Réflexion et échange sur la liturgie

Pasteur Charles NICOLAS

Un des moteurs qui porte le liturge, c’est l’amour. D’abord l’amour pour Dieu. Puis, l’amour pour tous les frères et sœurs dans le Seigneur. Puis une compassion particulière pour ceux qui sont fatigués, souffrants. Enfin, un réel souci pour ceux qui ne connaissent pas encore le Seigneur.

Nous nous rappelons que le premier objectif du culte est d’être "agréable à Dieu" (Hébr.12.28). Le liturge doit être nourri de cette pensée. Ensuite, et s’il est agréable à Dieu, le culte sera aussi bénéfique pour chacun.

Nous nous rappelons que nous vivons le culte dans la présence de Dieu : c’est ce qui nous rend en même temps humbles et plein d’assurance.

Nous nous rappelons ce qu’est le rôle de présidence : il ne s’agit pas seulement de lire des textes, en se cachant derrière eux. Il s’agit de les faire entendre comme une proclamation, comme une convocation, comme un appel, comme des promesses... de la part du Seigneur (Hébr. 12.25 ; 2 Cor. 5.20).

- Noter qu’il y a dans le culte plus que de l’animation ou de l’édification : il y a aussi un combat spirituel, puisque Dieu est désigné comme le Seigneur de gloire, et que son règne est proclamé. Cela ne signifie pas qu’il faut crier ! Cela signifie qu’il faut une pleine persuasion.

- Dans la liturgie, il y a la dimension d’un service régulier et persévérant... Mais il y a aussi une dimension prophétique : c’est aujourd’hui le moment de l’accomplissement. Dans l’annonce de l’Evangile (la liturgie, c’est aussi cela !) il y a une notion d’urgence. Il est normal que par la liturgie, l’auditeur se sente placé par Dieu devant des choix, devant des décisions à prendre, devant des pas à faire. En fait, il n’y a pas de vrai culte sans choix! (Cf. Matth. 6.9-10 ; Rom.12.1-2 ; Hébr. 12.28-29...). Personne ne peut rester neutre !

- Noter enfin qu’il y a dans le culte une dimension individuelle (chacun doit s’approcher, croire, s’humilier, louer, donner son cœur...) et une dimension communautaire : ensemble nous formons un corps uni. Le liturge doit exploiter cette double dimension (chacun et tous) qui correspond à un double "travail" du Saint-Esprit.

Nous comprenons que cela nécessite une grande clarté (lire 1 Cor.14.8-9). Grande clarté dans le fond, mais aussi dans la forme, c’est à dire dans la présentation.

Quelques conseils dans ce sens

- il est utile de bien introduire chaque étape de la liturgie en une phrase, de telle sorte que chacun (même les nouveaux venus !) suive le cheminement, comprenne la progression, l’enchaînement. (Noter que cette clarté peut permettre certaines innovations sans que cela devienne confus).

- de même, il est rare qu’un texte lu n’ait pas besoin d’une brève introduction de quelques mots (qui attirent l’attention sur la pointe du texte, ou sur son actualité).

- pour la majeure partie des personnes, il semble préférable de faire des lectures plutôt courtes (surtout dans les épîtres, même dans les Psaumes). Mieux vaut une idée forte que trop de pensées en même temps.

- Rappelons-nous qu’il faut parler assez fort (y compris à la fin des phrases, y compris dans les prières), tout en restant doux (Oublier le micro).

- Il est préférable de bien maîtriser le rythme de la liturgie : il y a des silences utiles et même nécessaires ; d’autres sont gênants.

- Lectures ou prières sur fond musical : attention au dosage. (Ne pas en abuser)

- Attitude physique : elle exprime notre attitude intérieure, et n’est donc pas tout à fait indifférente. Exemple : éviter de tenir les mains derrière le dos, ou d’avoir les mains toujours occupées avec un recueil, ce qui enlève de la liberté d’expression.

Remarques sur les différents moments

- le début de la liturgie est très important et conditionne en partie la suite. Le premier texte lu doit être très clair et "passer" absolument. Il s’agit d’une accroche (or, nous savons que l’assemblée n’arrive pas toujours préparée...). Le liturge ne devrait pas partir sans être sûr d’être suivi ! Regarder l’assemblée ; la "prendre par la main". Il faut là une sorte de "don de foi" pour entraîner...

- innovation possible : on peut remplacer le texte d’adoration (au début) par une confession de foi, ce qui permet dès l’entrée une affirmation forte de la foi. La confession de foi (après l’annonce de la grâce) peut alors être remplacée par un texte ou une prière de consécration, ou un témoignage. (Il serait significatif que ce texte ou ce témoignage soit apporté par quelqu’un de l’assemblée, comme une réponse visible à la grâce).

Remarques : 

1° la repentance n’est pas seulement ‘humiliation’. Elle est aussi renoncement et engagement à suivre la volonté de Dieu par la foi. Pour cette raison, il est bon qu’après l’annonce de la grâce, une forme d’engagement d’obéissance (à la volonté de Dieu exprimée par la loi) puisse être exprimée.

2° en un sens, la loi précède la grâce, dans la logique de l’échec et de l’humiliation ; mais il est juste de dire aussi que la loi suit la grâce, dans la logique de l’obéissance de la foi ! La Réforme s’est clairement exprimée à ce sujet. En d’autres termes, l’humiliation n’est pas le seul but de la loi, comme tend à l’indiquer notre liturgie habituelle ; la loi est aussi la nourriture du chrétien réconcilié. (Cf Calvin sur Eph.5.5).

- Texte de loi : certaines fois un texte très court peu suffire !

- Après la loi : attention aux chants dont les strophes vont dans plusieurs directions. Plutôt une seule strophe.

- Annonce de la grâce : lire un texte ne suffit pas. Il faut annoncer le pardon à ceux qui se repentent et qui croient (pas d’absolution générale) !

- Confession de foi et louange : dimension de victoire dans le combat !