L'OBSESSION PLURALISTE

Controverse au sujet du pluralisme doctrinal
dans l'Eglise Réformée de France
 
Daniel BERGESE 

PREMIERE PARTIE

 LES RACINES HISTORIQUES

4°/ LE REJET DE L'UNITE DOCTRINALE

 

A - L'UNION DE 1938 

Avec l'union de 1938, nous touchons au coeur même de la problématique pluraliste telle qu'elle se présente aujourd'hui dans l'Eglise Réformée de France. En effet, abandonnant l'idée, qui était celle de la majorité au Synode de 1872, de définir l'identité de l'Église sur des bases doctrinales, l'union de 38 va tenter de rendre compte seulement d'une unité d'orientation qui soit acceptable pour la totalité des partis en présence. Disons tout de suite qu'elle n'y parvint pas pleinement puisqu'un petit nombre de pasteurs, et cette fois-ci du côté évangélique, refusèrent les statuts de cette nouvelle entente et fondèrent l'Union des Eglises Réformées Evangéliques Indépendantes.

Contrairement à ce qui s'était passé en 1872, l'aile libérale accepta cette fois-ci qu'une déclaration de foi soit mise à la base de la réunification des Eglises. Cependant une clause préalable, un préambule, précise quelle sera la nature de son autorité auprès des pasteurs qui s'engageront dans la nouvelle Eglise Réformée de France. Une phrase est ici déterminante : "sans vous attacher à la lettre de ses formules, vous proclamerez le message de salut qu'elles expriment."

Cette phrase exprime-t-elle une intention quant au mode d'adhésion à la confession seulement, ou affecte-t-elle également le contenu du Credo? Située après une proposition qui marque assurément le mode d'adhésion (joyeusement, librement, personnellement), on serait tenté d'y voir un avertissement contre le littéralisme formel, contre un attachement superficiel à des formules non appropriées par la foi personnelle, c'est-à-dire contre une orthodoxie morte. Ainsi entendu le protestant "évangélique" saurait approuver ce texte. Pourtant il est clair que dans la pensée d'un "libéral" ou d'un "fidéiste" cette phrase est là justement pour le délivrer du carcan autoritaire de la confession de foi, le message étant pour lui au-delà du texte; nul ne devant dire a priori jusqu'où, et vers où, peut aller ce "détachement" des formules.

L'ambiguïté du préambule, son langage ouvert à deux interprétations possibles, préfigure une des méthodes de travail au sein de la nouvelle institution. L'ambivalence d'un document constituera souvent une ressource précieuse pour l'unité juridique de l'ERF. Par le jeu de la démocratie synodale ce seront en effet les textes les plus "adaptables" qui recueilleront la plus large approbation. Dans ce cas précis on peut penser qu'un certain nombre de voix "évangéliques" sont venues se joindre au chorus des votes en faveur de l'unité sans que leur énonciateur n'ait vraiment pu réaliser la double portée de ce texte. Cette opinion est partagée par le pasteur Bruston qui déclarait à l'époque : "on ne peut comprendre que des pasteurs évangé1iques aient pu accepter cette formule d'adhésion qu'en pensant qu'ils ont cru qu'elle ne porterait que sur le mode d'adhésion."(1)

Avant d'en venir à ce préambule et à cette phrase clef d'autres principes d'union avaient été proposés. La Commission Permanente des E.R.E se prononça pour un principe de liberté d'interprétation théologique sur la base des grands faits chrétiens. Le Comité Général des Eglises Réformées était prêt à reconnaître pour la nouvelle union d'Eglises un "non conformisme doctrinal limité". Dans un cas comme dans l'autre pourtant, on achoppait sur la question des limites tolérables. Le texte de la Commission Permanente demandait implicitement que l'on se prononce au moins sur la liste des "grands faits chrétiens", si ce n'est plus encore sur leur nature. Quant au "non conformisme limité", il sous-entend trop clairement qu'un jour ou l'autre l'Eglise devra se prononcer sur ces fameuses limites. Au contraire, le préambule à la déclaration de foi, sous des allures assez sympathiques pour l'orthodoxie - il y est en effet question de donner publiquement son adhésion à la déclaration de foi, il y est question également des "principes permanents de la Réforme", "des faits et vérités sur lesquels est fondée 1'Eglise de Dieu", de "prédication fidèle de l'Evangile de Jésus-Christ selon le témoignage apostolique et conformément à la tradition de foi et de vie chrétienne que nous avons reçue de nos pères" - contient en fait par le seul jeu de cette petite phrase centrale la possibilité d'une libre interprétation de la totalité de ses affirmations. Une distance est donc volontairement introduite entre cette expression publique de la foi et ce que les pasteurs pourront en fait croire et enseigner dans le cadre de leur ministère.

Autrement dit l'Eglise devient pluraliste. Certes le mot n'est pas prononcé, et peu nombreux sont sans doute les pasteurs qui ont vraiment conscience à ce moment-là de l'aventure vraiment nouvelle dans laquelle tous se sont engagés, mais le terrain est prêt : le pluralisme peut s'établir durablement.

Avec le recul du temps il est aisé de faire cette constatation : l'union de 38 est manifestement une victoire des courants libéraux et fidéistes. Echappant au principe d'autorité de la confession de foi, principe qu'ils avaient déjà rejeté en 1872 au prix d'une rupture institutionnelle, ils parviennent néanmoins à regagner l'unité d'une grande Eglise Réformée en y faisant triompher leurs idées de toujours. Ce retour à l'union est d'ailleurs à leur initiative et correspond profondément à leurs aspirations. La théologie libérale n'est absolument pas une théologie de la "rupture" ; en cela elle est à l'opposé du barthisme. "L'idéal épistémologique du libéralisme peut être trouvé dans le concept d'harmonie".(2) Cette harmonie au niveau de la pensée implique une ecclésiologie large et ouverte. Ainsi, et très logiquement, l'initiative du rapprochement est venue de l'U.E.R. En Juin 1933 une lettre émanant du Synode Réformé de Paris-Oratoire propose en effet au Synode National Réformé Evangélique de Paris-Auteuil d'entrer en pourparlers en vue d'étudier les conditions d'une éventuelle unité de l'Église. Les "évangéliques" acceptent et la réunification se prépare en Commissions, assemblées et Synodes durant cinq ans.

On peut s'étonner en revanche, en constatant le changement d'attitude du courant orthodoxe. En effet, sur un plan purement formel l'Union est une véritable défaite pour ce parti. L'attitude qu'il avait voulu faire triompher en 1872 a été visiblement abandonnée. Rappelons qu'encore en 1905 et 1906 au cours des Synodes qui organisèrent l'union nationale, les Réformés Evangéliques avaient repoussé toute formule d'introduction à la confession de foi pour s'en tenir à l'adhésion aux termes de cette confession. 30 ans après leur politique se trouve radicalement transformée. On ne peut alléguer seulement en guise d'explication l'ambiguïté que nous avons signalée plus haut. Dans un contexte plus combatif, tel celui de 1872, une telle ambiguïté n'aurait pas eu sa place. Il existait en 1938 d'autres phénomènes qui jouèrent un rôle important.

Le premier se situe dans une évolution psychologique liée peut-être à une certaine forme de culpabilité vis-à-vis de la rupture issue des débats de 1872. Les Réformés de France ne sont décidément pas prêts au pluralisme dénominationnel tel qu'il est vécu par les protestants américains. Au lieu d'assumer dans ce que pouvait avoir de positif cette rupture, en tant que clarification et libération d'un stérile combat, les Réformés Evangéliques ont peu à peu été gagnés par la nostalgie de l'Eglise institutionnellement unie. Peut-être touchons-nous ici une constante de la Réforme en France qui, toujours en confrontation avec la grande et monolithique Eglise romaine, se sent constamment invitée à se regrouper pour opposer un tant soit peu à cette dernière le poids d'une institution qui ne soit pas trop négligeable. La volonté des Réformés Evangéliques de maintenir "la saine doctrine" se trouva en quelque sorte émoussée par cette situation que l'on peut qualifier de psychosociologique. Devant le dilemme: saine doctrine mais petite Eglise indépendante, ou union dans l'unique et plus forte Eglise Réformée de France avec quelques sacrifices sur le plan de l'autorité du Credo, les Evangéliques se montreront hésitants et bientôt favorables dans leur majorité à la seconde hypothèse (et cela d'autant mieux que les E.R.E. elles-mêmes n'avaient pas réussi à faire appliquer en leur sein les choix doctrinaux qui étaient les leurs aux origines).

On peut considérer l'évolution théologique du corps pastoral au cours du premier quart du siècle, et même un peu après, comme le deuxième phénomène important qui contribua à préparer la situation de 1938. En effet, si Sabatier n'est pas parvenu de son vivant à créer un mouvement suffisamment important pour provoquer la réconciliation, la ligne théologique qu'il défricha connut un succès certain au cours de ces années. Si bien que la fameuse troisième voie théologique que les piétistes n'ont pas su incarner durant le siècle passé, parvint à s'affirmer dans ce symbolo-fidéisme du début du XXème siècle. Et c'est bien ce courant théologique, notamment dans la personne du pasteur Bertrand, qui joua le rôle primordial tout au long de ce processus d'union.

Hommes de foi, opposés au vieux libéralisme rationaliste, les fidéistes ont sans doute pour une part gagné la sympathie et la confiance des "évangéliques". On peut même estimer que l'engouement pour le fidéisme ne s'est pas réalisé uniquement dans le camp des libéraux (rappelons que Sabatier se considérait comme un orthodoxe), il s'est développé également  chez les Réformés Evangéliques

Ainsi, dans les années 30, le clivage traditionnel rationaliste/supra-naturaliste ne recouvrait plus la situation réelle. Fallait-il alors garder des divisions issues d'un débat désormais dépassé ? Comment alors imaginer une nouvelle base à cette Eglise que beaucoup voulaient réunie ? Là encore, ce sont les fidéistes qui emportèrent l'approbation générale en cette affaire, optant pour leur fameux "self control" ecclésial. "Le meilleur exemple pratique d'un tel self control ecclésial, nous dit Bernard Reymond, est probablement celui de la formule qui introduit la Déclaration de foi adoptée par l'Eglise Réformée de France lors de sa réunification de 1938. Contre la volonté des orthodoxes qui voulaient une confession de foi ayant valeur de norme doctrinale et obligatoire, André-Numa Bertrand, l'un des héritiers les plus brillants de la pensée sabatérienne, a fait prévaloir le principe d'une déclaration à laquelle les pasteurs ne seraient invités à souscrire que moyennant la précision suivante : sans vous attacher à la lettre de ses formules..." (3)

Sans aucun doute la décision synodale de 1872 imposa aux Eglises un schéma d'union de type orthodoxe, et c'est pour cette raison que bien des pasteurs libéraux le contesteront, mais sans aucun doute aussi l'Eglise Réformée de 1938, par le jeu de ce subjectivisme voulu, se plaça résolument dans la démarche de type libéral. Si quelques pasteurs et quelques paroisses ont immédiatement réagi en refusant l'union sur de tels principes, la masse de ceux qui l'acceptèrent, y compris les "évangéliques", s'adapta finalement assez bien et l'union sembla très vite s'affirmer comme un succès.

 

Ce succès, l'ERF le doit en grande partie à Karl Barth. Si les années qui suivirent immédiatement l'Union (1939 à 1945) ne furent guère propices au débat intra-ecclésiastique, la libération vit déferler dans le royaume de la théologie la vague barthienne. Celle-ci, pour un bon nombre d'années, donna un réel visage théologique à l'Eglise Réformée. Mais avec le reflux, de nouvelles difficultés vont surgir.

 

B - L'ECLATEMENT THEOLOGIQUE DE L'APRES-GUERRE

Avant de tenter une évaluation de l'ecclésiologie pluraliste actuelle dans l'Église Réformée de France, il convient de jeter un rapide coup d'oeil sur le tourbillon des théologies contemporaines. Certes, Karl Barth et la néo-orthodoxie ont envahi la pensée théologique durant plusieurs décennies mais cela n'a pas empêché, et peut-être au contraire stimulé, d'autres recherches et d'autres orientations. Toutefois certains théologiens contemporains de Barth, comme Tillich par exemple (1886-1965), ne parvinrent vraiment à la connaissance d'un public relativement large qu'avec le recul du barthisme. C'est donc dans ces dernières années qu'éclata un véritable feu d'artifice de la pensée théologique.

Si Barth s'était préoccupé avant tout de construire une théologie "pour l'Eglise", la quasi totalité de ces nouvelles approches tenteront, elles, d'élaborer une théologie "pour le monde". Pour Gerhart Ebeling "ce n'est pas le croyant mais l'incroyant qui doit fournir le critère de l'intelligibilité de prédication" (4). Le souci primordial n'est plus: comment puis-je penser juste au sujet de Dieu ? Mais: comment puis-je dire Dieu face au monde sécularisé. La prise de conscience de la sécularisation de nos sociétés provoque l'émergence d'un nouveau libéralisme qui, selon Peter Berger (5), reprend la suite de l'ancien après la parenthèse néo-orthodoxe due aux cataclysmes internationaux.

Ces mouvements interprètent la religion comme un système de symboles qui se réfèrent "en réalité" à des phénomènes psychologiques. La subjectivisation du christianisme devient radicale. Les réalités religieuses sont transférées d'un cadre de référence de données extérieures à la conscience individuelle, à un cadre de référence qui les situe à l'intérieur même de la conscience. Toute la cosmologie devient psychologie. Peter Berger montre encore très justement que pour justifier cette entreprise de "traduction" les néo-libéraux utilisent des concepts dérivés de la sociologie démontrant la "non-pertinence" des affirmations religieuses traditionnelles dans le monde sécularisé. Les données sociologiques qui sont du niveau de la connaissance sont alors allègrement posées en affirmations normatives. "La possibilité théorique que le vice de la connaissance pourrait se situer plutôt dans la conscience moderne que dans la tradition religieuse est généralement ignorée dans ce processus" (6).

Friedrich Gogarten et Dietrich Bonhoeffer, analysant la situation des sociétés modernes, concluent que l'humanité arrive à un tournant radical de son histoire en ce que la raison devient majeure. La religion n'aura plus sa place dans le monde à venir. Bonhoeffer déclare : "Nous allons vers un temps complètement areligieux"(7). Fort de cette analyse, Bonhoeffer croira nécessaire de construire un christianisme lui aussi areligieux. Le "mon Dieu, mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné", de Jésus sur la croix, devient le coeur de sa théologie. L'expérience de la transcendance quitte le domaine religieux pour se "réaliser séculièrement" dans l'existence vécue pour les autres. En cela la théologie doit devenir politique; d'autres prendront le relais et poursuivront dans cette voie. Il n'est pas certain cependant que Bonhoeffer lui-même, s'il avait survécu à la guerre, aurait appuyé en ce sens.

Thielicke, avançant sur ce chemin, visera l'élaboration d'une éthique politique. "Je voudrais contribuer à faire venir sur terre de l'au-delà et du ghetto de l'Eglise les dogmes chrétiens, et donc les amener là où l'homme vit dans sa réalité"(8). Pour parvenir à ce résultat il se lance dans une approche intellectuelle qui commence par le détail de la réalité concrète; autrement dit il procède radicalement par voie inductive.

Ce christianisme non religieux est appuyé également dans la théologie américaine, notamment par Harvey Cox et sa "Cité séculière", et également par J.A.T. Robinson avec le fameux "Honnest to God". Ces diverses démarches déboucheront dans ce qu'on a appelé la théologie de "la mort de Dieu".

Une autre couleur théologique particulièrement voyante s'est imposée parallèlement avec la professeur Rudolf Bultmann. La sécularisation entraînant une relecture des grands récits religieux avec le refus de tout supra-naturalisme, Bultmann relègue au salon des antiquités tout ce qui relève autant de l'historique que de l'irrationnel dans les textes bibliques. Rejetant les faits, il met l'accent sur le "kérygme". Pour dégager celui-ci du texte, il effectue une lecture "démythologisante" à l'aide de la philosophie de Heidegger, aboutissant ainsi à un message existentiel. Le kérygme est alors ramené à un appel à la décision, celle-ci devant conduire l'homme de l'inauthenticité à l'authenticité. On découvre, particulièrement chez Bultmann, mais cela est vrai pour tous les théologiens de cette mouvance, l'utilisation massive de la philosophie et des concepts existentialistes. Ceux-ci conviennent en effet particulièrement bien pour exprimer le discours théologique dans le cadre restreint de la subjectivité où ils l'on enfermé.

Certes, la position de Bultmann est sous cet aspect une position extrémiste. L'évacuation totale de "l'événement fondateur" sera remise en question par les post-bultmaniens. Il faut bien, disent-ils, que Dieu ait agi avant que nous croyions. La théologie va donc repartir en quête de Jésus, du Jésus de l'histoire, non pas le Christ de la foi, mais bien le "Jésus de Nazareth" inscrit dans le contexte spatio-temporel de la Galilée des années trente de notre ère. Ce Jésus qu'ils redécouvrent dans toute son humanité ne doit bien sûr pas devenir celui en qui l'on croit, mais celui comme qui l'on croit. A nouveau l'interprétation existentiale reprend le dessus avec son rejet d'un quelconque objet de foi. Croire c'est vivre la même démarche existentielle que Jésus. Le concept de Dieu quitte toute verticalité pour être traduit à la limite, comme le fait Herbert Braun, par "une certaine forme de solidarité humaine"(9). L'abbé Jean Kamp, du côté catholique, fait la même démarche et parvient à des conclusions semblables quand il déclare: "La communauté a - et c'est là sa foi - un sens absolu."(10)

Paul Tillich représente encore une autre voie, une troisième couleur dans ce festival des lumières théologiques. Autant philosophe que théologien, Tillich se propose de réfléchir à partie d'une conception totale et symphonique de la réalité. "Contre Pascal je dis: le Dieu d'Abraham d'Isaac et de Jacob et le Dieu des philosophes sont le même Dieu"(11). Héritier de la tradition libérale dans son effort de synthèse entre Dieu et le monde, il va tout de même essayer de rendre compte d'une certaine rupture. Cette dernière sera placée intégralement sur le terrain psychologique et traduite, comme il se doit, en termes existentialistes. La chute originelle de l'homme dit-il , c'est le passage de l'essence à l'existence. Cette existence se traduit alors dans une prise de conscience de la finitude. L'homme se découvre comme un mélange d'être et de non-être. En fin de compte Dieu devient, selon la logique de cette approche, la profondeur de l'être, le fondement inépuisable de tout être. La foi, qui nécessairement à cause de notre finitude devra s'exprimer dans le langage des symboles et des mythes, est cette recherche de l'être; elle est selon l'expression même de Tillich : "le souci ultime". La foi n'est donc pas certitude, elle est recherche, insatisfaction, inquiétude, et paradoxalement elle est doute. Tillich déclara : "Je fus ainsi saisi par ce paradoxe, que celui qui nie Dieu sérieusement l'affirme."(12) Zahrnt peut dire justement dans l'optique de Tillich : "la ligne essentielle de séparation religieuse ne passe plus aujourd'hui entre les chrétiens et les non-chrétiens, mais entre ceux qui sont contents d'eux-mêmes et ceux qui sont devenus inquiets, entre les indifférents et ceux qui attendent, entre les satisfaits et ceux qui doutent, entre ceux qui interrogent et ceux qui n'interrogent plus." (13) La théologie fondée sur ces principes sera donc beaucoup plus interrogative qu'affirmative. Appuyée sur une foi qui peut prendre l'allure du doute, elle se devra même d'être inquiétante. C'est l'avis d'André Gounelle, un héritier de la pensée de Tillich, qui affirme : "La théologie n'est pas une activité de tout repos ; par nature elle est troublante. En inquiétant, elle rend service à la foi..."(14)

Quelques traits de moindre importance doivent encore être ajoutés pour compléter ce rapide panorama des théologies contemporaines.

La théologie de l'espérance de Jürgen Moltmann propose une réflexion à partir du futur. L'eschatologie et l'apocalyptique, qui furent souvent considérées comme des rajouts parfois encombrants, comme des appendices inutiles au message de la foi, sont ici sur-valorisées en devenant le fondement de cette théologie. Pour Moltmann, la dimension essentielle de toute foi c'est le futur. "Comme s'il n'existait pas pour lui d'autre temps, pas de passé, à peine un présent, il entraîne tout ce qui est, du repos de l'être dans le mouvement du devenir."(15) L'au-delà n'existant plus que sous la forme des temps à venir, la foi doit proposer au monde un projet qui soit dans la perspective de la fin.

Sur un même souffle, les interprétations marxistes du christianisme procèdent, quant à leur analyse de ce futur à espérer, à travers la grille d'interprétation de l'histoire dévoilée par Karl Marx. L'eschatologie prend la forme de la société sans classe, et le message devient un appel à un engagement pour la libération de la classe opprimée. On assiste, dans cette perspective, à des relectures des évangiles de type matérialiste.

Enfin il convient de noter également une certaine reprise de l'hégélianisme, chez Pannenberg notamment. Ce dernier opte, contre Bultmann, pour une révélation historique de Dieu à travers les événements du monde. Cette révélation, dit-il, est "ouverte à quiconque a des yeux pour voir."

Certes, on peut être impressionné devant une telle créativité, mais en même temps certains aujourd'hui parlent déjà d'un "creux théologique", d'un certain manque ! N'y a-t-il pas dans cette expérience diffuse la marque d'un vice de forme inhérent à toute ces théologies ? Pour Roger Mehl, il y a effectivement une crise de la théologie. Elle est, selon son diagnostic, liée à la crise du langage. Tournées résolument vers le monde sécularisé, toutes ces approchent échouent devant le problème de la transcendance. Cet échec, qui n'ose pas s'avouer comme tel, entraîne avec lui une pensée beaucoup plus à l'aise dans la critique et la contestation des affirmations traditionnelles que dans la construction d'un univers de la foi que le peuple protestant puisse réellement habiter. Cherchant un point d'Archimède immanent elles abordent la réalité sous un émiettement de points de vue (d'où la prolifération des "lectures" de la Bible) que rien ne peut plus intégrer ni rassembler. Elles sont condamnées au pluralisme.

Enfin, leur objet de référence et leur critère de valeur étant l'homme dans sa subjectivité, ce nouvel anthropocentrisme, dans son refus du passé, de l'au-delà, de l'institution, et de l'autorité, masque mal son rejet principiel d'une hétéronomie de l'homme. Dans ces conditions, craignons que le feu d'artifice théologique de ces dernières années n'ait été le bouquet final, laissant derrière lui un ciel encore plus noir dans lequel même l'ombre de Dieu ne se dessine plus.

 

C - PAU,1971 : LE PLURALISME AU GRAND JOUR

"Nous sortons d'une époque où à l'intérieur de chacune des grandes confessions chrétiennes existait un large consensus théologique.( ... ) L'Eglise Réformée est en train de découvrir les difficultés concrètes du pluralisme théologique dont elle a toujours affirmé la légitimité mais que, en fait, elle n'avait guère eu l'occasion de vivre."(16) Ce propos d'André Gounelle, au début de l'année 1971, résume bien la situation de l'ERF au moment ou le barthisme a fini de régner en maître sur les facultés de théologie. La pensée du grand théologien de Bâle laisse la place à toutes ces recherches, dont nous venons d'apercevoir l'irréductible diversité. L'Eglise Réformée, devenue consciente de la nouveauté de cette situation, décide alors d'ouvrir une réflexion synodale. On ne saurait exagérer l'importance de ce Synode. Celui-ci avait pour mission (jamais avouée explicitement) de  sauver l'Union face à de possibles durcissements antagonistes.

"Dans l'ERF désemparée d'aujourd'hui, dans le creux théologique, pour ne perdre personne on monte en épingle le pluralisme, bien oublié depuis 1938."(17) Ce jugement sévère semble devoir être confirmé par la manière dont le Synode National de Pau a été préparé. Le rapport du Conseil National, puis le "Document Préparatoire" élaboré à grand renfort de professeurs des facultés de théologie, rivalisent d'ingéniosité pour démontrer à ce brave corps pastoral et presbytéral, la légitimité et le bonheur du pluralisme doctrinal. Ces deux documents, en effet, ne se présentent nullement comme des études à prétention objective, mais véritablement comme des outils résolument orientés dans une seule direction. Le titre même du "Document Préparatoire" ne laisse aucun doute quant au but poursuivi : "Pour une Eglise et des Paroisses pluralistes". Seule la publication d'un texte émanant d'une personnalité isolée, qui n'est ni professeur de théologie, ni président de Région, ni membre d'une Commission quelconque, et qui s'oppose au pluralisme, peut donner l'illusion d'un véritable débat.

Voyons à présent l'argumentation développée par les "pluralistes" pour justifier leur doctrine.

Le premier élément est plus implicite qu'explicite : c'est la situation, l'état de fait. La force d'un état de fait pèse lourd en toute société sans qu'il soit utile d'en montrer le bien fondé. L'autorité d'une situation établie ne se conteste pas facilement, or les faits sont là : le discours de la foi prend des directions multiples et souvent opposées. Le phénomène est particulièrement visible depuis l'écroulement du consensus barthien.

Le deuxième élément c'est la référence à 1938. L'Union de 38 fonde l'unité de l'actuelle E.R.F. Il était donc normal d'exécuter ce retour aux sources. Comme nous l'avons observé dans un chapitre précédent, le protocole d'union est indéniablement orienté dans le sens pluraliste. A ceux qui auraient pu encore en douter le rapport du Conseil National rappelle que "l'ERF depuis sa constitution se veut pluraliste et dit à juste titre que c'est sa richesse"(18). Le préambule a ainsi été explicité dans ce sens au cours du Synode. L'intervention de François Méjan va par ailleurs souligner deux autres points d'ancrage du pluralisme dans la Constitution de 1938.

D'une part dans la Déclaration de foi elle-même; la phrase: "l'autorité souveraine des Saintes Ecritures telle que la fonde le témoignage intérieur du Saint Esprit" est, dit-il, "incontestablement du subjectivisme et voulu"(19).

D'autre part, précise-t-il, dans les statuts de l'ERF à l'article III, il est stipulé que les paroisses peuvent adopter la nouvelle Déclaration de foi, soit garder leur Déclaration antérieure. Il en conclut : "tout est admis"(20).

Il serait difficile en effet de faire pencher la balance d'un autre côté que celui-ci à l'examen des textes de 38. Toutefois Philippe de Robert (dans le seul rapport opposé au pluralisme doctrinal) a tenu à mettre en évidence une phrase du préambule qui n'abonde pas aux eaux du pluralisme : " ... ainsi sera maintenu la prédication fidèle de l'Evangile de Jésus Christ selon le témoignage apostolique et conformément à la tradition de foi et de vie chrétienne que nous avons reçue de nos pères." Dans cette phrase il est bien question en effet d'une fidélité à un message transmis et non pas seulement d'une "référence" à ce message. Pourtant dans le contexte du préambule cette fidélité peut être comprise, non pas comme un éventuel critère de jugement entre le vrai et le faux, mais comme la résultante normale de l'attitude énoncée plus haut : "ainsi sera maintenue ... etc..." Cette affirmation semble donc privée de toute efficace.

La troisième argumentation est fondée dans une certaine compréhension théologique de l'Eglise et de la foi. Ici, nous touchons au coeur du problème à savoir : le pluralisme doctrinal n'est pas lui-même neutre du point de vue théologique. En ecclésiologie il présuppose que l'on renonce à dire l'Eglise avant de dire le croyant. Du coup, remarquons-le, la communauté ecclésiale redevient cet appendice plus ou moins nécessaire à la foi chrétienne, cette dernière étant d'abord l'affaire de l'individu. Le document "Pour une Eglise et des paroisses pluralistes" déclare : l'Eglise est faite de ceux "qui se réclament librement et responsablement de l'Evangile en s'acceptant différents dans l'interprétation qu'ils en donnent."(21) Cette conception, bien qu'elle soit peu en accord avec la théologie de l'alliance et le pédobaptisme qui en découle, est la toile de fond permanente de l'argumentation pluraliste. On définit l'Eglise à partir des individus qui la composent. Dans ces conditions, la théologie devient essentiellement affaire d'opinions et nous sommes dans le droit fil du libéralisme le plus classique : "Comme je ne prétends faire la leçon à personne, mais simplement rendre compte de ma propre façon d'agir, il suffit que j'aie indiqué mes motifs et expliqué mes intentions."(22) Cette démarche reprise par le Synode de Pau, fait dire à Philippe de Robert : le pluralisme n'est "qu'une forme d'individualisme doctrinal additionné de tolérance."(23)

Le quatrième et dernier aspect que nous avons retenu est également théologique : les "pluralistes" se fondent sur une certaine lecture des Ecritures La Bible constitue un discours pluriel, disent-ils, non pas seulement varié et coloré, mais franchement contradictoires. Seule la référence centrale demeure. "Ce qui est également très caractéristique des témoignages néo-testamentaires, c'est à la foi l'extrême liberté ou l'extrême discordance de leurs affirmations, en même temps que l'exigence continuelle de leur référence au centre."(24) Ainsi, nous dit-on, "toute Eglise qui se réclame de l'Evangile devrait être pluraliste pour la simple raison que personne au monde ne peut dire ce qu'est exactement l'Evangile."(25) Cette accentuation sans frein sur la diversité scripturaire élimine totalement, la possibilité que la Bible puisse avoir un schéma organique qui nous soit abordable. Une telle compréhension des Ecritures, et particulièrement du Nouveau Testament, parce que c'est surtout de lui dont il est question dans ces débats, aboutit à une joyeuse justification de toutes sortes de théologies et de doctrines, à partir du moment où ces dernières restent "référées" à 1'homme de Galilée. Puisque les auteurs du Nouveau Testament ont été extrêmement libres dans leurs affirmations, soyons dans la même liberté, créons et inventons ! Bien entendu la question de l'hérésie éventuelle se trouve largement dépassée puisque "la distinction entre orthodoxe et hérétique (...)passe au sein de l'Ecriture, et au sein des Communautés qui ont rédigé le Nouveau Testament."(26)

Peut-être pourrions-nous ajouter à ces quatre éléments un souci apologétique consistant à démontrer que le pluralisme se trouve dans une fidèle continuité avec l'Église du passé. Il suffit pour ce faire, d'interpréter la Réforme sous le jour de la révolution permanente et l'on pourra dire avec Gérard Delteil : "je crois que la véritable fidélité à la tradition c'est l'invention"(27), ou avec Laurent Gagnebin : être fidèle aux Réformateurs "ce sera donc parfois, apparemment leur être infidèle". (28) Mais qu'on ne se méprenne pas : sur le plan historique, le pluralisme tel qu'il a été énoncé au Synode de Pau, a clairement un aspect innovateur.(29) Il n'est pas en continuité avec le passé mais en rupture, quand bien même il fut  préparé par l'union de 1938.

 

Les conséquences d'un tel choix pourraient bien être relativement importantes vis-à-vis de l'identité avenir de l'Église. Si on fait abstraction de l'épaisseur traditionnelle et culturelle qui continue encore par inertie à donner à l'ERF un visage rassurant, que restera-t-il de cet identité sur le plan de la foi lorsque tous les essayismes théologiques auront transformé la catéchèse de l'Eglise en une vaste agora où la loi de la nouveauté se substitue à une vraie recherche de la vérité ? Dans cette Eglise de la tolérance une seule intolérance se trouve alors justifiée, c'est celle qui se dresse contre les intolérants, c'est-à-dire contre les non-pluralistes. "Il est clair qu'il y a une catégorie de gens qu'une Eglise pluraliste doit impitoyablement refuser : ceux qui refusent le pluralisme."(30) C'est aussi l'avis de France Quéré : "La seule exclusion à laquelle l'Église devrait se heurter tient à un problème de logique, et qu'elle ne peut évacuer sans tomber dans l'absurde : c'est l'intolérance. Celui qui pratique l'exclusion doit lui-même supporter l'exclusion (...),la tolérance ne peut héberger l'intolérance : ce serait se nier en tant que tolérance(...). Telle est la muraille de la foi, ou telle elle devrait être."(31)

Malgré l'opposition exprimée par Philippe de Robert (qui emporta quelques points de détail), la déclaration finale du Synode sonne la victoire (attendue !) des "pluralistes".

 

Voici donc cette décision III, avec sous chaque proposition le sens probable que les partisans du pluralisme ont voulu y mettre :

"Le Synode National souhaite que la recherche théologique se développe dans l'ensemble de l'Eglise selon une double direction :

Le souci d'une confession de la foi fidèle à l'Ecriture Sainte..."

C'est à dire selon le même principe de diversité contradictoire que celui de la Bible.

"et traduite dans la vie..."

Comprenez : interprétée en termes psycho-existentiels

"La reconnaissance de la pluralité légitime de ses expressions..."

Le possessif pluriel "ses", peut faire référence à la "recherche théologique" ou à la "confession de la foi". Dans les deux cas le sens reste sensiblement le même. Par contre le terme "expression" doit être compris, non dans un sens étroit, en rapport seulement avec la forme, mais avec une implication sur le discours et son contenu. Cette phrase confirme l'intention exprimée dans le "sans vous attacher à la lettre des formules" de 1938.

"notamment dans le domaine de la prédication,..."

La "chaire de vérité" du calvinisme traditionnel devient le lieu d'expression des libres opinions du pasteur.

"du culte,..."

C'est à dire aussi de la liturgie.

"de la catéchèse et de la diaconie."

Tout y passe... rien n'échappe à la moulinette pluraliste !


 

Le pluralisme, on l'a vu, est lié à une certaine orientation théologique, et par cela même il ne peut prétendre recouvrir l'ensemble des "expressions" de la foi, même s'il a la prétention de les laisser toutes s'épanouir librement. Ainsi le pluralisme ne met pas complètement l'Eglise à l'abri de toute rupture. Pour l'orthodoxie calviniste, la situation est devenue tellement critique qu'en 1974 elle créa sa propre faculté de théologie. On peut voir dans cet événement un parallèle au retrait des libéraux après le synode de 1872. Dans un cas comme dans l'autre c'est l'écrasement d'une option théologique par une autre qui en est responsable.

Mais au-delà d'une certaine politique d'Eglise nous devons considérer à travers cette évolution historique vers le pluralisme, ce qui en fut le moteur véritable, à savoir l'émergence d'une nouvelle épistémologie, la définition d'un nouveau champ du connaissable. Il y a dans la théologie de l'Eglise contemporaine, une dépendance redoutable vis-à-vis des philosophies de notre monde moderne. On a accusé les pères des premiers siècles d'avoir succombé aux influences de la philosophie grecque. En fait, leur démarche a certainement fait preuve de beaucoup plus de modération et de discernement que celle des théologiens et hommes d'Eglise d'aujourd'hui vis-à-vis des philosophies de notre temps. Les premiers ont la plupart du temps employé l'appareil conceptuel qui leur était contemporain pour l'utiliser au service du message chrétien, les seconds ont bien souvent filtré le message à la grille de pensées totalement étrangères au christianisme.

Une dénonciation du pluralisme se doit donc de remonter jusque là.

 

 

 

(1) L.TEULON, "Les raisons de notre résistance aux projets actuels de fusion des Eglises", brochure du Comité d'entente Evangélique, p.31

(2) S.OBERKAMPF DE DABRUN, Orthodoxie et libéralisme dans l'E.R.F.de 1938 à 1978,  mémoire de maîtrise, I.P.T., Montpellier 1978

(3) B. RAYMOND, Auguste Sabatier et le Procès théoloqique de l'autorité  op.cit. p. 218 en note.

(4) H. ZAHRNT, op. cit. p. 205.

(5) P.BERGER, op. cit.

(6) P.BERGER, Ibid.

(7) Bonhoeffer cité par H.ZAHRNT, op. cit. p.177

(8) Thielicke cité par H.ZAHRNT, op.cit. p. 248

(9) H.Braun cité par H.ZAHRNT,  op-cit., p.371

(10) J.KAMP  Credo sans foi, foi sans Credo,  Ed. Aubier-Montaigne, Paris 1975,  p.181

(11) P.Tillich cité par H.ZAHRNT, Ibid., p.413

(12) P.Tillich cité par H.ZAHRNT, Ibid., p.466

(13) H.ZAHRNT, Ibid., p.452

(14) A. GOUNELLE, "0ù va la théologie ?" in E.T.R. 1971/2, p.138

(15) H.ZAHRNT; Op.cit. p.261

(16) A.GOUNELLE, op.cit. p125-126

(17) S.OBERKAMPF DE DABRUN,  op-cit., p.4

(18) in Information-Evangélisation  n° 2-3/1971, p.59

(19) Ibid., p.85

(20) Ibid; ,p.86

(21) in Information-Evangélisation, op.cit. p.77

(22) P.BUISSON, Libre pensée et protestantisme libéral,  Librairie Fischbacher, Paris 1903, p.73

(23) P.DE ROBERT, "Un seul Seigneur, une seule foi" in E.T.R.1974/4,  p.529

(24) G.DELTEIL, in Information-Evangélisation  n°2-3 1971, p.87

(25) Doc."Pour une Eglise et des paroisses pluralistes", Ibid. p.75

(26) Doc."Pour une Eglise et des paroisses Pluralistes", Ibid. Loc.cit.

(27) G.DELTEIL, Ibid. p.88

(28)  Cf Crises et mutations institutionnelles dans le protestantisme français, op-cit. p.155

(29) L. GAGNEBIN, "L'identité du protestantisme" in Evangile et Liberté, 1975/5

(30) Doc."Pour une Eglise et des paroisses pluralistes", op.cit ., p.77

(31) F.QUERE, in Lumière et 'Vie,  n° 141, 1979,  p.101-102.