Préparation au baptême

Pasteur Charles NICOLAS

 

Un sacrement

Les églises protestantes reconnaissent deux sacrements ( même si ce mot n’est pas toujours employé), au lieu des sept que compte l’Eglise catholique romaine. Il s’agit du baptême et de la cène (le repas du Seigneur).

On appelle sacrement un geste accompagné d’un signe visible, en rapport direct avec la foi et le salut, et commandé expressément par Jésus lui-même.

Lire Matthieu 28 18 - 20 ; 1 Corinthiens 11 23 - 26.

 

Son importance

Le sacrement ne peut jamais remplacer la prédication (Romains 10 12 - 17 ; 1 Corinthiens 1 17 - 18), mais il l’accompagne. Ce n’est pas le signe qui sauve, qui transforme ou qui ajoute quelque chose. Cependant, Jésus n’a pas commandé sans raison de le pratiquer le geste (baptême et cène) démontre que le croyant n’est pas seulement un auditeur de la Parole, mais aussi un participant de l’oeuvre de salut. En effet, quand Dieu parle, il y a un accomplissement ; et le chrétien veut saisir, par la foi, la Parole et l’accomplissement. Ainsi, le sacrement atteste la réalité de ce que l’on croit (réalité qui est attestée intérieurement par le St Esprit - Rom 5 5 ; 8 15 - 16).

En conséquence, on peut dire que dans un sacrement, il y a en même temps une grâce de Dieu pour nourrir notre foi et un engagement du croyant qui saisit cette grâce.

 

Un signe d’alliance

Le cadre de la révélation de Dieu et de notre foi est celui d’une alliance. En réalité, c’est cela qui permet à notre foi d’être durable, assurée. Remarquer la différence entre le bon berger et le mercenaire, en Jean 10 11 - 15.

C’est aussi pour cela qu’un engagement visible et public de la foi est non seulement utile mais nécessaire. "C’est en croyant du coeur qu’on parvient à la justice ; et c’est en confessant de la bouche qu’on parvient au salut" Lire Romains 10 9- 11 ; Matthieu 10 32.

 

Il est intéressant de noter que dans l’alliance

- Dieu est l’initiateur de l’alliance c’est lui qui fait le premier pas, c’est lui qui rend possible cette alliance, qui en paie le prix et même qui la réalise pleinement (puisque même la foi est un don de Dieu). Lire Matthieu 11 27 ; Luc 10 22 ; Jean 6 37, 44, 65 ; 15 16...

- Dieu lui-même engage sa fidélité et n’hésite pas à donner des signes extérieurs (l’arc en ciel, la croix, l’Ecriture sainte, les sacrements).

 

Jésus-Christ et l’Eglise

Le baptême comme la cène sont tous deux en relation avec la personne de Jésus-Christ et avec l’Eglise qui est son corps. De même qu’il est impossible d’imaginer l’Eglise sans son chef Jésus-Christ, il est impossible de regarder à Jésus-Christ sans voir l’Eglise dont il est la tête.

Voir Matt 1040-42 ; 2540; Actes 94-5; 1 Jean 420-21.

En conséquence, il est possible de dire que pour le baptême comme pour la cène, il y a une dimension personnelle de la foi (repentance, foi et communion avec Jésus-Christ) et une dimension communautaire de la foi ( la foi en Jésus-Christ constitue l’Eglise).

Sauf exception,le baptême et la cène sont vécus dans le cadre d’une église locale.

 

Le baptême, signe d’appartenance

Le baptême est le signe d’entrée et d’appartenance au peuple de Dieu, comme l’était la circoncision dans l’ancienne alliance. Or la circoncision a été pratiquée sur des croyants et sur leurs enfants, ces derniers faisant aussi partie du peuple de Dieu.

Dans les deux cas, le signe est en rapport avec l’expérience intérieure de la régénération (ou nouvelle naissance) qui est aussi appelée "circoncision du coeur" (Colossiens 2 11 - 13).

C’est la raison pour laquelle les Eglises réformées baptisent les croyants qui confessent leur foi en Jésus-Christ et les enfants de parents chrétiens qui, en 1 Corinthiens 714, sont appelés "saints" par l’apôtre Paul.

Dans ce second cas, l’enfant sera appelé à confirmer son appartenance à l’alliance par un témoignage personnel et par sa participation à la cène.

 

Ce que représente le baptême

1. Le baptême chrétien est bien-sûr en rapport avec la repentance et la foi, même si sa signification est plus complète que celle du baptême de Jean (Matthieu 311 ; 417 ; Actes 238-41 ; 2617-20).

2. Il atteste la réalité du pardon des péchés par le sang de Jésus (Actes 238 ; Apocalypse 713-14).

3. Il atteste l’oeuvre de régénération par l’Esprit saint, et sa présence vivifiante dans le coeur du croyant (Actes 18 ; 238 ; 1 Corinthiens 316). Il atteste la mort au péché et la résurrection avec Christ (Jean 35 ; Romains 62-4 ; Colossiens 212 ; 31...).

4. Il atteste ainsi l’unité du croyant régénéré avec le Christ, ce que l’apôtre Paul appelle "Etre baptisé en Christ", ou "devenir une même plante avec lui" (Romains 63, 5 cf Jean 154-5 ; 2 Corinthiens 89).

5. Il atteste la rédemption, la justification et la sanctification du croyant racheté (Romains 51 ; 1 Corinthiens 130-31 ; 611 ; 2 Corinthiens 521).

6. Il atteste l’incorporation du chrétien à l’Eglise, comme membre du Corps de Jésus-Christ (Actes 241-42, 47 ; 1 Corinthiens 1212-13).

7. Il implique, en conséquence, une nouveauté de vie dans l’obéissance de la foi, dans la conformité aux commandements de Dieu et par sa force qui agit en nous ( Galates 516, 22-26 ; 614-16 ; Philippiens 212-16 ; 1 Pierre 122-23 ; 1 Jean 26).

Le chrétien ne vit plus pour lui-même, mais "pour celui qui est mort et ressuscité pour lui ! " (Jean 158 ; Romains 1136 à 122 ; 14 7-9 ; 2 Corin-thiens 515 Philippiens 121 ; 217).

Chacune de ces réalités constitue une base fondamentale de la Foi et prépare l’engagement d’une vie sainte, reposant non seulement sur "l’engagement d’une bonne conscience devant Dieu" (1 Pierre 321), mais aussi sur l’assurance que "nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ" (Ephésiens 210), et que "rien ne nous séparera de lui" (Romains 835-39).

 

La forme du baptême

Le baptême est pratiqué par aspersion ou par immersion. Chacun de ces deux modes représente mieux tel ou tel aspect mentionné ci-dessus. Mais il n’est pas possible de dire qu’un mode de baptême est supérieur à un autre.

Disons simplement que la quantité d’eau n’a pas une grande importance. Deux exemples bibliques donnent la mer comme image du baptême (1 Cor.101-2 ; 1 Pierre 320-21) ; dans les deux cas, ceux qui ont été ainsi "baptisés" n’ont ... pas été mouillés !

L’immersion semble illustrer mieux la mort et la résurrection en Christ (Rom.62-5 ; Col.212) ; l’aspersion, celle du sang ou encore l’onction de l’Esprit (Ez 3624-27 ; Actes 238 ; Hébr.1224 ; 1 Pi 12).

Ecoutons ce que dit la Confession de foi de Westminster (1649)

- L’élément extérieur utilisé dans ce sacrement est l’eau, avec laquelle une personne est baptisée au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, par un ministre de l’Evangile légitimement appelé à cette charge.

- Il n’est pas nécessaire de plonger la personne dans l’eau ; mais le baptême est droitement administré par versement ou aspersion d’eau sur elle.

 

Ce que disent les confessions de foi de la Réforme

 

Le Catéchisme de Genève (Calvin 1545)

Qu. 321 Quelle est la signification du baptême ? R. Elle est double.D’une part le baptême figure le pardon des péchés ; d’autre part, et au plan spirituel, la nouvelle naissance.

Qu. 329 Quel est donc pour nous le véritable usage du baptême ? R. Il est dans la foi et dans la repentance.

- Le baptisé tiendra pour certain qu’il est en paix avec Dieu, puisque le sang du Christ le purifie de toute ses fautes.

- La présence du Saint-Esprit sera pour lui une expérience vraiment vivante, et il en témoignera par ses oeuvres.

- Enfin, dans un effort sans cesse renouvelé, il réduira les tentations au silence et servira Dieu et sa justice.

 

Qu.330 Si telles sont les conditions pour être baptisé, comment peut-on baptiser les tout jeunes enfants ? R. Il n’est pas toujours obligatoire que la foi et la repentance précèdent l’admission au baptême elles ne sont exigées que de ceux qui, du fait de leur âge, peuvent en être capables. Il suffira donc que ces enfants, devenus adultes, produisent les fruits de leur baptême.

 

La Confession de foi de La Rochelle (1559)

Le baptême nous est donné en témoignage de notre adoption, parceque nous sommes alors greffés au corps de Christ, afin d’être lavés et nettoyés par son sang, et puis renouvelés par son Esprit pour vivre une vie sainte. Bien que nous recevions une (seule) fois le baptême, nous affirmons aussi que les bienfaits qui nous y sont présentés s’étendent au cours entier de notre vie, en sorte que nous avons une attestation permanente que Jésus-Christ sera toujours notre justice et notre sanctification.

Or, quoique le baptême soit un sacrement de foi et de pénitence, néanmoins, parceque Dieu reçoit dans son Eglise les petits enfants avec leurs parents, nous disons que, par l’autorité de Jésus-Christ, les petits enfants engendrés des fidèles doivent être baptisés.

 

Le Catéchisme de Heidelberg (1563)

Qu. 69 Comment le saint baptême te rappelle-t-il et t’assure-t-il que le sacrifice unique du Christ sur la croix est pour ton bien ? R. Le Christ a institué ce lavage extérieur en promettant en même temps que, par son sang et par son Esprit, je suis lavé de l’impureté de mon âme, c’est à dire de tous mes péchés, aussi certainement que je suis lavé extérieurement, par l’eau, de la saleté de mon corps.

 

Qu. 70 Que signifie être lavé par le sang et par l’Esprit du Christ ? R. Cela signifie recevoir de la grâce de Dieu la rémission des péchés à cause du sang versé pour nous lors de son sacrifice sur la croix ; ensuite être renouvelé et sanctifié par le Saint-Esprit pour être un membre du Christ et, mourant de plus en plus au péché, mener une vie sainte et irréprochable.

 

La Confession de foi de Westminster (1649)

Le baptême est un sacrement du Nouveau-Testament institué par Jésus-Christ, non seulement pour recevoir solennellement le baptisé dans l’Eglise visible, mais aussi pour lui être un signe et sceau de l’Alliance de grâce, et de son insertion en Christ, de la régénération, de la rémission des péchés, de son offrande de lui-même à Dieu par Jésus-Christ pour marcher en nouveauté de vie.

Bien que ce soit un péché grave de mépriser ou de négliger cette ordonnance, la grâce et le salut ne sont cependant pas si étroitement attachés au baptême que nul ne puisse être régénéré, ou sauvé, sans lui, ou que tout baptisé soit indubitablement régénéré.