Prédication à l’occasion du Synode régional des EREI
Languedoc-Cévennes

Le Vigan, 6 décembre 1998

par Pasteur Vincent BRU

 

Textes : Esaïe 5 : 1-7 : " Israël, la vigne du Seigneur "
Héb. 12 : 1-2 : " Les yeux fixés sur Jésus ! "
Jn 15 : 1-17 : " La vraie vigne "

Cantique N° 601, les trois strophes.

" Moi, je suis la vraie vigne " !

Cette parole du Seigneur ne manque pas de nous interpeller au moment où nous venons de vivre le Synode régional de notre Union, et au moment où nous sommes invités à réfléchir ensemble sur notre identité et sur notre vocation en tant qu’Eglise et en tant que chrétien.

Comme chaque année, ces moments de réflexions sont l’occasion, pour nous, de faire le point sur la situation de nos paroisses, sur leur avenir, comme aussi sur leur rayonnement au sein de notre région Languedoc-Cévennes.

Ce que nous souhaitons pour nos communautés paroissiales, c’est qu’elles se développent, qu’elles croissent toujours davantage, et qu’elles portent du fruit en abondance.

Et cependant, la réalité de nos situations, souvent difficiles, nos manques de moyens, les difficultés financières que nous connaissons parfois, sont autant d’occasions de nous faire perdre courage, et de baisser les bras.

La distance qui sépare l’idéal d’Eglise que nous pouvons avoir et les situations réelles et concrètes que nous connaissons peut en décourager plus d’un.

Dans ce contexte, le texte de l’Evangile que nous avons lu, nous encourage à aller de l’avant, et à relever le défi de la foi, sachant bien que notre force et notre dynamisme, notre vitalité dépendent, en définitive, de notre seul enracinement en Christ, la vraie vigne, et le Chef de l’Eglise.

" Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père et le vigneron " !

 

I. L’Eglise, la Vigne du Seigneur (Es. 5)

Déjà, dans l’Ancien Testament, le peuple de Dieu est dépeint comme la vigne du Seigneur.

Le peuple d’Israël est telle une vigne dont le propriétaire, c’est-à-dire Dieu lui-même, prend un tendre soin.

" Qu’y avait-il encore à faire à ma vigne que je n’ai pas fait pour elle ? ", lisons-nous au chapitre 5 du livre du prophète Esaïe.

Dans le Psaume 80 Israël est présenté comme la vigne que le Seigneur a arrachée de l’Egypte pour la planter dans une bonne terre, la terre promise : " Tu avais arraché de l’Egypte une vigne ; tu as chassé des nations et tu l’as plantée. Tu as fait place nette devant elle : elle a enfoncé ses racines et rempli le pays ; les montagnes étaient couvertes de son ombre, et sa ramure était comme des cèdres de Dieu ; elle étendait ses rameaux jusqu’à la mer et ses rejetons jusqu’au fleuve. " (Ps. 80 : 9ss)

De même, dans le livre du prophète Jérémie, au chapitre 21, Dieu dit à propos d’Israël : " Je t’avais plantée comme une vigne excellente, d’un plant d’une qualité tout à fait sûre. " (verset 21)

Tel est le Dieu d’Israël : tel un vigneron, il n’a de cesse de prodiguer ses soins à sa vigne, afin qu’elle porte toujours plus de fruits.

Et tel est aussi notre Dieu, à nous, Eglise de ce XXème siècle finissant.

Le témoignage de l’histoire, de l’histoire de l’Eglise, comme aussi celle de notre Union, illustre cette grande et belle vérité de la providence de Dieu à travers les siècles, le tendre soin que le Seigneur prend de nous, son peuple, qui met tout en œuvre afin que nous portions du fruit, et afin de nous assurer la victoire.

Il n’est que de considérer le nombre de pasteurs actuellement en exercice au sein de l’Union, le nombre de Conseillers Presbytéraux et de responsables d’Eglise, qui ne lésinent pas sur leurs temps pour la marche de leurs communautés paroissiales,

il n’est que de considérer les lieux de formation aux différents ministères, et la qualité de leur enseignement, avec en particulier la Faculté de théologie d'Aix-en-Provence,

pour se persuader de l’étonnante bonté et générosité de notre Dieu, qui n’a de cesse de nous dispenser ses bienfaits, et de nous prodiguer ses tendres soins.

Le Seigneur nous fait tous ces " cadeaux ", afin que nous puissions aller de l’avant, et que le témoignage de l’Eglise rayonne partout dans le monde.

Seulement voilà, force est de constater que nous ne portons pas toujours les fruits que nous devrions porter.

Comme le peuple d’Israël, dont l’Ecriture nous dit que c’est un peuple " à la nuque raide ", il faut bien avouer que nous sommes nous-mêmes souvent loin de réaliser la vocation que le Seigneur nous a confiée.

L’Eglise est la vigne du Seigneur, et à ce titre, il est normal de s’attendre à voir celle-ci porter du fruit avec abondance, étant donné le soin particulier que le Seigneur prend des siens.

Mais la réalité des faits est souvent tout autre.

Nombreuses, en effet, sont nos paroisses, qui connaissent des difficultés, et qui semblent parfois " rouler " seulement par la vitesse acquise, et qui, faute de locomotive, faute de renouvellement, envisagent péniblement leur avenir.

Alors que faut-il faire ?

Quelle est la " recette miracle " pour que " ça marche ", pour que rayonne vraiment partout dans le pays, et dans notre région, le témoignage chrétien, et la vie de nos communautés ?

 

II. Jésus, la vraie vigne (Jn 15)

La préoccupation de beaucoup de chrétiens aujourd’hui, c’est de savoir ce qu’il convient de faire pour l’accroissement de l’Eglise.

On nous dit qu’il suffit de faire ceci ou cela, de travailler à la visibilité de l’Eglise, de se préoccuper des différents problèmes sociaux, en s’efforçant de faire entendre sa voix.

On nous dit qu’il suffit de changer nos manières de faire, de changer de " look ", afin d’attirer le plus grand nombre, en faisant preuve de davantage d’ouverture, de tolérance, d’indulgence..

Car, dit-on, si l’Eglise va mal aujourd’hui, c’est sans aucun doute qu’elle n’a pas su suffisamment s’adapter à son époque, à la mentalité ambiante, à la société sécularisée qui est la nôtre.

L’Eglise et les chrétiens auraient donc tout intérêt à sortir des sentiers battus d’un Evangile jugé trop poussiéreux, parce que trop ancien, et à inventer un nouveau langage qui parle aux gens, et qui les interpelle dans leur situation présente.

Et c’est ainsi que l’on consacre énormément de temps et d’argent à s’investir dans toutes sortes de projets, à discuter à n’en plus finir sur tel ou tel sujet d’actualité, sur les nouveaux moyens de communications à prendre en considération, sur les activités susceptibles d’intéresser un public désabusé par les choses de la foi.

Loin de moi de remettre en cause l’intérêt que peut représenter ce genre de réflexion quant aux modalités du témoignage chrétien dans le monde d’aujourd’hui.

Mais il me semble que ce à quoi le Seigneur nous invite d’abord, et avant tout autre chose, c’est à nous préoccuper tout simplement de notre relation à Lui, de notre communion de vie avec le Christ, communion dont dépend tout le reste.

Je lis au verset 4 de l’Evangile selon Jean : " Demeurez en moi, comme je demeure en vous ! De même que le sarment, s’il ne demeure sur la vigne, ne peut de lui-même porter du fruit, ainsi vous non plus si vous ne demeurez en moi. "

Et au verset 5 : " Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. "

Vous voyez que, dans la perspective biblique, le problème de l’efficacité du témoignage chrétien et de la croissance de l’Eglise n’est pas tant de l’ordre du faire, mais bien plutôt de celui de l’être.

Ce qui compte, en définitive, eu égard à notre vocation, ce n’est pas tant ce que nous faisons que ce que nous sommes.

Ce qui compte, c’est que l’Eglise soit vraiment l’Eglise, c’est-à-dire un peuple saint, un peuple de prêtres où chacun ait véritablement conscient de son appartenance au Christ, et vit de sa vie.

Ce qui compte aux yeux de Dieu, c’est le fait que nous soyons unis vraiment au Christ, comme les sarments sont attachés à la vigne, de sorte que nous puissions porter du fruit à sa gloire.

En effet, le Christ ne nous invite pas dans notre texte à faire ceci ou cela, il n’établit pas un programme d’action pour ses disciples, mais il dit simplement : " Demeurez en moi " !

J’aime assez le propos de Calvin à cet égard : " Nous sommes stériles et secs de nature, si étant entés en Christ, nous ne puisons et ne tirons pas de lui une nouvelle vigueur provenant d’ailleurs que de nous. "

Par nous-mêmes, frères et sœurs, nous ne pouvons rien faire, nous sommes incapables de répondre à la vocation que le Seigneur nous adresse.

Au regard de nos petites capacités, nous ne pouvons que dire, avec l’Apôtre Paul : " Qui est suffisant pour ces choses ? " (2 Cor. 2 : 16)

La vocation que le Seigneur nous adresse est bien trop grande, bien trop élevée pour que nous puissions, sans autre aide, la réaliser.

Car il y a quelque chose d’inouï et d’insensé dans le projet de Dieu pour l’Eglise et pour le monde, du moins à vues humaines.

Et tout comme les israélites dans le désert, du temps de l’Exode, nous sommes volontiers tentés, devant les difficultés rencontrées sur le chemin, de faire marche arrière, en oubliant que la terre promise est devant nous, et en oubliant que c’est le Seigneur qui nous porte, et qui nous assure de la victoire.

" Et voici, dit le Christ, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde " !

C’est sur cette présence du Christ, invisible certes, mais non moins réelle, que repose en réalité, l’efficacité et la vitalité de l’Eglise et du témoignage chrétien.

Mais encore faut-il que nous vivions chacun de cette présence, encore faut-il que nous demeurions vraiment attachés à Jésus-Christ, et que nous vivions de sa Parole et de ses dons.

Car autrement, il serait bien vain de croire pouvoir porter du fruit et connaître la bénédiction d’en haut.

Pour reprendre l’image de la vigne, les grappes de raisins ne sont que le résultat, l’aboutissement pourrait-on dire, de l’attachement des sarments à la vigne, dont ils tirent tout ce qui leur est nécessaire pour produire de bons fruits.

Les sarments n’ont rien d’autre à faire que de rester attachés à la vigne, la qualité des grains de raisins ne dépendant, en définitive, que de la qualité du terrain, et de l’entretien de la vigne par son propriétaire.

De même, nous n’avons, nous Eglise de Jésus-Christ, rien d’autre à faire, en un sens, que de demeurer attachés au Christ, en vivant de sa Parole et de sa vie, dans la communion du Saint-Esprit, en sachant bien que Dieu met tout en œuvre pour que sa vigne porte du fruit en abondance.

C’est dans la mesure de l’amour que nous portons envers Jésus-Christ, de notre attachement aux choses d’en haut, aux réalités de la foi, que nous pouvons nous attendre à de grandes choses, bien au-delà de nos espérances.

 

III. Les yeux fixés sur Jésus ! (Héb. 12)

Que le renouveau et la vitalité de l’Eglise dépendent de notre attachement à Jésus-Christ, c’est aussi ce que l’auteur de l’Epître aux Hébreux affirme en nous exhortant de la sorte : " Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est l’auteur de la foi et qui la mène à la perfection. " (Héb. 12 : 1s)

Avoir les yeux fixés sur Jésus, c’est cela demeurer en Christ.

Demeurer en Christ, c’est accepter de ne plus regarder à notre propre personne ou à nos intérêts humains, c’est accepter de ne plus céder aux caprices de notre cœur, et aux sollicitations de ce monde, à la tentation du pouvoir et au souci de respectabilité intellectuelle, pour s’abandonner entièrement à Dieu, en rapportant tout à sa gloire.

Demeurer en Christ, c’est tout simplement reconnaître que nous ne pouvons rien sans Lui, et que c’est fort de sa force à lui, que nous pouvons répondre à son appel, et que nous pouvons vaincre toutes nos craintes et tous nos doutes.

Certes, à vues humaines, nous avons bien des raisons et bien des occasions de nous décourager.

La course dans laquelle le Christ nous introduit n’est pas sans difficultés ni sans embûches.

Nous vivons aujourd’hui dans un tel climat d’incrédulité et de doute, de relativisme et d’amoralisme, qu’il nous est sans doute plus difficile qu’autrefois de maintenir le cap de la foi, de " la foi transmise aux saints une fois pour toutes ".

Les vents nous sont contraires, et il nous faut redoubler d’effort, toujours, avec, le plus souvent, il faut bien l’avouer, de bien maigres résultats.

Le phénomène de la sécularisation, avec l’indifférence religieuse qui en résulte chez bon nombre de nos contemporains, nous rend plus ardue encore la tâche que le Seigneur confie à l’Eglise.

Comme l’affirmait récemment l’écrivain russe orthodoxe Alexandre Soljenitsine, ce prophète des temps modernes, parlant de notre vieille Europe et de la civilisation occidentale, l’homme moderne a été réduit à un vulgaire copeau de l’histoire, vidé de sa substance humaine, spirituelle.

On a remplacé l’amour par le sexe, et le sexe par le clonage…

L’actualité de ces derniers temps, avec le débat autour du PACS, nous interpelle aussi sur la crise profonde que traverse notre société, avec son laxisme en matière de mœurs, sa perte des valeurs traditionnelles de la famille et du mariage, de l’éducation des enfants.

La vérité c’est que l’homme a été à tel point chosifié, mécanisé, que celui-ci ne se souci plus guère de son âme, des choses de l’esprit.

Alors, dans ce contexte, quel peut bien être le message de l’Eglise ?

Ces dernières décennies ont été marquées par de multiples tentatives d’accommodation du message chrétien, de l’Evangile historique et biblique, aux modes de pensée contemporains, et ce, afin de tenter de rompre l’indifférence de l’homme moderne en matière religieuse.

Et c’est ainsi que l’on a vu fleurir tour à tour toutes sortes de théologies nouvelles, sensées chacune pouvoir résoudre la crise contemporaine de l’Eglise : théologie de la libération, théologie de la mort de Dieu, théologie du proces…

Cela part d’un bon sentiment, certes, mais l’on peut s’interroger sur l’efficacité réelle, et sur la légitimité de ces " modes théologiques ", qui ne font en réalité qu’affaiblir davantage le Corps du Christ, en coupant celui-ci de sa source, l’Evangile éternel de Dieu.

J’aime assez la manière dont Charles Péguy, ce grand écrivain français, considérait déjà en son temps ceux qui ne voulaient plus entendre parler de la Foi de leurs Pères, et qu’il appelait les nouveaux théologiens.

Je cite : " Vous n’entrez chez nous, Messieurs les nouveaux théologiens, que pour nous trahir. Vous n’entrez dans notre maison que pour nous vendre. Je dis que les vérités de foi que vous reniez, vous les reniez parce que vous en avez honte. Et les vérités de foi que vous gardez encore, vous en avez honte (...) Messieurs les nouveaux théologiens, vous voulez nous faire un christianisme honteux, une chrétienté honteuse, qui aurait honte de soi, honte de Dieu (...) L’Eglise est une, Messieurs les nouveaux théologiens, identique à soi, la même à soi-même, historiquement une, chronologiquement une, temporellement éternelle. La foi est une. Il faut que vous renonciez à cette idée qu’il y aurait eu un christianisme, une communion, une chrétienté, une foi, une Eglise d’imbéciles, et qu’ensuite, et qu’aujourd’hui, il n’y aurait plus qu’une chrétienté honteuse de gens extrêmement intelligents comme vous. Il faudra que Messieurs les nouveaux Théologiens se fassent à cette idée que nous sommes bêtes une fois pour toutes. Que nous sommes aussi bêtes que saint Jean Chrysostome. "

Et je rajouterai : que nous sommes aussi bêtes que l’Apôtre Paul, qui n’a pas hésiter à affirmer : " Je n’ai pas honte de l’Evangile : c’est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit " !

Ainsi donc, et face à ces dérapages malheureux, rien ne devrait nous paraître plus urgent pour l’Eglise d’aujourd’hui, que de réaffirmer, avec les Réformateurs, et avec les chrétiens fidèles de tous les temps, que le Salut ne se trouve en aucun autre qu’en Jésus-Christ, que Dieu seul est Sauveur, et que toute tentative de salut de l’homme par l’homme est inexorablement vouée à l’échec.

Rien ne devrait nous paraître plus urgent que de revenir à la simplicité de l’Evangile, à la Parole de Dieu reçue dans la foi et par la foi, la foi sans laquelle il " est impossible d’être agréable à Dieu " !

Comme l’affirme si justement la Pasteur Pierre COURTHIAL, Doyen honoraire de la Faculté de Théologie d’Aix-en-Provence : " La lecture personnelle de la Parole de Dieu, l’examen personnel de ce qu’on lit et de ce qu’on entend (surtout en chaire, mais aussi ailleurs) redeviennent, comme au XVIe siècle, un impérieux nécessaire ... La lecture et la méditation personnelles de la Bible pourront seules nous délivrer des modes théologiques qui sont un fléaux du protestantisme depuis plus de deux cents ans. "

Et encore : " Le mouvement véritable de la Réformation " démasque " la Parole de Dieu, ramène à la Parole de Dieu, nous fait fuir les modes théologiques comme la peste. "

Et ailleurs il dit ceci - cela mérite d’être noté - : " Les chrétiens de ce XXIe siècle risquent fort de se trouver, pour un temps de crise, de jugement, dont nous ignorons la durée, dans une situation difficile, non pas identique mais analogue à celle des chrétiens des trois premiers siècles qui se sont trouvés, malgré eux, en contradiction de pensée et de vie avec les pouvoirs politiques en place comme avec leurs concitoyens non-chrétiens. "

Et Pierre COURTHIAL de conclure en disant : " La tâche, prenante et nécessaire, qui nous incombe, à nous, chrétiens baptisés, fidèles, de toutes confessions … est de planter en tous domaines, et particulièrement, dans les cœurs des hommes non-chrétiens … les semences de la prochaine Reformation qui remplacera, tôt ou tard, bientôt peut-être, l’humanisme parvenant au bout de son rouleau de ruines accumulées et de mort. Il y va de l’avenir et de la vie du monde. "

Soyons donc de ceux, frères et sœurs, qui suivent humblement la Parole du Seigneur, qui a dit : " Si vous gardez mes commandements, vous demeurez dans mon amour ".

Et encore : " Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point " !

Que l'Eglise soit vraiment l'Eglise, et tout le reste suivra naturellement, sans effort inutile et sans vaine agitation.

" Si l’Eternel ne bâtit la Maison, ceux qui la bâtissent, bâtissent en vain… "

L'Eglise primitive est née, ne l'oublions jamais, de l'effusion de l'Esprit à la Pentecôte, tandis que les Apôtres étaient en prière, et recherchaient la face du Christ, dans l'attente de la réalisation de ses promesses.

Suite à la prédication de l'Apôtre Pierre, trois milles âmes, nous est-il dit, furent ajoutées à l'Eglise.

Trois milles âmes !

Voilà bien une Eglise qui porte du fruit, et qui nous interpelle vraiment, alors que nous avons bien de la peine à oeuvrer au renouvellement de nos paroisses.

Comme le disait, non sans humour, un prédicateur : lorsque c’est l’Apôtre Pierre qui prêche : une prédication, trois milles convertis !

Mais quand c’est moi qui prêche : trois milles prédications, un converti…

On peut en rire, certes, mais la réalité est bien là.

Nos communautés donnent bien souvent l'impression de rouler par la vitesse acquise.

Il y a bien longtemps que le vent du Réveil n'a pas soufflé sur nos régions, et il nous semble parfois que sur un terrain aussi difficile, même la vigne la plus soignée, même l’Eglise la mieux organisée ne portera jamais qu’une petite quantité de fruits.

Seulement voilà, ce qui est impossible aux hommes, n’est pas impossible à Dieu.

Car c’est Lui le Maître de l’Histoire, et le Chef de l’Eglise, et c’est pourquoi nous pouvons nous attendre à Lui, dans la prière, Lui qui peut susciter, quand il le voudra, le renouveau de la foi tant attendu, et que nous espérons chacun.

Un ami me disait récemment, en évoquant le mouvement de réveil promu par les "Brigadiers" de la Drôme, et dans nos Cévennes par "la Brigadette", que le Réveil, ce n'est pas la cerise sur le gâteau, mais c'est le levain qui fait lever toute la pâte, c'est le sel qui donne de la saveur aux aliments.

Car le Réveil doit commencer par nous, chrétiens, au sein même de chacune de nos communautés, comme la sève qui, partant des racines, se répand dans toute la vigne, jusqu’au fruits.

Soyons donc de ceux, frères et soeurs, qui vivent pleinement la vocation que le Seigneur nous adresse.

Soyons le levain de l'Evangile, au sein de notre monde torturé, et désabusé, et faisons lever la pâte de l'humanité, pour la gloire de Dieu.

Préoccupons-nous d'abord de notre relation au Christ et à sa Parole, vivons de sa vie, attendons-nous vraiment à lui, et alors nous verrons, peut-être, demain, refleurir nos communautés paroissiales et le témoignage de notre Union, partout dans notre Région, et dans tout le Pays.

En conclusion je dirai ceci.

Selon le Nouveau Testament, l’Eglise véritable, l’Eglise " vigne du Seigneur ", l’Eglise qui porte du fruit à la gloire de Dieu, conformément à sa vocation, se caractérise par son attachement à son Chef, Jésus-Christ, et à sa Parole.

La question qui se pose alors pour nous est de savoir dans quelle mesure sommes-nous réellement attaché au Christ ?

Dans quelle mesure nous préoccupons-nous vraiment de rechercher la face du Christ avant tout autre chose ?

" Celui qui demeure en moi, comme moi en lui, porte beaucoup de fruit " : il y a là à la fois une promesse et une exhortation.

C’est dans la mesure de notre attachement au Christ et à sa Parole, dans la mesure de l’amour que nous lui portons, et que nous nous portons aussi les uns pour les autres, que nous pouvons nous attendre à la bénédiction d’en haut vis-à-vis de chacune de nos vies et de nos communautés paroissiales.

Voilà pourquoi il nous est permis, frères et sœurs, d’être plein d’espérance quant à l’avenir de l’Eglise, la vigne du Seigneur.

Sachons donc seulement nous mettre à son écoute, et vivre de sa vie.

Amen !

 

Nous chantons le Cantique N° 425, les 4 strophes.