Prédication 2ème dimanche de janvier

ERE Paris, le dimanche 9 janvier 2000

Pasteur Vincent BRU

 Textes : Es. 55.1-11 ; 1 Jn 5.1-9 ; Mc 1.4-11

  

Chers frères et sœurs en Christ, chers amis, nous voici donc dans la nouvelle année, et je voudrais, à cette occasion, vous inviter à porter vos regards vers le Ciel, vers Dieu, comme jamais peut-être vous ne l’avez fait auparavant.

Pourquoi cela, serez-vous tentés de me dire ?

Et bien parce que le Ciel, Dieu, les choses invisibles sont les seules réalités vraiment pour lesquelles notre âme ne s’élèvera jamais assez, notre amour ne sera jamais assez grand, notre élan ne connaîtra jamais de limite.

Le croyez-vous ? 

Nous voici en l’an 2000. 

Ce chiffre est hautement symbolique, et comme tel, il est chargé de sens. 

Car il s’agit ni plus ni moins que de 2000 ans de grâce, 2000 ans durant lesquelles Dieu n’a jamais eu de cesse d’appeler des hommes à Lui, et de nous dire son Amour. 

Car Dieu est Amour. 

Ce sont donc, au regard de la foi, 2000 ans d’amour ! 

Mais les guerres ? Mais les tremblements de terre ? Mais les victimes de la haine ? de l’indifférence ? de la cruauté et de la barbarie des hommes ? 

Soit ! Mais ce matin Dieu nous invite à porter nos regards plus haut, au-delà des contingences de ce monde, au-delà même de notre histoire, de nos histoires, jusqu’à ce point sublime où le ciel a rejoint la terre, la nuit de Noël, et à cet autre unique instant où le ciel s’est ouvert pour faire entendre la voix de Dieu : « Tu es mon Fils bien-aimé, objet de mon affection. » !

 

Le texte qui nous est proposé pour ce matin, nous fait part en effet du baptême de Jésus par Jean, et partant de là, nous ouvre, pour ainsi dire, la porte des cieux, nous fait pénétrer dans le secret de Dieu pour nous donner un autre regard sur l’histoire et sur le monde. 

Je lis au verset 9 : 

Mc 1. 9  En ce temps-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.

10  Au moment où il sortait de l'eau, il vit les cieux s'ouvrir et l'Esprit descendre sur lui comme une colombe.

11  Et une voix (se fit entendre) des cieux : Tu es mon Fils bien-aimé, objet de mon affection. 

2000 ans après, ce texte nous parle. 

Il y a quelque chose de l’ordre du lumineux et du sublime dans cet événement dont nous fait part Marc, l’évangéliste. 

Tout d’abord il y a ces cieux qui, nous dit le texte, s’ouvrent ! 

« Il vit les cieux s’ouvrir » 

Les cieux !Espace infini qui, comme dit le psalmiste « racontent la gloire de Dieu », et devant lesquels nous nous sentons bien petits ! 

Ecoutons Job : 22:12  Dieu n'est-il pas en haut dans les cieux ? Regarde la hauteur des étoiles ;  comme elles sont élevées !

Et encore : 35:5  Considère les cieux et vois ! Regarde les nuées, comme elles sont au-dessus de toi ! 

Ecoutons le psalmiste :

Ps 8:1 Éternel, notre Seigneur ! Que ton nom est magnifique sur toute la terre ! Toi qui établis ta majesté au-dessus des cieux.

Ps 8:3 (8-4) Quand je regarde tes cieux, ouvrage de tes mains, La lune et les étoiles que tu as établies: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui? Et le fils de l'homme, pour que tu prennes garde à lui ? 

Face à cet immensité des cieux, le philosophe Blaise Pascal s’est écrié : « Le silence de ces espaces infinis m’effraies » ! 

Il faut donc que les cieux nous parlent de Dieu !

Les cieux sont une vivante image de l’infinie majesté de Dieu, de son immensité, de son ineffabilité même.

Dieu est celui dont on ne peut pas parler.

Dieu est trop grand, Dieu est trop élevé pour que nous puissions, par nous-mêmes, monter jusqu’à lui.

Dieu est transcendant, il est le « tout-autre » que nous, celui qui nous dépasse toujours, et dont il ne nous est pas possible de nous faire une idée juste, par nous-mêmes, avec notre intelligence finie.

« Dieu seul parle bien de Dieu » a pu dire Blaise Pascal.

Mais Dieu est aussi, paradoxalement, celui vers qui tout notre être aspire, celui vers qui converge toutes les quêtes des hommes, cependant qu’il nous est parfaitement impossible de l’atteindre par nos propres forces, nos propres moyens.

Il y a une distance infranchissable entre Dieu et nous, du fait de notre finitude, mais par dessus tout, du fait de notre péché.

Car Dieu est Saints, et nous sommes pécheurs.

Les cieux nous paraissent toujours au-dessus de notre portée. Ils sont « là-haut ». Inaccessibles. Toujours au-dessus de nous.

Ainsi en est-il de Dieu.

Nous aspirons à lui de tout notre être, et le malheur des hommes, le drame du péché même, c’est que, depuis la Chute, nous sommes tous coupés de la communion avec Dieu. 

Voilà pourquoi aussi, Esaïe, se faisant le porte parole de l’humanité toute entière, s’est écrié :

Esa 64:1 Ah! si tu déchirais les cieux Et si tu descendais… 

Le rêve des hommes, c’est que Dieu déchire les cieux et descende.

Le rêve des hommes, c’est que le ciel rejoigne la terre, que le Bien suprême franchisse lui-même la distance qui nous sépare de lui, et qu’il nous enveloppe comme dans un manteau de tendresse.

Le rêve des hommes c’est que Dieu parle, qu’il descende lui-même de ces « cieux » qui nous effraient au moins tout autant qu’ils nous fascinent.

Et c’est ce qu’il a fait, en Jésus, il y a 2000 ans !

Et c’est ce que nous voulons célébrer aujourd’hui encore ! 

Que Dieu réside dans les cieux, cela l’Ecriture nous le dit bien :

Ps 103:19 L'Éternel a établi son trône dans les cieux, Et son règne domine sur toutes choses. 

Du haut des cieux, Dieu sondent les êtres humains, il cherche l’homme : 

Ps 11:4  L'Éternel est dans son saint temple, L'Éternel a son trône dans les cieux; Ses yeux regardent, Ses paupières sondent les êtres humains.

Ps 14:2  L'Éternel, du haut des cieux, se penche sur les êtres humains, Pour voir s'il y a quelqu'un qui ait du bon sens, Qui cherche Dieu. 

Ainsi, Dieu est à la recherche de l’homme. Mais aucun, selon l’Ecriture, depuis la révolte adamique, ne satisfait les exigences de sa justice : 

Rm 3. 10  selon qu'il est écrit: Il n'y a pas de juste, Pas même un seul;

11  Nul n'est intelligent, Nul ne cherche Dieu. Tous se sont égarés, ensemble ils sont pervertis,

12  Il n'en est aucun qui fasse le bien, Pas même un seul. 

C’est dans ce contexte qu’il nous faut comprendre cette parole que Dieu, nous est-il dit, fit entendre du ciel au moment du baptême de Jésus : « Tu es mon Fils bien-aimé, objet de mon affection. » 

Jésus-Christ est, lui seul, le Fils bien-aimé de Dieu, objet de son affection. 

De tous les êtres humains issus d’Adam, Jésus-Christ seul n’a pas été marqué du sceau de la faute originel, du péché d’Adam, de sorte que le regard de Dieu s’est posé sur lui, et qu’il l’a approuvé. 

Dieu a posé un regard approbateur sur son Fils, et c’est en vertu de ce regard qu’il est devenu notre Sauveur. 

2 C 5.21 : « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. » 

En Jésus-Christ, Dieu a déchiré les cieux. Il est descendu lui-même afin de nous élever jusqu’à Lui. 

Le ciel a rejoint la terre, et la communion avec Dieu a été de nouveau rendue possible. 

Je voudrais, chers amis, ce matin que nous réalisions, comme tout à nouveau, la portée de cet événement dont nous fait part notre texte, cet événement qui a changé radicalement le cours des choses, et qui donne aussi tout son sens à l’histoire. 

Jésus-Christ, la Parole éternelle de Dieu, le Verbe incarné, est descendu des cieux, et au moment de son baptême, il a été reconnu solennellement par Dieu comme son Fils bien-aimé, et a été mandaté pour sa mission. 

Au commencement de son ministère, Jésus se voit intronisé dans sa fonction de Fils et de Roi du Royaume. 

Jean-Baptiste avait annoncé la manifestation imminente de ce règne. 

Le vieux Siméon et la prophétesse Anne en avaient chanté la venue. 

Et voici qu’au moment de son baptême, une voix se fait entendre du ciel : ultime révélation, Dieu lui-même atteste publiquement la manifestation du règne en la personne de son Fils bien-aimé, objet de son affection. 

 

Cet événement nous rappelle que s’il convient de célébrer l’an 2000, c’est bien d’abord en référence avec la venue du Christ, à qui tout pouvoir a été donné, dans le ciel et sur la terre. 

Nous gardons tous, sans doute, un souvenir lumineux des festivités qui se sont déroulées la nuit du 31 décembre à la tour Effel et sur les champs Elysées. 

Tant de lumières et d’animations en tout genre, de feux d’artifice, et de spectacles ! 

Mais cela ne doit pas nous faire oublier que, pour nous chrétien, et pour le monde, c’est bien de 2000 ans d’ère chrétienne qu’il s’agit de célébrer d’abord.

2000 ans au cours desquels Dieu n’a jamais eu de cesse d’œuvrer, à travers l’Eglise, de sorte que la flamme de l’Evangile a embrasé toutes les nations de la terre.

2000 ans durant lesquels Dieu a exercé sa patience envers une humanité pécheresse, une humanité souffrante pour laquelle il a donné son Fils. 

Aujourd’hui encore, Dieu appelle les hommes à changer de voix, à se détourner de leur incrédulité, de leur désir d’autonomie, pour reconnaître en Jésus l’unique Seigneur et Sauveur, le Fils bien aimé de Dieu, celui par qui nous pouvons avoir un libre accès auprès du Père, celui par qui le ciel s’est déchiré, le ciel a rejoint la terre, Dieu à parlé, Dieu s’est fait connaître, Dieu est descendu jusqu’à nous.

Jésus-Christ est le oui de Dieu à l’histoire et à la vie.

Il est la réponse à tous nos maux, et il comble, lui seul, toutes nos espérances.

Puissions-nous donc, frères et sœurs, vivre cette nouvelle année, dans la communion retrouvée avec Dieu, dans la recherche de sa volonté, et en menant une vie qui lui soit vraiment agréable.

 Amen !