REFORME ET REVEIL DE L’EGLISE

Pasteur Charles NICOLAS

(deux exposés présentés à la Pastorale de Dijon, 1-4 avril 1997)

 

"Toute grâce excellente et tout don parfait viennent d’en-haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation".

Jacques 1.16-22

 

Il est exaltant mais aussi difficile de prêcher sur la résurrection, sur la Pentecôte et sur le réveil de l’Eglise n’est-ce pas dans ces moments que l’on ressent particulièrement notre faiblesse, nos manquements. Sans doute est-il nécessaire de passer par là pour que nous ayons un plein recours en la grâce suffisante et agissante de Dieu !

Dans le premier exposé, nous nous pencherons sur ce qu’il y a en commun entre l’esprit des réformes et l’esprit des réveils la compatibilité, la convergence parfaite...

Dans le second, nous poserons 2 questions que se passe-t-il quand l’un et l’autre ne sont pas associés ? Comment dépasser les limites, les blocages ?

 

Question préliminaire faut-il mettre une majuscule à réforme et réveil ? De quoi voulons-nous parler ? Naturellement, ces mots sont d’abord des noms communs qui se réfèrent à l’action de (se) réformer, et de (se) réveiller . Ensuite, ces mots désignent des événements historiques marquants, et dès lors, ils ont pris une majuscule.

Par réforme, nous n’entendons pas un simple changement, même important, mais bien une con-formité retrouvée à l’enseignement biblique, un retour au modèle donné par Dieu, une restauration de la pensée et de la vie selon sa Parole.

Par réveil, (mais ne faudrait-il pas placer ‘réveil’ avant ‘réforme’ ?), nous voulons désigner un mouve- - ment par lequel les consciences sont rendues sensibles pour désirer par dessus tout la volonté de Dieu.

"Le chrétien est l’homme le plus conservateur qui soit, car il revient toujours à la Parole de Dieu donnée une fois pour toutes ; il est aussi le plus révolutionnaire car il place constamment sa vie et toutes choses à la lumière de cette Parole". - Pierre COURTHIAL, cours.

Aujourd’hui, nous parlerons en référence à la Réforme du 16° siècle et aux réveils que Dieu a accordés (notamment au Réveil de la Drôme qui s’est développé dans des églises réformées, entre 1922 et 1938), mais simplement pour illustrer l’esprit de(s) réforme(s) et l’esprit de(s) réveil(s) qui devraient être permanents et ... compatibles !

 

1° exposé REFORME ET REVEIL : PARFAITE COMPATIBILITE

Ce sont les caricatures de ces deux expériences qui peuvent paraître incompatibles, comme sont incompatibles des humeurs ou des caractères... Et ces caricatures existent. Dans les têtes, et dans les vies ; et, c’est vrai, des oppositions apparaissent :

les scribes et les docteurs d’un côté ; les enthousiastes et les illuminés de l’autre ;

ici la raison, la volonté, l’étude ; là les sentiments, l’expérience...

 

1. Le TOUT de l’expérience chrétienne

Nous voyons combien ces oppositions sont néfastes par rapport au TOUT de l’expérience chrétienne. Ces oppositions ne peuvent exister qu’à partir de caricatures mal pensées et mal vécues ; à partir de réductions ; un peu comme si on opposait

la souveraineté de Dieu et la responsabilité de l’homme,

ou encore la foi et les oeuvres.

Pour retenir cette dernière application, il y a en réalité non pas 2 mais 3 écueils à éviter :

- la foi sans les oeuvres (la foi morte, selon Jacques)

- les oeuvres sans la foi (les oeuvre de la loi, selon Paul)

- et... les oeuvres et la foi mais séparées l’une de l’autre, distinctes, sans lien.

Dans ces 3 cas, il y a une mauvaise compréhension et, vraisemblablement, une mauvaise expérience - en un mot une mauvaise doctrine - de la grâce et de l’Esprit.

Pour revenir à notre sujet, on pourrait évoquer ces écueils en parlant d’intellectualisme ici, ou de sentimentalisme ailleurs ; ou encore d’une recherche d’équilibre entre les deux, ou d’un bon dosage. Mais un bon dosage d’intellectualisme et de sentimentalisme font-ils nécessairement une expérience chrétienne fondée et féconde ?

Il en est de même, me semble-t-il quand on oppose, et déjà quand on dissocie réformes et réveils, que ce soit dans la vie des individus ou celle des églises. Ils s’opposent s’ils sont mal vécus.

En vérité, dans la vie d’une personne ou d’une église,

il n’y a pas de vraie réforme sans réveil, (sans rencontre, sans illumination)

il n’y a pas de vrai réveil sans réforme(s), ( sans marche chrétienne cohérente).

L’un et l’autre viennent de Dieu ;

l’un et l’autre sont reçus dans la foi et l’obéissance.

Ce sont les caricatures de ces deux expériences qui peuvent paraître incompatibles, comme sont incompatibles des humeurs ou des caractères... Et ces caricatures existent. Dans les têtes, et dans les vies ; et, c’est vrai, des oppositions apparaissent :

les scribes et les docteurs d’un côté ; les enthousiastes et les illuminés de l’autre ;

ici la raison, la volonté, l’étude ; là les sentiments, l’expérience...

 

1. Le TOUT de l’expérience chrétienne

Nous voyons combien ces oppositions sont néfastes par rapport au TOUT de l’expérience chrétienne. Ces oppositions ne peuvent exister qu’à partir de caricatures mal pensées et mal vécues ; à partir de réductions ; un peu comme si on opposait

la souveraineté de Dieu et la responsabilité de l’homme,

ou encore la foi et les oeuvres.

Pour retenir cette dernière application, il y a en réalité non pas 2 mais 3 écueils à éviter :

- la foi sans les oeuvres (la foi morte, selon Jacques)

- les oeuvres sans la foi (les oeuvre de la loi, selon Paul)

- et... les oeuvres et la foi mais séparées l’une de l’autre, distinctes, sans lien.

Dans ces 3 cas, il y a une mauvaise compréhension et, vraisemblablement, une mauvaise expérience - en un mot une mauvaise doctrine - de la grâce et de l’Esprit.

Pour revenir à notre sujet, on pourrait évoquer ces écueils en parlant d’intellectualisme ici, ou de sentimentalisme ailleurs ; ou encore d’une recherche d’équilibre entre les deux, ou d’un bon dosage. Mais un bon dosage d’intellectualisme et de sentimentalisme font-ils nécessairement une expérience chrétienne fondée et féconde ?

Il en est de même, me semble-t-il quand on oppose, et déjà quand on dissocie réformes et réveils, que ce soit dans la vie des individus ou celle des églises. Ils s’opposent s’ils sont mal vécus.

En vérité, dans la vie d’une personne ou d’une église,

il n’y a pas de vraie réforme sans réveil, (sans rencontre, sans illumination)

il n’y a pas de vrai réveil sans réforme(s), ( sans marche chrétienne cohérente).

L’un et l’autre viennent de Dieu ;

l’un et l’autre sont reçus dans la foi et l’obéissance.

(voir en annexe 1° proposition).

Dans les deux cas, il y a réponse de la foi à un appel de Dieu.

L’un et l’autre devraient caractériser le début de la vie chrétienne, mais aussi tout son développement, de manière durable.

Dans les deux cas, il y a découverte d’une situation injuste, d’un décalage entre la volonté juste de Dieu et ce qui est vécu ; prise de conscience de l’injustice que cela constitue, de l’offense à Dieu, des conséquences qui en résulteront, de la gravité de choses qui étaient devenues bénignes, habituelles l’absence de zèle, de proclamation, de témoignage, d’autorité, la prière paresseuse, l’amour infinitésimal, le manque de sensiblité à l’égard de l’Ecriture, les nombreuses excuses opposées aux injonctions de l’Esprit-saint, les interdits.

Les brigadiers de la Drôme ont prêché sur les interdits, en référence à Josué chap.7. Un des leitmotifs de leur prédication a été "Dieu ne se contente pas de ce que vous êtes".

Dans les deux cas, il doit y avoir une profonde tristesse, une sorte de crise personnelle.

Dans les deux cas, il y a abondon des excuses, des faux raisonnements ( Jacques 1.22 ; 1 Cor.14.24-25) et repentance ouverte (ce qui est autre chose qu’un simple regret).

Dans les deux cas, il y a obéissance de la foi, fruit de la grâce et engagement de l’homme ; appelons-la réforme ou réveil, c’est presque la même chose.

(lire en annexe les extraits du journal LE MATIN VIENT "Avant la Brigade", et "la pastorale de Crest").

Dans les deux cas, la volonté de Dieu cesse d’être un simple idéal la prière ou encore la grâce sont alors vécues non pas comme une dispense, mais comme un accès à la position en Christ, une introduction dans la vie et la marche avec Dieu, comme un accueil de sa volonté, comme une porte ouverte.

Dans les deux cas, la volonté de Dieu cesse d’être un simple idéal la prière ou encore la grâce sont alors vécues non pas comme une dispense, mais comme un accès à la position en Christ, une introduction dans la vie et la marche avec Dieu, comme un accueil de sa volonté, comme une porte ouverte.

(voir la 2° proposition en annexe)

C’est ainsi que l’Evangile est enfin perçu comme une réalité, une puissance de Dieu à l’oeuvre (Rom.1.16), et non plus comme un idéal (une théorie).

"La grâce ne se réduit pas au pardon des péchés, bien qu’une grande partie de la chrétienté semble s’en contenter". Jonathan Edwards

 

2. La prière, en rapport avec l’obéissance de la foi

Il faut au moins évoquer, dans un exposé comme celui-là, l’importance de la prière, de la prière fervente, persévérante. Réformes et réveils n’ont été vécus qu’en réponse à la prière (cf. Luther...). C’est dans la prière qu’interviennent le réveil et les réformes, qui sont ensuite mis en oeuvre.d’autres termes, il existe deux dangers fréquents

- pas ou peu de prière ( simple fonctionnement, bonne volonté, activisme...) ;

- la "prière-dispense" la prière qui demande à Dieu d’accomplir la part qui nous revient ; la prière non suivie d’engagement, séparée de ce qui suit.

Pour les réformes comme pour les réveils, il faut lier attente et engagement.

- C’est une caricature de la Réforme de faire de la souveraineté de Dieu un prétexte pour la passivité.

- C’est une sorte d’illuminisme de voir le réveil uniquement comme un surgissement imprévisible, indépendant de la foi et de l’engagement des chrétiens.

Curieux oubli du schéma pédagogique de l’Alliance où la bénédiction accompagne l’obéissance de la foi - sans idée de mérite (cf 2 Chroniques 7.14).

Craignons que notre vision de la souveraineté de Dieu fasse porter à Dieu la responsabilité de nos faiblesses, de nos manquements, avec toutes les conséquences qui en résultent.

Cf. H.Blocher sur la souveraineté de Dieu : ce n’est pas malgré, mais c’est parceque "Dieu produit en nous le vouloir et le faire", que nous devons "mettre en oeuvre notre salut".

Cette vision ( c’est plus qu’une vision, c’est une expérience, "une vive expérience" dirait Calvin) a été très précisément celle de Martin Luther et de tous les réformateurs.

 

3. L’unité de la vie chrétienne

Selon l’historien Francis Higman ("La diffusion de la Réforme en France", Labor et Fides 1992 - Fac. Théo. Genève), deux éléments positifs ont préparé l’éclosion de la Réforme :

1. l’étude des textes (philologie), suite à l’essor de l’humanisme classique et de l’imprimerie.

2. l’influence des Frères de la vie commune, aux Pays-Bas, dés le 13 ou le 14° siècles ; communautés de laïcs et de clercs qui cherchaient un renouveau spirituel au travers d’engagements simples et pieux, le développement de la vie intérieure, l’imitation de Jésus-Christ,... (Thomas A Kempis : "Il vaut mieux plaire au Saint-Esprit que d’en connaître la définition").

Presque tous les Réformateurs ont subi ces deux influences : Erasme, Lefèvre d’Etaples, Calvin. Pour tous, il s’agissait d’apporter à l’étude de la Bible un zèle spirituel qui vise un renouveau de la vie du croyant. Les frères de la vie commune recommandaient de ne pas étudier la Bible en dehors de ce but ! (Noter l’impact à Meaux, où l’évêque Briçonnet s’entoure d’une équipe de prédicateurs parmi lesquels se trouve Lefèvre d’Etaple (Meaux, "doyenne des églises protestantes françaises", qui a fêté son 450° anniversaire en oct.96).

Notons au passage que la notion biblique de doctrine (didascalia), est beaucoup plus riche et exigeante que ce qu’on entend généralement. Ainsi, la saine doctrine ( 1Tim. 6.3 -5 ; 2 Jean 5.11) comprend d’un côté (en amont) une saine piété , et de l’autre côté une mise en pratique conséquente ! C’est précisément l’esprit des réformes et celui des réveils.

Le contraire, c’est l’Evangile vu comme un idéal, avec comme corrolaire l’inefficacité de la grâce. Cela explique la médiocrité de tant de vies chrétiennes, de tant de ministères.

(voir 3° proposition en annexe).

 

4. Le réalisme chrétien

Réforme et Réveil s’appuient sur un réalisme chrétien, réalisme qui est exprimé dans les grandes doctrines bibliques et qui est appuyé par la démonstration de l’Esprit-Saint ! Il n’y a pas plus réaliste que l’Esprit-Saint, si l’on peut dire ! La vérité, n’est-ce pas ce qui est conforme à ce qui est, au réel ? (cf. la notion biblique de lumière).

En dehors de ce réalisme chrétien, il n’y a que des idées (nominalisme), des opinions (relativisme) qui se font et se défont au gré des calculs d’intérêt. L’Ecriture n’est plus alors qu’un témoignage humain parmi d’autres ; la prière devient un exercice esthétique... Pas de réveil ; pas de réformes.

De ce "réalisme chrétien" dépend une suite de caractères, propres à la révélation biblique, et porteurs de réveil et de réformes :

Réalisme -- Unité -- Ampleur -- Radicalité -- Autorité -- Justice

Réalisme -- Unité -- Ampleur -- Radicalité -- Autorité -- Justice

 

a - L’unité de Dieu, celle de l’univers, du réel, de l’existence, mais aussi celle de la vérité ou du salut s’imposent à quiconque reçoit avec respect le témoignage biblique. Dieu est non seulement unique, mais aussi UN ( Deut. 6.4 ) ; le Christ est également unique et donc central, dans l’ordre de la création (Jean 1.3), et dans l’ordre du salut (Actes 4.12).

Rien ni personne, en conséquence, ne peut se considérer indépendamment de Lui, pour ce qui est de l’existence, du salut ou encore du jugement. "Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre " ( Matth. 28.18 ) ; "tout oeil le verra" ( Apoc. 17 ) ( Apoc. 17 ) et "tout genou fléchira devant lui" (Phil. 2.10 )...

Ampleur et rigueur dépendent du principe d’unité. Il faut garder les deux on n’a pas le choix. C’est la marque même de Dieu, tellement visible dans la personnalité de Jésus-Christ le Jésus des Evangiles est plus large que nous le sommes ; il est aussi plus exigeant !

 

b - L’ampleur : c’est la fin de toute main-mise ou de toute récupération à l’échelle des hommes et de leurs ambitions mesquines. "Dieu connaît ceux qui lui appartiennent" (2 Tim. 2.19) ; "O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables et ses voies profondes ! Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller ?" (Rom. 11.36).

De ce regard dépendra notre compréhension de l’unité, mais aussi tout simplement de l’être de l’Eglise.

"Les réformés confessants des autres Eglises que celle de France emploient - comme le faisaient les réformés français des 16° et 17° siècles - sans hésitation le mot catholique, en disant par exemple, avec le Symbole des Apôtres ou le Symbole de Nicée : Je crois l’Eglise Catholique". (P.COURTHIAL, La Revue Réformée, mars 1995, p.15).

Pour les Réformateurs, il ne s’agissait pas de créer des églises particulières, mais de ramener l’Eglise de Jésus-Christ sur le fondement de l’Ecriture : c’est l’esprit de la Réforme et c’est celui des Réveils historiques.

Si ce que nous croyons est vrai, si la veine est profonde, alors, ces vérités sont bonnes pour tous réformés, évangéliques, Témoins de Jéhova, catholiques.... et même pour ceux qui ne veulent pas l’entendre. Bonnes non pas à imposer, certes, mais à proclamer !

"Si la parole de Dieu est fidèlement prêchée, les auditeurs se convertissent ou s’en vont" (P. COURTHIAL, cours).

 

c - La rigueur s’impose comme la fin de toute récupération, la fin des choix de confort ou de convenance, des fantaisies, des particularismes, des habiletés, des aménagements personnels ( ce qui ne nie pas la complémentarité des approches compatibles). Comme la sagesse, elle naît de la crainte de Dieu ; comme l’autorité, elle découle de la soumission vraie à Jésus-Christ. Elle se voue en sacrifice à la volonté juste de Dieu (Matth. 3.15 ; 26.39 ; Rom. 12.1-2).

"Sous le fallacieux prétexte que l’Eglise ne sera jamais et pleinement pure ici-bas, et que la proclamation de la Parole de Dieu n’y sera jamais exhaustive et parfaite, d’aucun nous invitent à ne tendre ni à la pureté de l’Eglise, ni à la perfection de la proclamation et de l’enseignement de la Parole de Dieu" (Ichtus n°45, p.5). "Il faut dire non à ce défaitisme. C’en est assez ! Je dis non à tout cela - et c’est là notre foi réformée !" ( P. COURTHIAL, La Revue Réformée n° 185 - 1995).

Noter le relativisme qui, aujourd’hui touche même les milieux évangéliques, qui doutent de ce qu’ils croient, et vont chercher à la F.P.F. le la du diapason...

 

d - L’autorité émane, tout autant que l’amour, de la personne de Jésus. Celui-ci a admiré l’intelligence du centenier (Matth.8) qui avait saisi l’importance et les conséquences de ce principe. Jésus-Christ, bien que serviteur, a exercé autorité par ses paroles et ses actes (Matth. 7.29). Tout défaut d’autorité est une lacune grave, source de chaos et d’injustice. Ainsi en est-il dans le couple, dans la famille, dans l’Eglise et dans le monde.

Il n’y a pas de réforme véritable ni de réveil authentique sans soumission à l’autorité souveraine et juste de Dieu. C’est-là une raison suffisante pour défendre le statut de l’Ecriture sainte et son autorité en matière de foi. Toute réforme, petite ou grande, part de l’autorité de l’Ecriture ou / et y renvoie.

"J’ai longtemps hésité à me rallier à la prédication du Réveil, parceque je pensais qu’elle com- portait des dangers, qu’à évoquer des espoirs trop absolus, on risquait plus de décevantes amertumes... Ce sont là des considérations d’opportunité qui nous sont dictées par la sagesse humaine. Mais quand on a le sentiment qu’une heure a sonné, à laquelle nous ne pouvons qu’obéir, on ne choisit pas le Réveil comme une méthode ingénieuse, mais comme un devoir inéluctable qui nous est imposé par Dieu".(Paul TOURNIER, journal LE MATIN VIENT n° 35, juillet 1928)

 

e - Enfin toute autorité légitime sert la justice, c’est à dire la volonté juste de Dieu. L’amour de cette justice, la recherche de l’approbation de Dieu, c’est la dynamique qui conduit à vivre le réveil et les réformes que Dieu veut pour son peuple.

C’est ainsi que se forge la vraie piété qui s’appuie sur le double témoignage de l’Ecriture et de l’Esprit-Saint. La question qui doit se poser, s’imposer, est la suivante la volonté de Dieu importe-t-elle pour moi plus que toute autre considération ?

La ferveur et l’humilité sont compatibles. Ne soyons ni en retrait ni trop en avant. cf Jean 5.19 ; 8.28... C’est devant Dieu, et en un sens devant lui seul que toute oeuvre juste est appelée à se mettre en oeuvre .

( Réalisme - unicité - ampleur - radicalité - autorité - justice - réveil - réforme )

(voir 4° proposition en annexe).

 

5. Les grandes doctrines

"Si nous prêchons les doctrines de la Réforme avec le zèle des Réveils envoyés par Dieu, un avenir glorieux nous attend". Charles SPURGEON Charles SPURGEON

Voyons-nous clairement le lien entre les doctrines bibliques et ces caractères "réalistes" qui préparent le réveil et les réformes ? Avons-nous nous-mêmes une vision dynamique des doctrines majeures - alors que souvent elles passent pour être lourdes, paralysantes, culturellement dépassées ; alors qu’elles sont trop souvent atténuées, adaptées au cadre des églises sociologiques ou encore au dialogue avec les libéraux ?

On pourrait les citer toutes, et rappeler les implications qui en découlent, tant pour ce qui est de la vie intérieure que pour ce qui est des engagements (vie du chrétien, de l’Eglise, vision du monde...). Evoquons-en seulement quelques unes en peu de mots

- La doctrine de la création et celle de la grâce générale, qui plaident pour la bonté de Dieu, sa sagesse, sa patience, et nous permettent de sanctifier son nom, alors que l’injustice et le chaos remplissent la terre. Détourné de lui-même, le regard de l’homme est appelé à se tourner vers son Créateur. Oui, il est possible de proclamer "Les cieux racontent la gloire de Dieu !" et même "La bonté de l’Eternel remplit la terre ! ". Une telle conversion du regard, redevenu théocentrique, peut aussi conduire à la repentance. "L’Eternel est en ce lieu, et je ne le savais pas ! " (Gen. 28.16).

- La doctrine de la corruption, doctrine pessimiste celle-là, mais tellement réaliste. Paralysante ? Elle conduit au recours total à Dieu, et donc à la grâce suffisante et à la vie par l’Esprit. (recours à la grâce = Réforme ; recours à l’Esprit = Réveil ; parfaitement compatible !). Merveilleuse doctrine qui extirpe de l’homme tout orgueil, qui attribue à Dieu tout honneur, et nous ouvre à son action.

- L’élection, qui fait du salut une oeuvre majeure de Dieu et non seulement une chance à saisir ; qui rend l’Eglise à Dieu et purifie l’évangélisation de tout artifice...

"Parmi les bienfaits de la grâce, la glorieuse souveraineté de Dieu a marqué les consciences de ceux qui en goûtaient soudain la réalité avec une infinie douceur... Je me souviens de l’un d’entre eux qui lisait un ouvrage sur la manière dont Dieu, dans sa souveraineté, opère le salut des pécheurs par un mouvement de sa seule grâce, sans se soucier des efforts del’hom- me pour se rendre juste Dieu est ainsi glorifié, tandis que l’homme demeure dans une entiè- re humilité. A cette pensée, le lecteur ressentit une joie si intense qu’il en exultait". Jonathan EDWARDS

- L’alliance de grâce. Elle est malheureusement invoquée trop souvent pour justifier un certain multitudinisme sociologique, qui, en prétendant rester ouvert, devient un cadre hermétique, impropre à l’accueil et à l’évangélisation. Elle est pourtant le lieu où l’on s’approprie les promesses, où l’on reçoit les avertissements, où l’on prend des engagements de foi ; elle est le lieu de la responsabilité et du repos, du combat et de la sécurité, le lieu où l’on s’attend à la fidélité de Dieu au milieu de son peuple !

" Sitôt après la pastorale de Crest (1922) où le réveil débutant toucha les pasteurs, Henri EBERHARDT de retour dans son église de Dieulefit, reprit la série de prédications sur les prophètes qu’il avait commencée. Alors qu’il préparait sa prochaine prédication, s’est imposé à lui l’idée que ses messages étaient plus des conférences ou des études que des proclamations de la souveraineté de Dieu et de ses exigences. Il compris qu’il ne pouvait plus prê- cher comme avant. En chaire, et après avoir dit quelques mots sur la pastorale, il annonça que le réveil était arrivé. Comme les gens ne comprenaient pas bien,, le pasteur précisa Vous allez voir vous-même le réveil éclater. Je vais descendre de la chaire, je m’en vais retourner aui Presbytère ; j’ai déposé dans la petite salle à côté, sur la table, un cahier, et tous ceux qui comprennent que Dieu ne se contentent pas de ce qu’ils sont, qui sont déses- pérés d’eux-mêmes et qui désirent que tout change, iront inscrire leur nom sur le cahier.

Personne ne bougea dans l’auditoire, puis tout à coup quelqu’un se leva, suivi d’un deuxième. Cinquante paroissiens vinrent finallement signer le registre. Dans les jours qui suivirent, quel- qu’un vint au Presbytère demander que l’on effaça son nom du registre, parcequ’il avait été entraîné par le mouvement de la foule et regrettait maintenant sa signature. Mu par une inspi- ration d’en-haut, le pasteur qui avait le cahier à la main le tendit en présentant également une s’écroula, demanda pardon à Dieu et maintînt son nom sur la liste". (cité par Jean 90). CADIER, dans son livre : Le Matin Vient, 19--.

"Reconnaître la présence du St Esprit sur chaque réunion ; reconnaître qu’il en a la charge, qu’il a un plan pour ce service, qu’Il peut incliner plusieurs membres de l’Eglise pour y par- ticiper... Dans les réunions de Réveil, tout fidèle peut et doit prendre part, même si la chose lui semble à lui insignifiante et sans importance. C’est Dieu qui opère en nous le vouloir et le faire". Evan ROBERT (Réveil du Pays de Galle, cité dans Le Matin Vient, dèc. 1925).

 

On pourrait citer d’autres doctrines et leurs implications pour les réformes, personnelles et communautaires. Qu’est-ce qu’un réveil, sinon l’acceptation d’une réforme profonde de notre être par la grâce et la puissance de Dieu ?

"Loin de constituer un obstacle au Grand Réveil, la doctrine calviniste était au coeur de ce mouvement... Les fondements-mêmes de leur prédication (la doctrine de la corruption qui atteint toute créature humaine et l’entière souveraineté de Dieu) furent les éléments qui déclenchèrent le Réveil".(John Mc ARTHUR, sur le grand Réveil du 17° siècle en Amérique du Nord, du livre "La bénédiction de Toronto à la lumière de la Bible". Maison de la Bible 1995).

(Voir la 5° proprosition, en annexe).

 

Je citerai ici cet autre principe important de la Réforme, dynamique s’il en est : l’Eglise naît de la prédication fidèle de la Parole de Dieu. "Ce n’est pas l’Eglise qui fait la prédication, c’est la prédication qui fait l’Eglise".

"Selon la Réformation, l’Eglise est une création par la Parole de Dieu. Elle cesse d’être une église, lorsqu’elle abandonne la Parole de Dieu" (art.19 des "95 Thèses pour la Réformation Aujourd’hui" - (C.F.T.1996).

En ce sens, réveil et réforme ne sont qu’un retour à l’être et à la vie normale de l’Eglise.

"L’Eglise n’est pas un désert qui "attend les bénédictions divines", mais plutôt un jardin qui a besoin des soins constants du jardinnier. Elle est une vigne, et non un désert".

Evan ROBERT (Le Matin Vient, 1° dèc. 1925, sur Les causes du réveil).

 

Nous retiendrons enfin l’importance de la prédication, qui ne doit pas négliger l’enseignement, mais qui ne se limite pas à un enseignement qui adresse appel ! Pas seulement un message sur Dieu, mais aussi de la part de Dieu ; pas seulement prêcher sur la Parole, mais aussi prêcher la Parole. Pas seulement didactique, mais aussi prophétique !

(voir la 6° proposition, en annexe)

 

Attention de ne pas nous mettre en avant, de ne pas devancer ou dépasser l’oeuvre de Dieu ! Attention de ne pas nous tenir en retrait non plus. Attention de ne pas nous appuyer sur la souveraineté de Dieu pour excuser le peu de réforme, le manque de réveil ; une manière de rendre Dieu responsable... Attention de ne pas demander à Dieu de faire ce que lui nous a demandé de faire à nous la foi en action, à nous l’humiliation et la repentance, à nous le désir ardent de voir sa puissance à l’oeuvre, à nous la sensibilité à sa direction, l’obéissance et le zèle. "Celui qui m’aime, dit Jésus, garde mes commandements" (Jean 14.21 ; 1 Jean 5.3).

"Dieu n’a pas changé, c’est nous", ont dit les Brigadiers de la Drôme. Si nous acceptons et vivons ces vérités, - et pourquoi ne les vivrions-nous pas ? - Dieu restera-t-il en retrait ? N’accomplira-t-il pas sa part ? Ne remplira-t-il pas l’espace qui lui est offert ? N’utilisera-t-il pas ceux qui s’en remettent réellement à Lui ?

 

Attention de ne pas nous mettre en avant, de ne pas devancer ou dépasser l’oeuvre de Dieu ! Attention de ne pas nous tenir en retrait non plus. Attention de ne pas nous appuyer sur la souveraineté de Dieu pour excuser le peu de réforme, le manque de réveil ; une manière de rendre Dieu responsable... Attention de ne pas demander à Dieu de faire ce que lui nous a demandé de faire à nous la foi en action, à nous l’humiliation et la repentance, à nous le désir ardent de voir sa puissance à l’oeuvre, à nous la sensibilité à sa direction, l’obéissance et le zèle. "Celui qui m’aime, dit Jésus, garde mes commandements" (Jean 14.21 ; 1 Jean 5.3).

"Dieu n’a pas changé, c’est nous", ont dit les Brigadiers de la Drôme. Si nous acceptons et vivons ces vérités, - et pourquoi ne les vivrions-nous pas ? - Dieu restera-t-il en retrait ? N’accomplira-t-il pas sa part ? Ne remplira-t-il pas l’espace qui lui est offert ? N’utilisera-t-il pas ceux qui s’en remettent réellement à Lui ?

"Il accorde, au contraire, une grâce plus excellente ; c’est pourquoi l’Ecriture dit Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. Soumettez-vous donc à Dieu ; résistez au diable, et il fuira loin de vous. Approchez-vous de Dieu, et il s’apporchera de vous. Nettoyez vos mains, pécheurs ; purifiez vos coeurs, hommes irrésolus. Sentez votre misère ; soyez dans le deuil et dans les larmes ; que votre rire se change en deuil et votre joie en tristesse. Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera". (Jacques 4.6-10).

Le dernier mot (upsoô) signifie exalter, mettre en honneur, élever jusqu’aux cieux .

 

Réforme - Réveil questionnaire

Fête de l’Evangile - La Grand’Combe 18 oct.1998

 

Il est préférable de sélectionner 2 ou 3 questions plutôt que de chercher à les examiner toutes !

1. "L’hérétique, c’est celui-là qui, dans la Parole, choisit, si peu que ce soit, la vérité conforme à ses circonstances et à celles de son époque, à son esprit, à son tempérament." Jean Cadier

- Quelles sont, selon vous, les principales "hérésies" de notre époque, qu’une réforme et/ou qu’un réveil devraient dénoncer ?

 

2. "Il y a un lien entre doctrine et spiritualité. La doctrine est première, mais sans utilité si elle n’est pas mise en pratique grâce à une spiritualité vivante. Il n’est pas exagéré de dire qu’on ne connaît bien une chose que si on la pratique." Paul Wells (*)

- Selon vous, où se trouve plutôt la faiblesse aujourd’hui dans la fidélité des doctrines (enseignement soumis à l’Ecriture ?) ou dans la mise en pratique (application de l’enseignement) ? Comment remédier à cette faiblesse ?

 

3. La multiplication des sectes nous fait songer à certaines lacunes dans le témoignage et la vie des églises. Lesquelles ?

La crainte de "passer pour une secte" peut produire certaines retenues, ou même certains blocages dans le comportement des chrétiens et des églises. Voyez-vous lesquels ? Comment les dépasser ?

 

4. "Ainsi l’Eglise ne peut se contenter d’être un refuge pour les âmes meurtries, pas même une école de sanctification. Elle doit être aussi un foyer d’où jaillissent les étincelles de vie." Jean Cadier

- L’action sociale et la piété individuelle ne sont pas les seules - ni même les principales - raisons d’être de l’Eglise. Quelle(s) autre(s) vocation(s) ou mission(s) de l’Eglise faudrait-il rappeler aujourd’hui ?

 

5. "Il faut, dans la vigne du Seigneur, des pousses audacieuses, il faut des rénovateurs, des hommes de réveil, des prophètes ; seulement voilà, il faut qu’ils agissent dans le cadre de l’Eglise, afin qu’ils ne tombent pas." Pierre Guelfucci (Synode E.R.E.I. 1968)

- Les mots renouveau, réforme, réveil, sont souvent conjugués avec les mots séparation ou même division. Comment maintenir la double vision de la fidélité et de l’unité ?

 

6. "L’étude des saintes Ecritures n’a jamais été un but, une fin en soi. L’étude des saintes Ecritures est un moyen, l’un des plus bénis, des plus sûrs, des plus merveilleux, de nous mettre à l’école de Dieu, à l’unisson de ses pensées, sous l’influence de son Esprit." Antomarchi (Le Matin Vient, 1926)

Comment voyez-vous un renouveau (des ministères ?) dans l’Eglise, qui permettrait de dépasser ces deux dangers qui menacent l’intellectualisme et le sentimentalisme ?

Ch.N.

(*) "Le renouveau possible de l’Eglise", P.Wells (Ed.. Kerygma - 33, av.J.Ferry - 13100 Aix en Pce - 15 F.)