Confrontation "sympathico-critique" de la théologie réformée confessante avec quelques grands courants théologiques contemporains Pasteur Vincent BRU (en construction...)
Nous
vivons aujourd’hui une crise du savoir théologique et de la
connaissance religieuse. Il n’est pas rare de lire sous la plume de théologiens réçent que le contraire de la foi n’est pas le doute, mais le savoir. L’objectivité - l’"objectivisation" -, en particulier en matière de dogme, est volontiers conçue, dans cette perspective, comme l’ennemi à combattre, celle-ci étant contraire à la vraie foi, définie essentiellement comme rencontre existentielle avec Dieu. La connaissance de Dieu est conçue comme se situant au-delà du langage et de la raison, celle-ci ne pouvant que reconnaître son incapacité en face des réalités spirituelles, qui échappent à la perception des sens. « Le fini n’est pas capable de l’infini » ! Cette formule d’Augustin - tirée d'ailleurs de son contexte - est désormais devenue un adage classique de la théologie moderne. La « différence qualitative infinie entre le temps et l’éternité » - formule kierkegaardienne - marque la rupture moderne entre la foi et la raison, et conséquemment à cela l’impossibilité d’avoir une connaissance objective de Dieu, dans les catégories du langage humain. Dans ce climat théologique moderne, dont l’apport à l’histoire de la théologie protestante n’est certes pas à sous-estimer, la théologie calviniste, remise à l'honneur en France dans les années 30 par Auguste Lecerf - longtemps professeur de dogmatique réformée à la Faculté de théologie protestante de Paris -, et représentée notamment aujourd'hui en France par la Faculté libre de théologie r éformée d'Aix-en-Provence, peut paraître insignifiante. Sans doute l'influence d'Auguste Lecerf, dans le débat théologique, se serait-elle fait sentir beaucoup plus si son illustre contemporain que fut Karl Barth, et sa théologie dialectique -ou « néo-orthodoxie »- n’avaient pas gagné l’adhésion de la plupart des chaires de théologie de l’époque en Europe. L’impact de la pensée d’Auguste Lecerf n’en demeura pas moins cependant important chez bon nombre d’étudiants en théologie, de pasteurs et de théologiens, au premier rang desquels il faut mentionner les pasteurs Pierre Courthial, doyen honoraire de la FLTR d’Aix-en-Provence, et Pierre Marcel, fondateur de La Revue Réformée et de la Société Calviniste Française. Comme le fait remarquer André Schlemmer, disciple et ami d’Auguste Lecerf : « Quand Dieu rappela à lui son serviteur en 1943, celui-ci avait vu la bénédiction divine s’étendre sur son labeur. Il n’était plus le seul défenseur d’une cause perdue ! Il était le chef d’un mouvement vivace, qui renversait irrésistiblement et promptement toutes les positions du modernisme régnant. Presque toute la jeunesse qui sortait des Facultés de Théologie de France et de Genève s’affirmait Calviniste. L’Eglise Réformée de France revenait à sa tradition, et ceux qui faisaient figure de survivants n’étaient certes pas ceux qui pensaient avec Auguste Lecerf. »[1] Dans son Introduction à la Dogmatique
Réformée, Lecerf consacre une partie non négligeable de son exposé
à confronter son système théologique aux idéologies et aux théologies
en vogue de son temps. La tâche apologétique, telle que la concevait
Lecerf, doit nécessairement comporter ce dialogue critique
avec d’autres systèmes théologiques. A ce titre, il est probable que si
Lecerf revenait aujourd’hui, il trouverait le débat
théologique bien pauvre, et s’en désolerait. Ecclesia reformata
et semper reformanda ! Le débat d’idées,
lorsqu’il sait demeurer courtois et respectueux des convictions
d’autrui, s’avère d’une impérieuse nécessité pour la vitalité
de la foi et l’édification de l’Eglise et de la pensée théologique.
C’est la raison pour laquelle nous nous proposons dans cet article de
confronter la théologie calviniste telle que la remise à l'honneur Auguste
Lecerf à quelques grands courants théologiques contemporains, en
adoptant à leur égard une attitude à la fois de sympathie et de
critique, selon l'adage de l'Apôtre Paul : " Examinez toutes
choses, retenez ce qui est bon " !
1. Auguste Sabatier et l’Ecole "symbolo-fidéiste" (théologie dite "libérale" représentée aujour'hui par la Revue "Evangile et Liberté" et le Site "TheoLib") Sympathie :
Critiques :
Sympathie :
Critiques :
3. Bonhoeffer et la théologie de la sécularisation
Sympathie :
Sympathie :
Sympathie :
Critiques :
Sympathie : Dieu n’est pas étranger à l’Histoire, il n’est pas insensible
- rejoint la théologie de l’incarnation et de la Croix chère aux Réformateurs. Critiques : un Dieu qui serait en perpétuelle évolution mériterait-t-il encore
d’être appelé « Dieu » ? Le Dieu de la Bible est
parfait, et immuable. Confession de la Rochelle, article I
: « Nous croyons et confessons qu'il y a un seul Dieu, qui est une
seule et simple essence, spirituelle, éternelle, invisible, immuable,
infinie, incompréhensible, ineffable... ». Poser le principe de
l’évolution comme moteur premier de l’histoire nous parait
arbitraire et fortement contestable.
Synthèse : Sympathie : De façon générale on peut dire que les théologies modernes ont cherché, chacune à leur façon, à établir des ponts entre le monde de la Bible et le monde contemporain, entre la foi chrétienne et la culture moderne. Ce qui est visé, c’est l’universel. On
ne se satisfait plus du particularisme strict des anciens. La théologie
doit être englobante, et l’Eglise doit pouvoir avoir son mot
à dire dans tous les domaines de la vie, sans faire figure de fossile
de l’histoire. Critiques : Ces tentatives de contextualisation de l’Evangile se sont souvent faites au détriment de la vérité biblique et de la foi chrétienne historique - négation de la divinité du Christ, du dogme trinitaire, de l’historicité de la Chute, de la doctrine de l’expiation, dévaluation de l’autorité biblique, etc. Le risque est de perdre de vue l’inattendu de l’Evangile, et la rupture nécessaire que la foi chrétienne impose au monde du fait de sa situation spirituelle « en Adam ». Le schéma biblique fondamental est Création-Chute-Rédemption. C’est là l’un des traits distinctifs du christianisme historique. Il ne faut pas confondre l’humanisme et le christianisme. Une théologie anthropocentrique ne saurait réponde au besoin fondamental de tout homme, qui est la réconciliation avec Dieu, le Salut, qui passe par la conversion de la pensée, dans la reconnaissance de l’autorité souveraine et normative -objective !- de la Parole de Dieu, la Bible (Sola Scriptura).
Soli Deo Gloria ! Tel doit être, dans une juste
perspective réformée, le principe discriminatif de la théologie : théocentrique,
et non pas anthropocentrique. « Dieu seul parle bien de
Dieu » ! La théologie se doit d’être servante de l’Ecriture,
à l’écoute de l’Ecriture, autrement, elle perd de vue sa raison
d’être et sa vocation.
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