L' identité
réformée confessante
Entretien avec Monsieur
Pierre Courthial, Doyen honoraire de la Faculté de Théologie Réformée
d'Aix-en-Provence, le 31 avril 1994.
Voir aussi :
Qu'est-ce qui constitue, selon vous, l'identité "réformée
confessante" ?
- Ce qui constitue l'identité réformée
confessante, c'est la fidélité aux Confessions de
Foi reconnues par les Eglises Réformées du XVIe et du XVIIe siècles. Une
Eglise Réformée Confessante est une Eglise qui confesse, avec ses Docteurs et ses Pères,
la Foi dont l'Ecriture Sainte constitue le critère normatif
(norma normans), et dont les Confessions de Foi constituent des expressions
fidèles (normae normatae), celles-ci s'efforçant de rendre compte le
mieux possible de l'ensemble de la révélation biblique (Tota et Sola Scriptura).
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- Ainsi, l'identité reformée confessante se caractérise par la reconnaissance d'un
ensemble de vérités reconnues historiquement et ecclésiastiquement, dont voici le
détail :
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- I. Deux points historiques :
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- 1. Les Confessions de Foi de l'Eglise Universelle : Le Symbole
des Apôtres, le Symbole de Nicée-Constantinople, le Symbole d'Athanase,
la Définition de Chalcédoine.
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- Il s'agit là des résultats doctrinaux des six premiers Conciles
oecuméniques, avec
lesquels nous sommes fondamentalement d'accord.
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- 2. Les Confessions de Foi de la Réforme du XVIe et du XVIIe
siècles : Catéchisme de Genève (1545), Confession de La Rochelle (1559),
Catéchisme de Heidelberg (1563), Confession helvétique postérieure
(1566), Canons de Dordrecht (1619).
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- Sont a considérer de même les Confessions de Foi Luthériennes : le Grand
Catéchisme et le Petit Catéchisme de Luther (l5229), les Articles de
Smalkade (1536), la Confession d'Augsbourg (l530), ainsi que la Confession
Belge (Belgica) (1561), les Trente neuf articles de 1'Eg1ise
d'Angleterre (1571), la Confession de Foi de Westminster (l648).
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- II. Les points actuels :
1. L'inerrance-infaillibilité de l'Ecriture : véridique dans
tout ce qu'elle affirme [voir la Déc1aration
de Chicago (1978)] ;
- 2. L'autorité souveraine de l'Ecriture sur toutes choses (science,
philosophie, politique, arts, etc.) ;
[ Voir à ce propos le maître-livre de théologien
réformé néerlandais Abraham Kuyper
: Lectures on calvinism, Grand Rapids, Eerdmans, 1931 (réimprimé en 1987) ]
- 3. L'ecclésiologie réformée. Monsieur Courthial insiste ici sur le caractère
résolument biblique et réformé de l'ordination pastorale : distinction
entre le sacerdoce sacrificiel, commun a tous les croyants (ministère
universel), et le ministère ordonné, au service de la Parole et des Sacrements
(Cf. Confession helvétique postérieur ; travaux de J. J. von
Allmen, etc.).
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- Pour conclure, Monsieur Courthial insiste sur le fait que le grand point - en ce
qui concerne l'identité réformée confessante - c'est l'infaillibilité de l'Ecriture
et l'universalité de son autorité.
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- Comment voyez-vous l'avenir du protestantisme en France et dans la francophonie
en général ?
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- Monsieur Courthial nous fait part ici à la fois de son inquiétude quant à l'avenir
des Eglises Réformées en France à court terme (modernisme
théologique, rationalisme,
relativisme, etc.), mais aussi de son optimisme à plus ou moins long terme, où l'on peut
envisager un retournement de la situation.
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- D'ailleurs, cela n'a-t-il pas déjà été le
cas dans les années 30, qui ont connu le ministère très fructueux d'Auguste
Lecerf, fondateur de la Société Calviniste de France (1927), professeur à
la Faculté de Théologie de Paris (dès 1922), de dogmatique réformée dès 1936, de
Jean Cadier, professeur à la Faculté de Théologie de Montpellier (dès 1936),
et un peu plus tard de Pierre Marcel, fondateur de La Revue Réformée
(l950).
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- Comme le note André Schlemmer (1890-1973), parlant des fruits bénis du ministère de
celui que l'on avait surnommé "le dernier des calvinistes", Auguste Lecerf :
"Quand Dieu rappela à lui son serviteur en 1943, celui-ci avait vu la bénédiction
divine s'étendre sur son labeur. Il n'était plus le seul défenseur d'une cause perdue !
Il était le chef d'un mouvement vivace, qui renversait irrésistiblement et promptement
toutes les positions du modernisme régnant. Presque toute la jeunesse qui sortait des
Facultés de Théologie de France et de Genève s'affirmait Calviniste. L'Eglise
réformée de France revenait à sa tradition, et ceux qui faisaient figure de survivants
n'étaient certes pas ceux qui pensaient avec Auguste Lecerf." (La Revue
Réformée, N° 180-1994/1-2, n.d.l.r.).
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- A ce point là de notre entretien, Monsieur Courthial nous fait part de ce qu'il
considère comme étant l'une des conditions sine qua non de la re-formation de
l'Eglise, à savoir un esprit à la fois de fidélité et d'ouverture :
"Ce qui me paraît caractériser la Réformation pour notre temps, c'est un esprit à
la fois fidèle, soumis au Seigneur qui parle dans toute l'Ecriture, et ouvert, attentif
à tout ce qui se pense, se dit, et se fait dans le monde. Une orthodoxie fermée, un
modernisme infidèle, voilà ce que ne peuvent admettre et pratiquer les disciples de la
Réformation." (Fondements pour l'avenir, p. 5, n.d.l.r.).
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- Quels conseils pratiques donneriez-vous à un pasteur soucieux de promouvoir
et de vivre la
Foi Réformée Confessante dans son Eglise ?
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- Monsieur Courthial nous fait part ici de son expérience en tant que pasteur à la
retraite de l'Eglise Réformée de France.
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- La priorité des priorités, c'est le Conseil presbytéral :
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- - Pour commencer, il faut poser des conditions pour pouvoir être
membre de celui-ci (participation régulière au culte dominical, adhésion à la
Confession de Foi ainsi qu'à la Discipline de l'Eglise, etc...) ;
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- - Il est souhaitable de proposer une formation pour anciens et
responsables d'Eglise.
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- - Mettre en place une étude biblique hebdomadaire, ainsi que - si
possible - un catéchisme pour adultes, sur la base du Catéchisme de
Heidelberg ou de la Confession de Foi de la Rochelle par exemple.
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- - Former la vie cultuelle et liturgique - la piété - des membres de
l'Eglise en utilisant des textes et des chants liturgiques enracinés dans la tradition
réformée francophone (Liturgie grise ; Liturgie Romande ; chant des
Psaumes ; etc.).
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- - Le plus important : Mettre en oeuvre une prédication exposition,
exégétique, et séquentielle : prêcher de façon suivie -séquentielle- sur des
livres bibliques ou sur des unités de textes (Décalogue, Sermon sur la Montagne, etc.),
en exposant et en expliquant le plus fidèlement possible -selon le
principe de l'analogie de la Foi (ndlr)- le contenu de sens du texte,
tout en appliquant celui-ci à la situation particulière des gens qui écoutent :
"la prédication, c'est l'application d'un texte aux gens qui écoutent."
Propos recueillis par Bernard AUBERT et Vincent BRU, membres de l'A.E.R.C.
Sur l'identité réformée confessante, voir de même de Pierre Courthial : Le jour des petits
recommencements, L'Age
d'Homme, 1996.
De Pierre COURTHIAL, voir de même : L'humanisme défait par la
Loi de Dieu ; L'Ecriture, Traité
d'Alliance |