d'Éducation Sexuelle du Centre médico-social "Pro Familia" (CMSPF) ait reçu le mandat de préparer ce dossier.

Pourquoi précisément cette organisation-là, alors qu'elle porte justement une grande part de la responsabilité dans les encouragements donnés aux jeunes à pratiquer une sexualité anarchique – pudiquement nommée "libération sexuelle" – par le biais de son monopole des cours d'éducation sexuelle dans les écoles vaudoises ? Comment en attendre une information objective ? N'est-ce pas plutôt la responsabilité et la compétence du Médecin Cantonal que d'informer maîtres et élèves des dangers d'une épidémie ?

— 2) Le choix des coupures de presse (p. 35).

Sur dix coupures de journaux, les trois premières parlent d'enfants menacés ou victimes (foetus, nouveau-nés, enfants) ; lorsqu'on connaît la philosophie du CMSPF en matière d'avortement, on ne peut s'empêcher d'imaginer quel type de "solution finale" on voudrait voir réserver, avant leur naissance, aux enfants de mères séropositives... Aucune des autres coupures sélectionnées ne mentionne les groupes dits "à risque", c'est-à-dire les homosexuels et les toxicomanes, qui ont été les premiers responsables de la propagation de la maladie dans les pays occidentaux. Par contre, le plus gros titre mentionne la proposition du parti Vigilance : "SIDA : interdit d'asile". Nous dénonçons ces choix démagogiques, qui illustrent fort bien les a priori des auteurs, et leurs aptitudes à la manipulation de la jeunesse.

— 3) L'utilisation (...) de préservatifs (...) offre une protection efficace. (p. 36, 37, 38).

 

En est-on si sûr ? Nous posons sereinement la question, car nous avions cru comprendre que l'utilisation de ces mêmes préservatifs ne garantissait pas une protection contraceptive sûre à l00%, et n'était pas recommandé comme moyen anticonceptionnel pour cette raison. Alors, si une fécondation peut parfois avoir lieu malgré l'usage du condom, la contamination d'une femme par un homme atteint du SIDA doit aussi être possible quelquefois, en dépit du préservatif... En ce cas, ce serait un mensonge de faire croire que la protection que donne la capote est efficace, et, considérant la gravité de la maladie en question, et le caractère officiel de la déclaration incriminée, ce mensonge public pourrait amener ses auteurs devant le juge.

— 4) Qui devrait prendre des précautions ? (p. 36) et mode de contamination des MST (p. 37).

C'est très bien d'avertir spécialement les groupes "à risque", mais de nouveau on occulte le fait que les homosexuels sont un des principaux groupes "à risque" dans les pays occidentaux. On parle simplement de vie sexuelle très mobile avec des partenaires multiples (p. 36), comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Quel est le but de cette étrange pudeur verbale ? En face de la recommandation de la page 38 : pour une information qui ne porte pas de jugement sur les pratiques sexuelles, on reste songeur. N'y a-t-il pas là une volonté déguisée de faire accepter l'homosexualité comme normale, et ceci aux enfants de nos écoles ?

— 5) Pourquoi ne pas parler des origines de la maladie (p. 38) ?

Mais parce qu'alors il faudrait bien avouer qu'en Occident le virus s'est d'abord répandu dans les communautés homosexuelles des grandes villes des USA et que, prostitution masculine et promiscuité intercontinentale aidant, il a passé aux homosexuels européens et d'ailleurs ; puis, par l'intermédiaire des "bisexuels", il s'est répandu dans la population générale. De plus, il faudrait aussi avouer que la propagation du virus – sauf chez ceux qui ont été infectés par contamination sanguine directe (drogués, hémophiles, personnel hospitalier, etc.) – est uniquement due à ce qu'on appelle la "liberté sexuelle", bel euphémisme pour décrire ce que l'on nommait adultère, fornication et promiscuité en des temps où l'on faisait preuve de moins de pruderie verbale. Ne réalise-t-on pas que ce n'était peut-être pas pour rien que ce mode de vie avait toujours été considéré comme mauvais ? Nos ancêtres avaient probablement déjà fait des expériences cuisantes... Nous osons donc demander que l'on se risque à suggérer à nos écoliers que s'abstenir de ce mode de vie constitue la meilleure prévention contre l'épidémie. Plutôt que d'offrir des préservatifs gratuits et des slogans démagogiques (comme par exemple lors de l'exposition sur le SIDA à l'EPSIC en mars 87 : (…) "entre l'abstinence et le SIDA, le préservatif, c'est plus "sympa"), il serait plus constructif de montrer que le meilleur garant d'une sexualité épanouie et responsable est un amour conjugal sincère et fidèle, "dans les bons comme dans les mauvais jours".

— 6) Tout ceci nous amène à une dernière question, plus fondamentale encore.

Cet article sur le SIDA se veut non moralisant, mais c'est une hypocrisie : dans ce domaine, la neutralité morale n'existe tout simplement pas. En effet, tout en suggérant qu'il ne faut pas faire de morale, pas juger, l'article propose une morale de la vie et de la sexualité fondée sur l'hédonisme et sur une hygiène purement physique. On y affirme d'un bout à l'autre qu'il y a de "bons" comportements (utiliser sa propre aiguille, mettre un condom, abstinence sexuelle pendant le traitement aux antibiotiques, etc.) que l'on oppose à de "mauvais" comportements. Mais cela, c'est une forme de morale ! Et c'est un manque d'honnêteté de faire passer pour une information neutre et objective ce qui est de fait une nouvelle éthique, qui en plus est chargée de contradictions avec les traditions éthiques judéo-chrétiennes de notre société, de nos lois et de nos institutions. De quel droit ceux qui refusent la morale traditionnelle se réclament-ils pour imposer leur morale à nos enfants ? De quel droit abusent-ils de nos institutions pour ravir l'héritage judéo-chrétien de l'Occident à la génération montante ? Nous considérons que la morale sous-jacente au texte en question, et ceci malgré la bonne volonté de ses auteurs – nous ne voulons pas en douter – fait partie d'une vaste agression contre notre culture et notre futur, et, malgré la modestie de nos moyens, nous voulons y résister.

Nous désirons vous exprimer nos remerciements pour toute l'attention que vous aurez accordée à ces lignes et pour l'intérêt que vous portez à notre jeunesse. C'est animé de ce même intérêt, et dans un esprit de coopération constructive, que nous vous faisons part de nos préoccupations. Dans ce même esprit, nous nous permettons de vous demander qu'une action informative et formatrice, objective et franchement enracinée dans nos traditions judéo-chrétiennes, soit entreprise auprès des éducateurs et des élèves.

Conscients des difficultés que vous rencontrerez, mais confiants dans votre courage et votre capacité à les surmonter, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Conseiller d'État, nos salutations les plus respectueuses.

Dr Jules Rippstein

Président

 

Lettre du 9 mai 1987, adressée par l'Association Vaudoise de Parents Chrétiens à Monsieur le Conseiller d'État Pierre Cevey.

Monsieur le Conseiller d'État,

Les parents des jeunes apprentis fréquentant l'EPSIC à Lausanne ne semblent guère avoir émis d'objections à la dernière nouveauté proposée par l'instruction de l'État : l'encouragement à jouir d'une fornication "prudente" en utilisant la capote anglaise, "seule garantie sûre contre le SIDA".

Ces recommandations furent exprimées à l'occasion d'une exposition sur le SIDA qui s'est tenue tout le mois de mars à l'École Professionnelle des Arts Graphiques à la Route de Genève. Elle devrait parcourir la plupart des écoles publiques de notre canton avec la bénédiction de nos autorités. Ainsi se révèle le degré de faillite, tant du peuple vaudois que de son gouvernement, faillite due avant tout à une confiance illimitée accordée à un "humanisme" sevré du Dieu absolu et de son ordre moral immuable.

Le SIDA est la première épidémie que notre gouvernement semble absolument ne pas vouloir combattre. Une visite rapide à notre exposition prophylactique nous permettra d'en comprendre les raisons.

Notre attention est immédiatement attirée par de joyeux dessins de capotes dans diverses postures ainsi qu'une multitude de véritables préservatifs de toutes sortes et de toutes les couleurs. Certains gonflés comme des ballons ; d'autres servant, de manière bien appropriée (il s'agit d'une école), comme étuis à crayons ; un autre avait tout simplement avalé une balle de tennis. On ne lui en demandait sans doute pas tant ! Une ceinture couronnait le tout, entourée de capotes cartouches prêtes à être chargées pour les premiers coups de cette nouvelle guerre. Des centaines d'élèves ont eu le privilège de visionner une vidéocassette montrant une rencontre sexuelle de la plus basse espèce. Il s'agit d'une histoire d'adultère et d'actions sexuelles dépeintes avec toutes les couleurs aguichantes de cette poésie érotique si factice, souvent appréciée par une certaine jeunesse prête à s'imaginer être prise dans ces mélodrames mouvementés. Un gars rencontre une fille dans un bar. Au moment culminant d'un acte de copulation orale (je crois que l'on appelle ce genre de spécialité gastronomique, la fellation) accompli sur un escalier extérieur, apparaît soudain la figure des médecins gendarmes leur ordonnant d'arrêter leurs jeux, car ils n'ont pas pris les précautions préservatives si indispensables à de telles actions appétissantes. Voici ce que nos autorités politiques projettent de montrer aux enfants de toutes nos écoles publiques.

Les fabricants de capotes étaient des plus explicites dans leurs instructions : Repousser soigneusement le prépuce à l'aide de l'autre main et dérouler le préservatif sur toute la longueur de la verge en érection. Apparemment, selon la doctrine officielle du Département de l'Instruction publique, tous les vigoureux mâles de l'école professionnelle – et de toutes les écoles publiques du canton – souffrent d'un besoin irrépressible d'éjaculation dont le fruit serait, ou ne serait pas, pollué. Le gouvernement vaudois pense sans doute que ce mal doit être arrêté à son point culminant et non pas à son point de départ qui pourrait peut-être se trouver dans le coeur de ces jeunes gens.

On expliquait à ces jeunes qu'une promiscuité "intelligente" (guère d'autre alternative "intelligente" étant prévue) comportait trois possibilités distinctes qui, elles, à leur tour, reposaient sur une condition unique. Les possibilités seraient : avoir des rapports sexuels "avec un partenaire que vous connaissez mal", "avec une fille prenant la pilule", "avec n'importe qui si vous changez de partenaire". Toutes ces pratiques sont également recommandables à condition que l'on utilise le fétiche infaillible, la technique salutaire : la capote ! Les préservatifs élastiques constituent "pour le moment la seule mesure préventive digne d'être recommandée".

Et pour les jeunes qui lisent la suite des instructions, on tente de répondre à leurs besoins les plus essentiels : "La capote, en raison de son extrême minceur, n'affecte en rien les sensations." Cet "accessoire élégant" protège "la liberté sexuelle", alors "pourquoi ne pas" l'employer ? En effet, pourquoi pas ! L'État semble particulièrement préoccupé de ce que rien au monde ne puisse diminuer en quoi que ce soit les jouissances que les élèves de nos écoles se procurent dans leur temps de liberté. Comme une courtisane auprès de son client !

L'incitation à la fornication par la propagande de l'État associée impudemment à la publicité commerciale dans le but de favoriser chez nos jeunes la permissivité sexuelle totale (sodomie, plaies anales, etc.), sans parler de misères anatomiques encore plus monstrueuses sur lesquelles nous ne saurions lever le voile, voici la tâche du Département de l'Instruction Publique et des Cultes ! Il semble ici que nous ayons à faire à une équation morale d'un type nouveau et des plus officielles : d'un côté, nous trouvons la fiction moderne mensongère de la recherche du sens dans les expériences les plus dégradantes (souvenez-vous de la colère de Dieu contre Sodome et Gomorrhe et les ruines qui s'ensuivirent) ; de l'autre, nous trouvons l'amour de deux fous qui, dans l'ardeur de leur humble espérance, et avec l'aide de leur Créateur et sur son ordre, ont l'audace de s'engager mutuellement à s'aimer, à se respecter, à se protéger et à obéir jusqu'à la mort de l'un d'entre eux.

On nous dit que le "Safer sex"... est actuellement la seule réponse valable au SIDA. Selon cette doctrine autorisée par l'État, l'homme serait constitué uniquement de chair, d'os et de crache. Les citoyens de notre pays sont des "ids" saisis de rage, des animaux pris d'un rut permanent. Évidemment on ne peut guère parler à un tel bétail, de réalités humaines comme l'honneur, la chasteté, la vertu, la fidélité, l'abstinence et la discipline. Pour du bétail, tout ce qu'il faut, ce sont des barrières. En quittant l'exposition SIDA, chaque élève recevait, sous le patronage de l'État, le don inestimable... d'une capote publicitaire fournie par ses fabriquants.

Toute législation repose nécessairement sur des présuppositions religieuses : Qu'est-ce qui est juste ? Qu'est-ce qui est injuste ? Comment doit-on punir le malfaiteur ? Chez nous, l'État oblige tout propriétaire à obtenir une autorisation administrative s'il souhaite repeindre ses volets. Mais cet État ne saurait en aucun cas distinguer ce qui est bien de ce qui est mal. Un tel contraste entre des exigences techniques ridicules et une impuissance morale radicale ne sont que l'expression bien visible de la contradiction inhérente à tout État se voulant athée ou sécularisé, comme on le dit aujourd'hui, séparé de toutes normes transcendantes.

Voici comment se formule cette contradiction :

Moins l'État comprend qu'il existe une source à la loi, source infaillible et qui le dépasse, plus futiles seront les lois qu'il édictera, et moins il sera capable d'encourager ceux qui font le bien et de décourager ceux qui s'acharnent chaque jour au mal. Les présomptions d'un État qui en est venu à se prendre pour la divinité elle-même (sa propre source du droit) sont autant à l'origine de son idolâtrie aveugle du règlement que de la manière scandaleuse dont il méprise le sentiment du devoir chez le citoyen.

Ayant écarté la pertinence de Dieu pour la société et s'étant fermé à toute possibilité de rappeler, à la population licencieuse et hédoniste sous sa charge, une Loi divine se trouvant au-dessus d'une société composée de ces créatures misérables que nous sommes tous, notre gouvernement ne peut en effet outrepasser cette donnée absolue que Monsieur Tout le Monde, en tant qu'individu sacro-saint, est son propre dieu, qui, en tant que dieu, dispose d'une liberté absolue.

Une loi dite "sociologique" peut nous donner ce qu'on prétend être l'opinion de la "majorité" des citoyens. Mais cela ne ressemble que bien rarement à la Justice. Qu'il s'agisse de nos démocraties totalitaires ou de régimes dictatoriaux, l'élaboration de telles lois "sociologiques" ne peut que détruire tout respect de la Loi divine dans la population et, par ce moyen, des lois humaines elles-mêmes. Des lois révélées à Moïse, il fut dit jadis :

 

Vous les observerez et vous les mettrez en pratique ; car ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, qui entendront parler de toutes ces prescriptions et qui diront :

"Cette grande nation ne peut être qu'un peuple sage et intelligent."

Deutéronome 4 : 4

La Loi d'Israël a été un modèle pour bien des nations et, parmi elles jadis, la nôtre.

Le gouvernement de notre pays ne peut pas dire à une fille de seize ans qui débute dans la carrière de la débauche : "Arrête donc de faire le bordel !", parce qu'il n'admet pas d'enseignement exigeant des fondements moraux et spirituels. Ces fondements moraux et spirituels, l'État les a reniés afin de mieux asseoir sa propre puissance. En conséquence, il ne peut que reconnaître des bases matérielles et physiologiques à son action, ce qui explique aussi la nature de la campagne contre le SIDA qu'il a mise sur pied. Dans une telle perspective matérialiste, il est évidemment tout à fait ridicule d'émettre la moindre directive morale. Car on a déjà répudié l'humanité même de l'homme, image de Dieu, rappelons-le, et non image d'une quelconque limace sortie de la soupe primitive. L'État ne peut se référer à la morale, ayant renié la source même de cette morale. La médiocrité d'un État sans Dieu et la menace qu'un tel État constitue pour chacun de nous n'est devenue que trop évidente.

Veuillez agréer, Monsieur le Conseiller d'État, l'expression de nos sentiments les plus respectueux.

Jean-Marc Berthoud

Secrétaire

 

Lettre du 2 novembre 1987 adressée par l'A.V.P.C. à Monsieur le Conseiller d'État Pierre Cevey sur la distribution dans les écoles secondaires publiques du canton de Vaud du "PS Magazine", Spécial SIDA pour les jeunes, Automne 1987 édité par l'Office Fédéral de la Santé Publique.

Monsieur le Conseiller d'État,

Nous tenons à marquer notre déception qu'une brochure aussi lamentable ait été distribuée (ou doive l'être prochainement) aux élèves des écoles et gymnases.

Illustrer en quelques photos de mauvais goût une sortie de cinéma qui finit au lit (p. 11), alors même que les deux jeunes avouent mal se connaître, ne peut que sous-entendre, malgré le titre du roman-photo, qu'il est aussi banal de coucher ensemble que de se serrer la main. Décrire en détail toutes ces pratiques sexuelles (p. l4) sur un ton de prétendue neutralité qui, en réalité ne l'est aucunement, ne peut que faire croire que tout cela est normal et pratiqué par tout le monde. De plus, lorsque la brochure est éditée par l'Office Fédéral de la Santé Publique, et distribuée dans les écoles sur ordre du DIPC, le contenu reçoit en quelque sorte le sceau d'approbation de l'État. Ainsi, sous prétexte de lutter contre le SIDA, qui menace effectivement les jeunes qui adoptent les attitudes décrites dans la brochure, l'État cautionne ces comportements et invite de facto les jeunes à les adopter.

Dans votre réponse du 1.5.87 à notre analyse critique d'un article paru dans Perspectives (suppl. au no 1, l987), vous remarquiez qu'il était écrit pour adultes "capables de se situer à un texte donné" (sic !). Mais cette fois, la brochure incriminée n'est pas que pour des adultes... et le message n'a pourtant pas changé.

Nous sommes donc persuadés que cette brochure peut porter atteinte à la santé physique et morale des élèves et au respect qu'ils méritent, et va à l'encontre du but qu'elle prétend se fixer, savoir lutter contre le SIDA, car le SIDA n'est pas seulement un problème médical, mais un problème de choix de comportement. Utiliser la démagogie pour être écouté, comme le fait si bien cette brochure, équivaut à se moquer du public auquel on s'adresse, et nous ne pouvons pas accepter que l'on prenne nos enfants pour des imbéciles qui ne pensent qu'à copuler !

Nous estimons qu'il vaudrait mieux que le DIPC renvoie ces brochures à l'expéditeur, et exige de la part des services compétents (et moralement équilibrés !) une information honnête et vraiment scientifique. Si l'Office Fédéral de la Santé Publique n'a plus assez de bon sens pour cela, pourquoi ne pas demander au Médecin Cantonal d'écrire lui-même un article d'information à destination des élèves de notre canton ?

Dans l'espoir de voir la distribution de ce No. de PS Magazine interrompue, et qu'une information franche, mais aussi franchement empreinte d'une morale saine, soit fournie aux élèves (l'État ne doit-il pas veiller au respect des bonnes moeurs ?), nous vous présentons, Monsieur le Conseiller d'État, nos salutations distinguées et respectueuses.

Dr Jules Rippstein

Président

Copie : A l'Office Fédéral de la Santé Publique, pour manifester notre désapprobation.

 

Lettre de l'A.V.P.C. adressée à M. le Docteur Beat Roos, Directeur de l'Office Fédéral de la Santé Publique à Berne, sur la publication P.S. Magazine : Spécial SIDA jeunes.

Monsieur le Docteur,

Nous joignons copie de la lettre que nous adressons à Monsieur le Conseiller d'État Pierre Cevey pour exprimer notre indignation à l'égard du contenu et de la forme du numéro du PS Magazine consacré au problème du SIDA édité par vos soins. Chercherait-on vraiment à exploiter les craintes que suscite cette effroyable maladie uniquement pour accélérer la démoralisation sexuelle de notre peuple qui est la cause principale de sa diffusion ? C'est certainement une bien curieuse manière d'utiliser les impôts que nous payons.

Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Docteur, l'expression de nos sentiments distingués.

Dr Jules Rippstein

Président