Prédication
sur Ephésiens N° 8
Ep
1.15-23
(15-16)
ERE de Paris
Dimanche 21
novembre 1999
Pasteur Vincent BRU
Jn 21.14-17 ; He 11.1-3, 6
15 C'est
pourquoi moi aussi, ayant entendu parler de votre foi au Seigneur Jésus et de
votre amour pour tous les saints,
16 je ne
cesse de rendre grâces pour vous: je fais mention de vous dans mes prières ;
17 afin
que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne un
esprit de sagesse et de révélation qui vous le fasse connaître;
18 qu'il
illumine les yeux de votre cœur, afin que vous sachiez quelle est l'espérance
qui s'attache à son appel, quelle est la glorieuse richesse de son héritage au
milieu des saints,
19 et
quelle est la grandeur surabondante de sa puissance envers nous qui croyons
selon l'action souveraine de sa force.
20 Il
l'a mise en action dans le Christ, en le ressuscitant d'entre les morts et en le
faisant asseoir à sa droite dans les lieux célestes,
21 au-dessus
de toute principauté, autorité, puissance, souveraineté, au-dessus de tout
nom qui peut se nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans
le siècle à venir.
22 Il a
tout mis sous ses pieds et l'a donné pour chef suprême à l'Église,
23 qui
est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous.
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15 C'est pourquoi moi aussi, ayant entendu parler de votre foi au Seigneur Jésus et de votre amour pour tous les saints,
16 je ne
cesse de rendre grâces pour vous: je fais mention de vous dans mes prières;
L’Apôtre Paul, après avoir béni Dieu pour toutes les bénédictions spirituelles dont il nous a comblées en Christ, et après nous avoir introduit dans le merveilleux mystère de la volonté de Dieu qu’il nous a dévoilé par l’Evangile, et dont le Saint-Esprit constitue à la fois le sceau et le gage, l’Apôtre en vient maintenant à rendre grâce à Dieu pour ses destinataires.
L’Apôtre rend grâce à Dieu pour les Ephésiens
à cause de leur « foi dans le Seigneur Jésus » et pour leur
« amour pour les saints ».
Et c’est ainsi qu’après la solennelle bénédiction
des versets 3 à 14, fait suite la lettre proprement dite, qui commence, comme
le plus souvent dans les lettres de Paul, par une action de grâces (vv. 15-16)
et une prière d’intercession (vv. 17-19).
A la bénédiction de Dieu, Paul fait suivre une
action de grâce envers Dieu pour le salut de ses destinataires, dont il a
appris la foi ainsi que l’amour qu’ils ont les uns pour les autres, et pour
tous les saints.
Paul remercie Dieu pour les Ephésiens, comme il le
fera de même pour les chrétiens de Rome, dont il dira : « Je rends
d'abord grâces à mon Dieu par Jésus-Christ, au sujet de vous tous, parce que
votre foi est renommée dans le monde entier. » (Rm 8.1)
De même pour les chrétiens de Thessalonique :
« 2Th 1:3 Nous devons, frères,
rendre continuellement grâces à Dieu à votre sujet, et ce n'est que juste,
puisque votre foi augmente et que l'amour que vous avez tous, les uns pour les
autres, abonde de plus en plus. »
Et encore, pour les Philippiens : « Php
1:3 Je rends grâce à mon Dieu
toutes les fois que je me souviens de vous; Php 1:4
je ne cesse, dans toutes mes prières pour vous tous, de prier avec
joie… »
Ainsi, la Parole de Dieu attire notre attention sur la
nécessaire action de grâce que nous devons à Dieu, en tout temps, et pour
toutes choses, et en particulier pour l’Eglise, pour la réalisation du
dessein de salut de Dieu dans l’Eglise, qui se manifeste dans la foi en Christ
Jésus et dans l’amour du prochain.
Le chrétien se défini, entre autres choses, par le
fait qu’il sait dire « merci » à Dieu.
Le chrétien est celui qui, en contraste avec
l’incroyant, sait se réjouir en Dieu et avec Dieu pour l’extraordinaire
beauté de l’Evangile, pour la puissance de guérison et de transformation de
l’Evangile, qui consiste dans le salut des pécheurs.
Voilà ce à quoi nous sommes invités ce matin, et
tous les jours de notre vie.
Au milieu des épreuves de la vie, et jusqu’au
seuil de notre mort, le Seigneur nous appelle à la joie, le Seigneur nous
appelle à la reconnaissance, le Seigneur nous appelle à l’action de grâce :
« Merci Seigneur pour tous tes dons et pour tous tes bienfaits. Merci
parce que, au-delà de la souffrance et de la mort, au-delà des déchirures de
l’histoire, des guerres et des conflits en tout genre, tu es là, et ton
dessein de salut pour le monde s’accompli, inexorablement, sans qu’aucune créature
en ce monde ne puisse s’opposer à cela. Merci Seigneur pour l’Eglise,
pour tous ceux qui la composent, tous ceux qui croient et qui marchent dans ta
lumière, muent par une même espérance, un même amour. Merci Seigneur ! »
Voilà, frères et sœurs, l’attitude de cœur que
nous devrions avoir toujours, en tout temps, quelles que soient les
circonstances de la vie.
Il y a là, d’ailleurs, un puissant remède à tous
nos meaux.
La louange de Dieu, le plaisir que nous prenons à
lui rendre gloire, à l’adorer, à le remercier, à lui dire notre joie pour
qui il est et pour ce qu’il fait dans le monde, voilà bien le plus puissant
antidote à la tristesse et à la dépression qui sont les maladies de notre siècle.
Quelqu’un a dit fort justement : « Un
chrétien triste est un triste chrétien » !
Un chrétien triste, c’est précisément un chrétien
qui est incapable vraiment de dire merci à Dieu, c’est un chrétien qui se
refuse à trouver et à vivre sa liberté en Christ, son salut, sa délivrance
qui, tel un puissant courant, devrait pourtant l’entraîner sans fin à rendre
grâce à Dieu et à trouver son plaisir en Lui.
Alors, frères et sœurs, votre cœur est-il disposé
ce matin à vivre cette action de grâce dont Paul était en tout temps pénétré ?
Votre cœur est-il joyeux en Dieu ?
La question mérite d’être posée.
Car nous sommes ici en plein dans notre sujet, dans
notre Epître, dans notre texte.
L’Ecriture sainte tout entière n’a de cesse en
effet de nous présenter Dieu comme un Dieu de joie, un Dieu qui est, en lui-même,
la joie parfaite, la plénitude de la joie.
Nul part dans la Bible Dieu ne nous est dépeint
comme un Dieu taciturne, un Dieu triste, un Dieu frustré et « mal dans sa
peau ».
Bien au contraire : en Dieu se trouve tout bien ;
Dieu est la source de toutes bénédictions et de tout bien, de sorte que rien
ne manque en celui qui a choisi de placer sa confiance en Dieu, et de faire de
Dieu sa joie.
La Bible dit : « Fais de l’Eternel tes délices,
ta joie, et il te donnera ce que ton cœur désire » !
Voilà pourquoi rien ne saurait nous être plus
profitable que de vivre cette action de grâce dont parle et dont vit l’Apôtre
Paul dans notre texte, car c’est bien à cela que nous sommes appelés chacun.
Dieu nous a créés afin que nous trouvions en lui
notre joie, notre bonheur.
Et ce bonheur ne se trouve, en définitive, qu’en
lui seul, et ne peut être vécu que dans le Christ, par la foi en Lui, et dans
l’amour.
Voilà pourquoi l’Apôtre dit : 15
C'est pourquoi moi aussi, ayant entendu parler de votre foi au Seigneur Jésus
et de votre amour pour tous les saints,
16 je ne
cesse de rendre grâces pour vous…
Remarquez que ce qui motive l’action de grâce de
Paul n’est autre que la foi des Ephésiens au Seigneur Jésus
ainsi que leur amour pour tous les saints.
La vie devant Dieu et avec Dieu ne peut se réaliser vraiment que dans la foi, et selon son commandement d’amour.
Souvenez-vous du chapitre 11 de l’Epître aux Hébreux :
« Or, sans la foi, il est impossible de lui plaire ; celui qui
s’approche de Dieu doit croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui
le cherchent. » (v. 6)
Sans la foi il est impossible d’être agréable à
Dieu, sans la foi, plus d’Eglise, plus d’Evangile, plus de guérison et de réconciliation
avec Dieu.
La communion avec Dieu ne se vit que dans la foi et
par la foi, mais pas n’importe qu’elle foi.
La foi qui sauve, la foi pour laquelle Paul rend grâce
à Dieu, c’est la foi « au Seigneur Jésus », ou comme on
peut aussi le traduire, la foi « dans le Seigneur Jésus ».
C’est ainsi que l’Apôtre Pierre dira au Geôlier
de Philippe, à réponse à son cri : « Que dois-je faire pour être
sauvé ? » : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé » !
(Ac 16.31)
La seigneurie de Jésus-Christ désigne sa
souveraineté, son pouvoir sur toutes choses.
Confesser « Jésus-Christ est Seigneur »,
c’est reconnaître sa divinité, son égalité avec le Père, avec Dieu, le
fait qu’il soit celui par qui et pour qui sont toutes choses, et par lequel je
peux m’approcher de Dieu.
Comme le dit si bien Calvin dans son Catéchisme :
« Pour placer en Dieu notre pleine assurance, l’essentiel est de le
connaître à travers le Christ » !
En dehors de Jésus-Christ, Dieu demeure incompréhensible
pour nous.
Tant que nous n’avons pas reçu Jésus-Christ comme
notre Seigneur et Sauveur personnel, nous sommes en dehors du champ de la grâce
de Dieu, nous méconnaissons Dieu, nous sommes coupés de sa communion et
c’est pourquoi nous sommes, comme le dit ailleurs l’Apôtre Paul « sans
espérance et sans Dieu dans le monde ».
Si Paul rend grâce à Dieu, donc, c’est parce
qu’il a appris au sujet de ses destinataires leur foi dans le Seigneur Jésus.
Ils sont donc véritablement membres de la famille de
Dieu.
Ils sont la nouvelle création de Dieu, la nouvelle
société de Dieu, les prémisses du Royaume qui vient, et qui est déjà là,
dans l’attente de son plein achèvement, quand le Christ reviendra.
Donc, ce qui fait la joie de l’Apôtre, c’est la
foi de ceux auxquels il s’adresse, et s’il était encore aujourd’hui parmi
nous, je veux dire que si c’était à nous, membres de l’ERE de Paris, que
Paul nous adressait directement son Epître, et bien il se réjouirait et il
n’aurait jamais de cesse de rendre grâce à Dieu, de dire « merci »
à Dieu pour notre foi, pour votre foi, vraiment.
Parce que votre foi plaît au cœur de Dieu.
Votre foi au Seigneur Jésus fait que Dieu vous agrée
comme ses enfants, il vous reçoit, il vous aime en Christ, et cela nous suffit !
Dieu nous agrée en Christ, Dieu vous agrée, il
trouve son plaisir en vous, et vous êtes vous-mêmes « à la louange de
sa gloire » du fait que vous ayez la foi dans le Seigneur Jésus.
Mais alors quand est-il de ceux qui ne croient pas ? Et peut-être y en-a-t-il parmi vous ce matin qui n’ont pas encore vraiment placé leur confiance en Christ ?
Peut-être y en a-t-il parmi vous qui ne connaissent
pas encore la joie de la vie en Dieu par le Christ, la joie de la communion avec
Dieu, la joie du salut en Jésus-Christ.
Peut-être y en a-t-il qui doutent, ou bien qui se
refusent à croire, et dont l’incrédulité de notre temps, l’esprit du
temps, l’humanisme sans Dieu ont rendu aveugles aux réalités de la foi et à
la Vérité ?
Si tel est le cas, et bien sachez que le bras de Dieu
n’est jamais trop court pour sauver, je veux dire que le don de la foi peut
aussi être votre lot, l’héritage du salut peut aussi être votre part, si du
moins vous acceptez de vous en remettre entièrement entre les mains du Dieu
Sauveur, du Seigneur Jésus qui a dit : « Je ne mettrai pas dehors
celui qui vient à moi ».
Vous pouvez venir à Jésus, tel que vous êtes, avec
vos vêtements souillés, avec votre péché, votre passé, vos doutes, vos
incertitudes.
Dieu dit dans l’Ecriture : « Venez-à
moi et je viendrais à vous » !
Et encore le Christ : « Venez à moi vous
tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos » !
« Venez à moi » !
Mais je ne le puis, serez-vous peut-être tenté de
me dire.
Mais alors, demander à Dieu de vous faire venir à
lui, ou plutôt demandez-lui de vous rendre capables de venir à lui, d’avoir
foi en lui, de confier votre vie à lui, et il le fera.
Cela ne fait aucun doute.
Mais encore faut-il que vous le lui demandiez avec un
cœur sincère.
Alors Dieu vous dira « Viens à moi » !
Et vous viendrez à lui, irrésistiblement, mais librement et joyeusement.
C’est ça le salut, chers amis.
C’est Dieu qui donne la foi.
La foi est un don de Dieu, tout comme le salut.
Avec le Salut, Dieu nous donne le moyen pour nous
emparer de ce salut, la foi.
« C’est par la grâce que vous êtes sauvés,
par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous : c’est le don de
Dieu » (Ep 2.8)
Voilà pourquoi, aussi, Dieu vous demande de vous
attendre à lui, simplement, et d’implorer sa miséricorde, afin qu’il vous
accorde sa grâce.
Et c’est alors qu’il vous sauve.
Remarquez que l’Apôtre remercie Dieu aussi pour l’amour
que les Ephésiens ont « pour tous les saints ».
L’action de grâce que Paul fait monter vers Dieu
pour la lumineuse réalité de son salut et de sa grâce qu’il a déployée
abondamment sur les Ephésiens, le conduit à considérer non seulement la foi
de ces derniers, mais encore leur amour les uns pour les autres et « pour
tous les saints ».
Et c’est ainsi que nous saisissons que l’amour
est l’aboutissement logique de la foi, ou plutôt : l’amour est le
premier fruit de la foi, comme la sève qui nourrit la fleure et qui déploie
ses pétales avec générosité et avec éclat.
L’amour est à la foi, ce que le fruit est à l’arbre, ou ce que le bourgeon est à la fleure : de la foi en Jésus-Christ, le Seigneur, jaillie, comme un torrent l’amour que nous avons les uns pour les autres.
Frères et sœurs, nous devons croire que ce qui
manque le plus à notre monde, et ce vers quoi les hommes courent toujours, et
n’auront jamais de cesse de courir, c’est l’amour.
Tous les êtres humains éprouvent le besoin d’être
aimés, de se savoir aimés, comme aussi le fait d’avoir quelqu’un à aimer.
L’amour est véritablement une réalité
universelle, de sorte que l’on peut dire, en un certain sens, que rien ne se
fait dans ce monde sinon par amour.
Je veux dire qu’il y a dans le cœur de l’homme
une telle soif d’amour, que consciemment ou inconsciemment, tous ses gestes
sont motivés par la quête de cet amour, qui se confond du reste avec la quête
du bonheur.
Car pour être heureux, nous le savons bien, il faut
être aimé, et il faut aimer.
Pas de bonheur sans amour : il y a là une loi
aussi implacable que la loi de la gravitation.
Voulez-vous trouver le repos de vos âmes ?
Voulez-vous connaître la joie sereine et profonde
auquel tout votre être aspire de toutes ses forces ?
Et bien comprenez ce que signifie la parole de l’Apôtre :
« Dieu est amour » (1 Jn) !
Et encore : « Dieu a tant aimé le monde,
qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse
point, mais qu’il est la vie éternelle » (Jn 3.16).
Vous voyez bien que l’amour de Dieu qui s’est
manifesté en Jésus-Christ, constitue véritablement la source de tout amour,
de sorte que, avoir la foi dans le Seigneur Jésus conduit inévitablement à
vivre pleinement toutes les exigences de l’amour, qui est au cœur même de la
Loi de Dieu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton être, et
ton prochain comme toi-même » !
De la foi au Christ Seigneur découle le véritable
amour, et en particulier l’amour pour l’Eglise.
Non pas l’amour galvaudé des séries télévisées
ou de la presse à sensation, mais l’amour régénérateur, l’amour qui
transforme l’autre, et qui le régénère de l’intérieur, l’amour qui va
jusqu’à souhaiter le bien de celui qui nous veut du mal, l’amour qui répond
à la haine par un geste de paix et de pardon.
J’ai rarement trouvé une illustration aussi
frappante de l’amour qui vient de Dieu, l’amour qui transforme les êtres et
les cœurs, que cet épisode des Misérables de Victor Hugo, qui met en scène
un bon vieux curé de campagne, à qui sa bonne lui reproche de s’être dépouillé
de tous ses biens pour les pauvres, et Jean Valjean, ce forçat évadé, un
homme au passé plus que soupçonneux, emprisonné pour avoir dérobé une miche
de pain.
Ayant bénéficié de l’hospitalité du curé, Jean
Valjean profite de son sommeil pour lui dérober son service de table en argent,
le seul bien de valeur qu’il lui restait encore.
Et c’est alors qu’il est rattrapé de justesse par la police, qui le ramène sans tarder chez son hôte, et contre toute attente, le curé s’adressant à celui qui venait pourtant de lui avoir dérobé son bien, lui dit, afin de le disculper devant les policiers, et afin qu’il ne retourne pas au Bagne : « Pourquoi n’avez-vous pas emporté aussi ces deux chandeliers, avec le service de table que je vous ai offert ? Vous pourrez certainement en tirer quelque argent afin de subvenir à vos besoins ? »
Et par ces quelques paroles, toutes empreintes de compassion et d’amour, de cet amour qui vient de Dieu, Jean Valjean devient un homme nouveau, et ne se consacrera plus désormais dans sa vie qu’au bien.
Il ne causera plus de tord dorénavant, car il a compris que rien ne vaut la peine d’être vécu ici-bas sinon l’amour.
Rien ne vaut d’être vécu sur cette terre sinon par amour.
Avant de se séparer définitivement, le curé dit, en substance, à Jean Valjan : « Ne l’oubliez pas, vous n’appartenez plus au mal désormais, mais au bien » !
Il y a là quelque chose de profondément évangélique et biblique : l’amour que Dieu a pour nous et que nous sommes appelés à avoir les uns pour les autres nous permet, lui seul, de nous tenir debout, et de vivre pour le bien, c’est-à-dire selon la volonté toute juste et toute bonne de Dieu dont le double commandements d’amour de Dieu et du prochain constitue le sommaire, le résumé.
L’amour est la fin de la Loi, sa finalité.
L’amour est le cœur de la Loi, et voilà pourquoi l’Apôtre Paul dans notre texte rend grâce à Dieu pour leur foi dans le Seigneur Jésus et pour l’amour qui les anime envers tous les saints.
Cette dernière expression « tous les saints », désigne l’ensemble de la communauté des croyants, tous ceux qui sont en Christ par la foi.
Celui qui croit au Seigneur Jésus est « saint », par vocation.
Il est appelé à la sainteté : « Soyez saints car je suis saint » !
Mais aussi, en Christ, et dans l’espérance du Royaume, il est « saint », dès maintenant, dès lors qu’il a la foi en Jésus.
Tel est son statut devant Dieu : de part notre union avec le Christ, Dieu nous voit comme étant « saints », nous sommes véritablement « saints » à ses yeux, et c’est pourquoi nous pouvons nous approcher de Lui.
Ainsi donc, Paul remercie Dieu pour l’amour des Ephésiens « pour tous les saints », pour tous les chrétiens qui constituent l’Eglise.
Et c’est ainsi que l’Ecriture nous invite à vivre le commandement de l’amour du prochain plus particulièrement envers les frères en la foi.
L’Eglise est la nouvelle société de Dieu où nous pouvons expérimenter chacune et chacun l’amour qui vient de Dieu, et où nous pouvons le vivre véritablement, étant entendu que nous sommes tous frères les uns des autres, ayant la même foi au Christ Seigneur.
La foi au Seigneur Jésus conduit inévitablement à l’amour de l’Eglise, de sorte que vous ne pouvez pas prétendre aimer Jésus-Christ si vous ne portez pas véritablement votre Eglise dans votre cœur, si vous n’aimez pas vraiment votre Eglise.
Avoir foi au Seigneur Jésus et aimer l’Eglise, aimer tous les saints sont deux réalités étroitement liées et indissociables, a tel point que l’Apôtre Jean déclare : « Celui qui dit : j’aime Dieu ! et qui méprise son frère est un menteur, car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, ne peut aimer Dieu qu'il ne voit pas » (1 Jn 4.20) !
Nous ne pouvons pas aimer le Christ et ne pas aimer l’Eglise, car l’Eglise est précisément le lieu où le Christ est, pour ainsi dire, rendu visible, le lieu où il se rend présent au monde, et où il règne véritablement par sa Parole et son Esprit.
C’est ainsi que Jésus dit à Pierre, sur les bords de la mer de Tibériade : « Simon, fils de Jonas m’aimes-tu ? » Et suite à la réponse positive de Pierre : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime », il dit : « Sois le berger de mes brebis » (Jn 21.16ss).
C’est comme s’il disait : « Tu prétends que tu m’aimes ! Alors prouve-le : prends soin de mes brebis » Autrement dit : Aime l’Eglise, mon Eglise, et tous les saints qui la constituent telles des pierres vivantes. Prends soin de chacun d’eux, car c’est pour eux que je suis venu dans ce monde et que j’ai donné ma vie.
Alors, frères et sœurs, osez vous poser la question ce matin, dans quelle mesure et jusqu’à quel point aimez-vous non seulement Jésus-Christ, mais encore l’Eglise, et plus concrètement votre Eglise locale ?
Aimez-vous votre Eglise locale, la communauté chrétienne dans laquelle le Seigneur vous a placé ?
Posez-vous très honnêtement la question, car l’enjeu du propos de Paul dans notre texte est bien là.
Paul est conduit à rendre grâce à Dieu pour les Ephésiens ayant appris leur foi au Seigneur Jésus et leur amour pour tous les saints, c’est-à-dire pour l’Eglise.
Les chrétiens d’Ephèse aiment leur Eglise, et ils aiment l’Eglise en général, parce qu’ils aiment Jésus-Christ, le Chef de l’Eglise, et dont l’Eglise, Paul le dira plus loin, est le corps.
L’Eglise est le corps dont Christ est la Tête : si nous aimons la tête, nous aimons aussi le corps, forcément, nécessairement.
Cela signifie qu’il est de la plus haute importance pour tout chrétien de se joindre à une Eglise locale et de participer activement à la vie de cette Eglise dont il est membre.
C’est là, incontestablement, la volonté de Dieu pour chacun.
Vouloir se passer de l’Eglise, faire passer telle ou telle institution, sa famille, ses ambitions personnelles, avant l’Eglise de Jésus-Christ, c’est porter atteinte à la Vérité de Dieu, c’est ne pas aimer Jésus-Christ qui nous commande d’aimer l’Eglise pour laquelle il a versé son sang : « Christ a aimé l’Eglise et s’est donné lui-même pour elle » !
Aimez donc d’un amour profond et inconditionnel votre Eglise, et ne vous contentez pas de vaines paroles.
Comme dit l’Apôtre : « N’aimons pas en paroles et avec la langue mais en actions et avec vérité » (1 Jn 3.18) !
Venez au culte le dimanche, ou à telle ou telle activité de l’Eglise avec un sentiment de reconnaissance envers Dieu pour cette communauté de vie dans laquelle il vous a placé, et au lieu, peut-être, de considérer et de pointer le doigt sur tel ou tel frère en la foi, ou sur tel ou tel aspect de la vie de l’Eglise que vous ne trouvez peut-être pas à votre goût, demandez-vous ce que vous-mêmes vous pouvez bien apporter à votre Eglise pour son édification et pour sa croissance.
Je vous invite ce matin à vous posez très sérieusement la question : Que n’ais-je pas encore fait concrètement pour mon Eglise et que puis-je encore faire pour elle qui puisse manifester vraiment l’amour que j’ai pour celle-ci, et pour tous mes frères en la foi ?
Et aussi : Qu’ais-je donc bien pu faire dans le passé, ou bien même aujourd’hui encore, peut-être, et qui constitue un démenti de l’amour que le Seigneur me commande d’avoir pour mon Eglise ?
Veuillez croire, chers amis, que je me pose tous les jours moi-même ces deux questions cruciales, et je crois très sincèrement que bien des choses changeraient si nous prenions vraiment le temps de nous interroger chacun de la sorte, afin d’agir en conséquence.
Enfin l’Apôtre termine en disant : « Je fais sans cesse mention de vous dans mes prières ».
A l’action de grâce fait suite la prière d’intercession de l’Apôtre.
La prière d’intercession est l’une des plus belles expressions de l’amour « pour tous les saints » dont parle Paul, et c’est à ce titre qu’il dit intercéder ainsi pour eux devant la face de Dieu.
Nous verrons la prochaine fois en quoi consiste cette prière d’intercession, et ce que l’Apôtre demande à Dieu en faveur des chrétiens d’Ephèse, mais pour aujourd’hui je terminerai en portant votre attention sur cette double réalités qui devraient caractériser plus particulièrement notre marche avec Dieu, et que sont l’action de grâce et la prière d’intercession.
Considérez où vous en êtes vous-mêmes eu égard à cette double exigences, combien de temps consacrez-vous dans la semaine et dans votre vie à remercier Dieu pour ses bienfaits, comme aussi à apporter à Dieu, dans une fervente prière, tous ceux que Dieu à mis sur votre chemin : votre Eglise locale, les membres de votre famille, vos enfants, votre pasteur – qui a aussi grandement besoin de vos prières-, les responsables de l’Eglise, le Conseil presbytéral, telle ou telle personne dans l’Eglise en situation de crise, etc.
Il y a là, dans cet exemple de l’Apôtre Paul portant à bout de bras cette Eglise d’Ephèse, un très bon exemple pour nous, qui souhaitons aussi connaître toujours davantage la bénédiction de Dieu sur notre communauté et sur nos vies.
Alors disons simplement merci à Dieu pour tout ce qu’il a fait pour nous dans le passé, comme aussi pour tout ce qu’il continue de faire, et pour tout ce qu’il fera, et n’ayons jamais de cesse d’intercéder pour tous les hommes, et en particulier pour « tous les saints », tous ceux que Dieu a appelé au salut pour célébrer sa gloire.
C’est là notre vocation.
Amen !