Prédication sur 1 Rois 19

" Elie au mont Horeb "

Pasteur Vincent BRU

 

Textes : 1 Rois 19 : 1-8 " Elie au mont Horeb "

Jean 6 : 41-51 " Le mystère de l’élection "

Eph. 4 : 30-5 : 2 " N’attristez pas le Saint-Esprit "

 

Chers frères et soeurs en Christ, c'est une joie et un privilège pour moi que de pouvoir vivre ce culte parmi vous, alors que nous sommes engagés déjà dans la nouvelle année, et qu'il nous est donnés à cette occasion, de nous souvenir de la fidélité de Dieu envers nous, son peuple, le troupeau que sa main chérit.

Oui ! Le Seigneur et fidèle, quand bien même il nous arrive de manquer de foi et d'enthousiasme, parfois, et quand bien même nous oublions si facilement les bienfaits que sa main nous dispenses jour après jour.

Il est vrai que nous sommes volontiers enclins au refroidissement et à la lassitude quant aux choses qui regarde le royaume de Dieu.

Comme Élie, nous connaissons l'enthousiasme de la foi, mais aussi le doute et le découragement.

Les difficultés et les épreuves que nous traversons parfois, en tant qu'Église et en tant que chrétiens dans la société, constituent autant d'obstacles que, par nous-mêmes nous avons bien de la peine à surmonter.

Et il est bon dans ces moments-là, de se souvenir de ces géants de la foi, de ces humbles croyants de l'A.T., comme aussi du Nouveau, qui, comme Elie, témoignent de l'étonnante sollicitude du Seigneur envers les siens.

Comme Elie, nous connaissons l’enthousiasme de la foi, mais aussi le doute et le découragement.

 

I. Le découragement d’Elie

Elie fait figure, dans la Bible, de champion de la foi, le feu de Dieu l’habite, et il semble que rien ne puisse faire obstacle à son zèle pour la cause de l’Eternel, son Dieu, auquel il est tout entier consacré.

Et pourtant, à l’épisode du Carmel où Elie défie les prophètes de Baal, et montre la supériorité évidente du Dieu d’Israël sur les fausses divinités cananéennes, à l’épisode du Carmel fait suite celui du mont Horeb, où l’on voit Elie en proie à la désillusion, au point où il s’écrit : " C’en est trop ! Maintenant, Eternel, prend ma vie, car je ne suis pas meilleur que mes pères. "

Elie connaît le découragement.

Achab, le roi d’Israël, influencé par sa femme Jézabel, en veut à sa vie.

Le sacrifice du mont Carmel, l’exécution des prêtres de Baal, n’ont pas rendu les autorités du pays plus conciliantes, et le peuple continue à offrir un culte aux faux dieux.

Alors Elie retourne aux sources de la foi, au désert et au mont Horeb, autre nom pour désigner le mont Sinaï où Moïse et le peuple hébreu avait reçu la Loi.

Elie retourne au désert à la rencontre de son Dieu.

Comme Job, il souhaite interpeller Dieu, le questionner, car il voudrait comprendre.

Comment, si Dieu est vraiment Souverain, s’il est vraiment le Maître de l’Histoire, comment donc les choses continuent à être ce qu’elles sont ?

Pourquoi le peuple refuse-t-il de se détourner de ses illusions vaines, pour revenir à Dieu et à son Alliance ?

Dieu n’a-t-il pas pourtant déjà manifesté sa puissance ?

N’a-t-il pas déjà prouvé sa supériorité sur les fausses divinités cananéennes et des peuples d’alentours ?

Alors comment se fait-il que les choses continuent à être comme avant ?

Elie se trouve devant le silence de Dieu, le silence du sens.

Alors il se retire dans le désert, dans la solitude, un peu comme nous sommes nous-mêmes tenté de le faire lorsque la vie nous pèse trop, et que nous cherchons refuge dans le silence et dans l’isolement, en attendant le secours d’en haut.

 

II. Le secours d’en haut

Car nous savons bien que le secours dont nous avons besoin ne peut, en définitive, venir que d’en haut.

Notre soif d’éternité nous empêche de trouver notre entière satisfaction dans les choses passagères de ce monde.

Il faut bien donc que Dieu parle, que Dieu nous parle.

Il faut bien que la vie est un sens, et que Dieu lui-même nous le révèle, ce sens, cette raison d’être, le pourquoi des choses et des évènements de notre vie.

Elie s’est endormi sous un genêt, là, au milieu du désert.

Et voici qu’un ange, par deux fois, le touche et lui dit : Lève-toi, mange, car le chemin serait trop long pour toi.

Alors, nous dit le texte, Elie se leva, mangea et bu, et avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits, jusqu’à la montagne de Dieu, à Horeb.

Le point important ici, me semble-t-il, c’est que ce n’est que lorsque Elie s’est assoupi, lorsqu’il s’est abandonné entièrement entre les mains de son Dieu, lorsqu’il a touché le fond et qu’il a cessé de lutter et de questionner Dieu, que Dieu répond à son cri de détresse et pourvoit à ses besoins.

Certes, le retour aux sources d’Elie, sa quête de Dieu n’en est pas pour autant terminée, car il lui faudra maintenant aller jusqu’au mont Horeb, la montagne de la Révélation, où Dieu apparaîtra à Elie sous la forme d’un doux murmure, et où il lui fera connaître son dessein, avec cette promesse : " Je laisserai en Israël sept milles hommes, tous ceux qui n’ont pas fléchi les genoux devant Baal, et dont la bouche ne l’a pas embrassé. " (v. 18)

Elie s’est attendu à Dieu, il a recherché sa face dans la solitude du désert, il a supplié Dieu de lui répondre, et Dieu lui a répondu.

Quelques temps auparavant Elie, s’adressant à la foule idolâtre, s’était écrié : " jusqu’à quand clocherez-vous des deux côtés ? Si l’Eternel est Dieu, ralliez-vous à lui ; si c’est Baal, ralliez-vous à lui ! Je suis resté moi seul prophète de l’Eternel, et il y a quatre cent cinquante prophètes de Baal " (18 : 21s). 

Et voici que maintenant Dieu dit à Elie qu’il s’est réservé sept mille hommes qui n’ont pas fléchi les genoux devant Baal.

Elie s’imaginait être le seul à rester fidèle à l’Alliance de l’Eternel, et voici que Dieu lui fait une révélation surprenante, il est vrai : " Non Elie, détrompe-toi, j’ai la situation bien en main, et le moment viendra où je ferai éclater ma puissance et où tous reconnaîtront que je suis l’Eternel, le seul vrai Dieu. "

 

III. D’Elie à Jésus-Christ : le mystère de l’élection

Alors bien sûr, cet épisode de la vie du prophète Elie ne manque pas de nous interpeller, car, au fond, qui d’entre nous n’a jamais connu le découragement et le doute ?

Qui d’entre nous n’a jamais souhaité questionner Dieu sur ce qu’il faisait, sur ses desseins mystérieux, sur l’avenir qu’il réserve à son peuple, à l’Eglise, et à nous-mêmes.

Il nous arrive aussi de nous laisser décourager par la situation actuelle de l’Eglise et du monde.

L’avenir ne nous paraît pas toujours très reluisant, et il nous semble parfois que nous sommes bien peu nombreux à maintenir le flambeau de la foi dans un monde qui, comme les Israélites du temps d’Elie, semble bien avoir oublié son Dieu, et ne plus se souvenir de son Alliance.

Nombreux parmi ceux qui se réclament encore de la foi chrétienne sont tentés de déserter le bon combat, et le noyau de chrétiens vraiment engagés dans la vie de leurs communautés de diminuer d’années en années.

Alors faut-il, comme Elie avant d’avoir à nouveau rencontré Dieu à Horeb, baisser les bras, et abandonner la course ?

Certainement pas !

Et l’exemple d’Elie nous montre la voie à suivre.

Il s’agit, lorsque nous sommes tentés de nous décourager, de nous arrêter dans l’agitation de nos vies, et de retourner aux sources de la foi, de s’attendre à Dieu, dans un véritable face à face avec celui-ci.

Il s’agit de se rappeler sans cesse les affirmations de l’Ecriture quant à la souveraineté de Dieu, qui dirige toutes choses et qui a la situation bien en main, malgré les apparences.

Et à bien y réfléchir, n’est-ce pas là aussi le message de l’Evangile selon Jean que nous avons lu ?

" Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi, dit le Christ.

Et encore : " Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé, ne l’attire ; et je le ressusciterai au dernier jour " (6 : 44 et 45).

C’est là, frères et sœurs, le grand et beau mystère de l’élection, le mystère du don du salut et de la foi à tous ceux que le Père attire à lui, par grâce, comme aux temps du prophète Elie où l’Eternel s’était réservé sept milles hommes qui n’avaient pas fléchi les genoux devant Baal.

Oui ! Dieu a encore un peuple nombreux sur la terre, et aussi dans ces Cévennes, jadis bastion de la foi.

Il faut bien le croire, au-delà des apparences.

Et c’est pourquoi nous pouvons nous réjouir ensemble et être remplis d’espérance, car le Christ règne, il est le même hier, aujourd’hui, et éternellement, et il fait toutes choses nouvelles, selon sa promesse.

Alors s’il en est ainsi, et au moment où nous voulons vivre cette journée d’Eglise, faisons nôtre l’exhortation de l’Apôtre Paul : " N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption … Soyez bons les uns avec les autres, compatissants, faites-vous grâce réciproquement, comme Dieu vous a fait grâce en Christ. "

C’est là, chers amis, ce à quoi nous sommes invités, aussi en ce temps de fête.

Que la perspective du Royaume qui vient, et qui est déjà là, et l’assurance de la présence bienveillante et agissante du Christ Seigneur, remplissent nos cœurs d’une joyeuse espérance, et nous donnent de vivre, jours après jours, l’aujourd’hui du Règne de Dieu, jusqu’à ce qu’il vienne.

 

Amen !