Fréquence Protestante (100.7)
Emission   « Croire aujourd’hui », le 23/06/2001
 
« Jésus a-t-il vraiment fait des miracles ? »
Pasteur Vincent BRU

Enregistrement sur cassette audio disponible au prix de 60 F auprès de :

Fréquence Protestante
1 rue Denis Poisson
75017 Paris
Tél. : 01 45 72 60 00
Fax : 01 45 72 17 70

 

Amis auditeurs bonjours !

Nous sommes heureux de nous retrouver pour cette émission « Croire aujourd’hui », avec au micro le Pasteur Vincent BRU, de l’ERE de Paris, en compagnie de Philippe DUBOURG conseiller presbytéral dans cette même Eglise.

La question à laquelle nous nous proposons de répondre est donc la suivante : « Jésus a-t-il vraiment fait des miracles ? »

Je rappelle, pour ceux qui ne le sauraient pas encore, que cette émission s’inscrit dans la série déjà bien avancée consacrée au thème : « Que sait-on de Jésus de Nazareth ? »

Cette série d’émissions s’inspire largement du livre tout à fait passionnant intitulé : « Que sait-on de Jésus de Nazareth ? », paru récemment aux Editions Bayard, sous la direction d’Alain Marchadour.

Huit contributions sur le milieu où Jésus a vécu : son message, sa mort et la constitution des écrits du NT.

Alors : « Jésus a-t-il vraiment fait des miracles ? »

La question mérite d’être posée.

Les miracles en effet dans la Bible occupent une place non négligeable, et provoque souvent, il est vrai, chez nos contemporains, des réactions contrastées.

Pour les uns, les miracles ne constituent rien moins que des preuves irréfutables de la divinité du Christ.

Pour les autres, à l’opposé, les miracles doivent être rejetés en bloc, car ils sont inconciliables avec la mentalité moderne marquée par l’esprit scientifique.

Ainsi, ce qui constitue une preuve, ou du moins un encouragement à croire pour certains, ne représente rien moins qu’un obstacle à la foi pour les autres.

Et comme le disait le mois dernier avec à propos les pasteur Louis Pernot sur cette même antenne :

« Or il faut bien dire que si on a cru longtemps grâce aux miracles, il semble bien qu’aujourd’hui on croie plutôt malgré les miracles, et ces grandes œuvres de notre Seigneur deviennent de plus en plus souvent des occasions pour des incroyants de railler l’Evangile en les traitant de contes et légendes pour enfants, rangeant la foi dans la même catégorie que la croyance enfantine au Père Noël. »

Disons-le tout net. Notre intention ici est de montrer qu’en contraste avec ces deux positions extrêmes –ceux qui considèrent les miracles comme des preuves irréfutables de la divinité de Jésus, et ceux qui les rejettent en bloc- les miracles de Jésus, lorsqu’ils sont droitement compris, constituent en réalité un puissant stimulant pour la foi, et pour notre compréhension de l’Evangile.

 

Alors un mot tout d’abord sur la façon dont les miracles ont été perçus dans notre histoire récente.

Notez que la question qui est ici posée est celle de l’histoire réelle des miracles de Jésus.

La question qui nous préoccupe est celle du rapport entre les miracles de Jésus tels qu’ils nous sont rapportés dans le NT et l’histoire réelle, ce qui s’est réellement passé.

Et que s’est-il vraiment passé ?

Jésus a-t-il vraiment fait des miracles, ou bien s’agit-il d’une façon de parler sans rapport réel avec la vérité historique, avec la vérité factuel, la réalité des faits ?

Il faut savoir que cette question a véritablement été au centre des débats philosophiques et théologiques du 19e siècle, et du début du 20ème, période critique pour l’Eglise et pour la défense de la foi, que d’aucuns ont nommé « la crise moderniste ».

Ainsi, pour le rationalisme, avec sa version française, le positivisme (Auguste Comte), qui ne tient pour sûr que ce qui est connu clairement par la raison, et pour lequel n’est reconnu vrai que ce qui repose sur des faits objectivement accessibles et observables, et dont l’existence peut être assurée avec une quasi-certitude, pour le rationalisme donc, les miracles de Jésus ne sauraient en aucun cas devoir être considérés comme des réalités historiques.

L’impossibilité de démontrer rationnellement le fait du miracle, ou de le reproduire dans un laboratoire, discrédite ipso facto l’historicité des récits de miracles dans la Bible, qui par conséquent doivent être relégués dans la catégorie du mythe ou des légendes.

Dans sa Vie de Jésus, l’écrivain et historien rationaliste français Ernest Renan (1824-1892), qui a si profondément marqué la mentalité et la culture de notre pays, dit ceci :

« Si le miracle a quelque réalité, mon livre n’est qu’un tissu d’erreurs. Que si, au contraire, le miracle est une chose inadmissible, j’ai eu raison d’envisager les livres qui contiennent des récits miraculeux, comme des histoires mêlées de fictions, comme des légendes pleines d’inexactitude, d’erreurs, de partis systématiques. »

Et il poursuit en disant :

« Les miracles sont de ces choses qui n’arrivent jamais… Nous repoussons le surnaturel par la même raison qui nous fait repousser l’existence des centaures et des hippogriffes : cette raison, c’est qu’on en a jamais vu. »

 

Ainsi Renan rejette a priori le surnaturel et conséquemment les miracles.

Les miracles, en effet, ne sont pas d’ordre scientifique ; ils constituent des entorses aux lois de la nature. Ils sont donc impossibles.

Aussi, pour Renan, les récits de miracles sont dus forcément à des affabulations des rédacteurs des Evangiles.

Je cite :

« Les Evangiles sont des légendes ; ils peuvent contenir de l’histoire, mais certainement tout n’y est pas historique. »

 

Concernant la façon dont Jésus lui-même pouvait percevoir les miracles qu’on lui attribuait, Renan émet l’hypothèse selon laquelle, je cite :

« Jésus ne fut thaumaturge et exorciste que malgré lui. Comme cela arrive toujours dans les grandes carrières divines, il subissait les miracles que l’opinion exigeait, bien plus qu’il ne les faisait… »

Et il poursuit en disant :

« Jésus se fut obstinément refusé à faire des prodiges, que la foule en eût créé pour lui ; le plus grand miracle eût été qu’il n’en fît pas ; jamais les lois de l’histoire et de la psychologie populaire n’eussent subi une plus forte dérogation. »

En il conclut :

« Les miracles de Jésus furent une violence que lui fit son siècle, une concession que lui arracha la nécessité passagère. Aussi l’exorciste et le thaumaturge sont tombés tandis que le réformateur religieux vivra éternellement. »

 

Vous comprendrez aisément que ces positions extrêmes d’Ernest Renan ne manquèrent pas de susciter les plus vives réactions de la part des défenseurs de la foi chrétienne.

Alors que penser maintenant de tout cela ?

Quel est, dans la perspective biblique, la place et la portée du miracle, et quelle est aussi sa raison d’être ?

C’est à cette question que nous nous proposerons de répondre après une pause musicale.

 

II

 

Alors quel rôle le miracle joue-t-il dans la Bible, et que devons-nous penser des miracles de Jésus ?

La première chose que j’ai envie de dire, c’est que les miracles dans la Bible sont, sinon des preuves, du moins des attestations de l’intervention de Dieu dans notre monde dont il est le Créateur et le Sauveur.

A ce titre, il n’est pas du tout étonnant que Jésus, en tant que Fils de Dieu, envoyé du Père, Dieu manifesté en chair, ait fait des miracles.

Le contraire eu été surprenant, d’autant que l’Ancien Testament avait annoncé que le Messie accomplirait de tels prodiges.

Ainsi, lorsque les disciples questionnent Jésus de la part de Jean-Baptiste pour savoir s’il est bien le Messie, Jésus leur dit :

Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. (Lc 7.22)

De même, lorsque Jésus se rend à Nazareth et qu’il entre dans la synagogue, et qu’on lui remet le rouleau du prophète Esaïe pour qu’il en fasse la lecture, il dit :

L'Esprit du Seigneur est sur moi, Parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; Il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, Pour proclamer aux captifs la délivrance, Et aux aveugles le recouvrement de la vue, Pour renvoyer libres les opprimés, Pour publier une année de grâce du Seigneur. (Lc 4.18s)

Et au verset 21 il leur dit :

Aujourd’hui cette parole de l’Ecriture, que vous venez d’entendre, est accomplie.

En accomplissant des miracles, Jésus a donc attesté sa messianité, le fait qu’il était bien le Messie, comme l’Ecriture Sainte l’avait annoncé.

A ses détracteurs Jésus dit :

Si je ne fais pas les oeuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, quand même vous ne me croyez point, croyez à ces oeuvres, afin que vous sachiez et reconnaissiez que le Père est en moi et que je suis dans le Père. (Jn 10.37-38)

En accomplissant ces miracles, ces « œuvres », ces « signes », Jésus a manifesté au grand jour sinon sa divinité, du moins son lien privilégier avec le Père, avec Dieu, de l’autorité duquel il était revêtu, et par la puissance duquel il accomplissait ces prodiges.

Mais le miracle, ne nous y trompons pas, ne prouve pas, à proprement parler, la divinité de Jésus, car celui-ci n’est pas le seul dans la Bible à avoir accompli de tels prodiges, même s’il est vrai que personne avant lui, n’y après lui n’en a jamais fait d’aussi grands.

Les miracles, avant d’être des preuves, des témoignages en faveur de la divinité de Jésus, sont avant tout dépeints dans les Evangiles comme des signes du Royaume que Jésus-Christ est venu inaugurer.

J’insiste sur ce mot de « signe » : le miracle signifie quelque chose ; il est le signe d’une réalité spirituelle et religieuse ; il pointe vers un au-delà, une vérité d’ordre spirituel qu’il dévoile, bien que de façon cachée et mystérieuse, qui nécessite le discernement de la foi.

Comme l’a dit un théologien connu :

«  La valeur des miracles du Christ se trouve moins dans leur caractère surnaturel que dans leur signification spirituelle. Ce sont des « signes » aussi bien que des phénomènes extraordinaires. Ils ne sont jamais accomplis égoïstement ou sans raison. Ils ne visent ni à émerveiller ni à forcer l’adoration.  Ce ne sont pas seulement des démonstrations de puissance sur le plan matériel, mais des illustrations d’autorité morale. Ils sont en quelque sorte les paraboles de Jésus mises en actions. Ses œuvres confirment ses paroles. » (John Stott, L’essentiel du christianisme, p. 35).

Ainsi donc, les miracles ne sont pas là d’abord pour prouver la divinité de Jésus, mais bien pour accompagner son enseignement concernant le Royaume et le Salut qu’il est venu apporter au monde.

Il est significatif à cet égard que dans l’Evangile selon Jean, le mot traduit souvent –bien à tord- dans nos Bibles par « miracle » signifie littéralement « signe ».

Les miracles de Jésus sont des signes, des panneaux d’indication si vous voulez, qui attirent notre regard, notre attention sur la radicalité et la nouveauté de l’Evangile, et qui veulent nous dire quelque chose sur la véritable nature du Royaume inauguré par Jésus.

Pour illustrer mon propos, je ne prendrai qu’un seul exemple très significatif, tiré de l’Evangile selon Jean : il s’agit du récit du miracle de l’eau changé en vin lors des noces de Cana.

Celui-ci intervient au début du ministère de Jésus, et il s’agit là, selon l’Apôtre Jean, du premier miracle, du premier signe que Jésus a fait, tandis qu’il était  en Galilée.

Jn 2.1  Trois jours après, il y eut des noces à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là,

2  et Jésus fut aussi invité aux noces avec ses disciples.

3  Le vin ayant manqué, la mère de Jésus lui dit: Ils n'ont plus de vin.

4  Jésus lui répondit : Femme, qu'y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n'est pas encore venue.

5  Sa mère dit aux serviteurs: Faites ce qu'il vous dira.

6  Or, il y avait là six vases de pierre, destinés aux purifications des Juifs, et contenant chacun deux ou trois mesures.

7  Jésus leur dit : Remplissez d'eau ces vases. Et ils les remplirent jusqu'au bord.

8  Puisez maintenant, leur dit-il, et portez-en à l'ordonnateur du repas. Et ils en portèrent.

9  Quand l'ordonnateur du repas eut goûté l'eau changée en vin, -ne sachant d'où venait ce vin, tandis que les serviteurs, qui avaient puisé l'eau, le savaient bien, -il appela l'époux,

10  et lui dit : Tout homme sert d'abord le bon vin, puis le moins bon après qu'on s'est enivré; toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent.

11  Tel fut, à Cana en Galilée, le premier des miracles que fit Jésus. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

Voici donc le récit de ce premier signe, ce premier miracle que Jésus a accompli, et nous verrons, après une pause musicale, quel en est le sens et la portée.

 

III

 

Alors, quel sens devons-nous donner au miracle de Cana, l’eau changé en vin, dont Philippe nous a été fait la lecture avant la pause musicale ?

Trois remarques s’imposent ici.

La première, c’est que le miracle de l’eau changée en vin a eu le double effet de manifester la messianité et la divinité de Jésus d’une part et de susciter la foi des disciples d’autre part.

En effet au verset 11 il est dit : « Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui ».

Le miracle a pour effet sinon de créer la foi, du moins de stimuler, de confirmer et de nourrir la foi des disciples en la personne du Sauveur.

 

Notez cependant que le miracle n’est pas toujours dans la Bible suivi du même effet positif, puisqu’à d’autres moments il est dit qu’il a plutôt suscité le scepticisme, voire la haine de ceux qui s’opposaient à Jésus.

Il est vrai que le miracle ne vient pas toujours de Dieu et n’attire pas forcément à Dieu.

Les magiciens du Pharaon n’étaient-ils pas capables eux aussi de réaliser des miracles ?

En Matthieu 24, v. 24 il est dit :

En effet, de faux messies et de faux prophètes se lèveront et produiront des signes formidables et des prodiges, au point d’égarer si possible, même les élus !

Autant dire que les miracles, lorsqu’ils on Dieu pour origine, sont fait pour ceux qui croient, et non pour les incrédules.

Voilà pourquoi aussi il est dit à plusieurs reprises dans les Evangiles que Jésus ne se fiait pas à la soi-disante « foi » de ceux qui, parmi la foule, avaient cru en lui à cause de ses miracles (Jn 2.23-25).

Cette foi-là n’était en réalité qu’une pseudo-foi qui ne voyait en Jésus qu’un thaumaturge, un magicien, un faiseur de miracles, mais pas plus.

En fait, le miracle demande le discernement de la foi afin d’être reconnu comme signe venant de Dieu.

Le miracle ne suscite la foi que si celle-ci est déjà présente chez celui qui en est l’objet ou le témoin !

Il ne crée jamais la foi !

C’est là vraiment un point essentiel et fondamental.

Encore une fois, il ne s’agit pas de rechercher le miracle sans la foi, ni même la foi par le miracle, comme si le miracle conduisait forcément à la foi.

Le miracle sans la foi n’a pas plus d’utilité et de raison d’être qu’une ampoule électrique sans électricité !

Si le courant ne passe pas, pas de lumière !

Sans la foi, le miracle est tel une ampoule grillée : il ne sert à rien !

 

Ma deuxième remarque, c’est que le miracle de Cana a une portée bien plus grande que le simple fait que Jésus ait changé de l’eau en vin.

L’eau changée en vin signifie en réalité le passage de l’ancienne disposition de l’Alliance à la nouvelle, le passage de l’Ancien Testament –représenté par les vases de pierre destinés au rituel juif de la purification- au Nouveau Testament –l’eau changé en vin-, et constitue une préfiguration de la victoire du Christ sur la mort, par sa mort et sa résurrection !

Jésus apporte du nouveau, et du meilleur, par rapport à ce que les croyants de l’Ancien Testament avaient pu connaître jusqu’à présent.

Le Nouveau Testament, l’Evangile, l’Eglise de la nouvelle disposition de l’Alliance est à l’Ancien Testament ce que le vin et à l’eau, ce que la lumière et à l’ombre, ou ce que l’accomplissement et aux promesses.

Il y a un enseignement à tirer du miracle de Jésus qui ne s’arrête pas au spectaculaire et au merveilleux, mais qui entend nous dévoiler un aspect de la nouveauté radicale de l’Evangile du salut et de la grâce en Jésus.

 

Ma troisième et dernière remarque, et je terminerai par-là, c’est que contrairement aux positions radicales d’Ernest Renan dont nous avons parlé tout à l’heure, qui sont partagées hélas ! aujourd’hui encore par nombre de nos contemporains, rien ne nous permet de douter a priori de la réalité historique du miracle.

Rien, rationnellement, ne nous permet d’évacuer, a priori la possibilité du miracle, qui ne peut être pas moins prouvé que récusé.

Le refus a priori du miracle repose, en réalité, sur un présupposé, qui découle d’une vision purement matérialiste et athée du monde, et qui exclut la possibilité du miracle dans la même mesure qu’elle exclut Dieu du champ de la création.

Dans un univers où Dieu est absent, ou Dieu n’est pas, le miracle est impossible.

Il va de soi que dans la perspective biblique, la vision biblique du monde, qui part du présupposé fondamental de l’existence du Dieu Créateur et souverain Gouverneur du monde, le « Père tout-puissant », est tout autre.

A la fin de l’Evangile selon Jean, il est dit :

Jn 20.30  Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d'autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre. 31  Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom.

Vous voyez qu’il ne fait absolument aucun doute pour l’auteur du 4ème Evangile que Jésus non seulement a fait ces miracles dont il parle, mais encore que c’est bien en partie sur ceux-ci que repose la certitude de notre foi en la divinité de Jésus.

« Ces choses –c’est-à-dire ces miracles et tout le reste- ont été écrites afin que vous croyez –dit l’auteur- que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu » !

Si le miracle sans la foi n’est effectivement pas à rechercher dans la Bible et dans notre vie chrétienne, il n’en demeure pas moins vrai que la foi sans le miracle n’est pas non plus concevable dans une juste perspective biblique.

La foi au miracle, c’est-à-dire à la possibilité que Dieu a d’intervenir dans l’histoire, et dans notre monde, de façon surnaturelle, qui nous surprenne et qui échappe aux lois de la nature, est inhérente à la nature même de la religion chrétienne.

Entre le rationalisme matérialiste prônée par notre société aujourd’hui, et la foi chrétienne, il convient de faire un choix.

Une lecture simplement rationaliste de la Bible ne peut aboutir qu’à vider celui-ci de sa substance, à le dénaturer, et à lui ôter toute sa spécificité et toute sa puissance.

Au fond, ce que l’Apôtre Paul dit au sujet du miracle par excellence de la résurrection du Christ peut être dit du miracle en général et de sa possibilité même :

S'il n'y a point de résurrection des morts, Christ non plus n'est pas ressuscité.

Et si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine. (1 Co 15.13s)

En effet, ôter à l’Evangile le surnaturel, et c’est toute sa substance qui disparaît.

Enlever le miracle, et le Christ n’est plus ressuscité, et le tombeau, le matin de Pâque, n’a pas été trouvé vide !

Enlever l’intervention surnaturelle de Dieu dans le cours de l’ Histoire, et Jésus-Christ n’est plus né de la vierge Marie ; il n’est plus Dieu manifesté en chair, le Dieu incarné, « vrai Dieu de vrai Dieu » de la Confession de Foi historique et universelle de l’Eglise.

 

En conclusion je dirai donc que si c’est effectivement faire fausse route que de concevoir le miracle sans la foi, ou la foi ne reposant que sur le miracle, la Parole de Dieu nous invite à recevoir dans la foi la réalité du miracle et sa signification spirituelle et profonde.

Le miracle qui atteste la seigneurie et la divinité du Christ, le Ressuscité.

Le miracle qui rend possible l’espérance, en ce qu’il témoigne de la volonté et de la capacité toute-puissante de Dieu d’agir en faveur de notre monde torturé – rien n’est impossible à Dieu !

Le miracle qui nous ouvre aux réalités célestes qui, bien qu’invisibles à nos yeux, n’en sont pas moins présentes et agissantes dans notre monde, que Dieu gouverne dans sa Providence.

A nous seulement d’y ajouter foi, dans la reconnaissance et dans la joie.