Prédication sur Actes 2.42 à 47 Premier culte à lERE de Paris (prédication inaugurale) Le 29 août 1999 Pasteur Vincent BRU
Texte supplémentaire : Ep 4.1-13 Thème : Quelle vision pour l'Eglise Réformée Evangélique de Paris ?
Chers frères et surs en Christ, c'est une joie pour nous de pouvoir nous retrouver, après ces deux mois d'été, où nous étions, les uns et les autres, dispersés. Nous voici parvenus déjà à la fin des vacances scolaires, et la reprise des activités de l'Eglise se profile à lhorizon. Alors je voudrais, à cette occasion, vous faire part de la manière dont j'envisage mon ministère parmi vous, comme nouveau pasteur de cette église, et partager avec vous ce qui me semble être les conditions nécessaires de la vitalité et de la croissance de notre communauté dans les années à venir. Le texte que nous avons lu dans le Livre des Actes des Apôtres nous fait part de la toute première communauté chrétienne, cette communauté qui constitue en quelque sorte, le noyau inaugural de lEglise, de tout le peuple de Dieu dispersé sur toute la surface de la terre. Sans tomber dans le piège de considérer cette communauté primitive comme étant nécessairement idéale, sans faute, il me semble que rien ne saurait nous être plus utile que de considérer ce qui constituait véritablement les marques de l'Eglise naissante, les traits distinctifs de celle-ci. Je relèverai quatre éléments qui ressortent clairement de notre texte. 1. Le premier élément, le premier trait caractéristique de l'Eglise naissante, et donc aussi de l'Eglise fidèle de tous les temps, c'est son attachement à l'enseignement des Apôtres. Je lis au verset 42 : " Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres ". Ce qui caractérise l'Eglise fidèle, l'Eglise-peuple-de-Dieu, l'Eglise véritable, c'est son attachement à la Parole de Dieu, son attachement à la Bible, qui constitue le traité d'Alliance entre Dieu et son peuple. L'Eglise, en tant que peuple de Dieu, est lié à son Seigneur par une Alliance. Cette Alliance comporte à la fois des commandements et des promesses, ainsi que des bénédictions et des malédictions selon la fidélité ou l'infidélité du peuple de Dieu. L'Ancien Testament constitue l'ancienne disposition de l'Alliance, qui s'adressait au peuple d'Israël. Le Nouveau Testament constitue la nouvelle disposition de l'Alliance, Alliance désormais pleinement accomplie en Christ, et dont les Apôtres sont les portes parole. Voilà pourquoi il est dit de l'Eglise primitive qu'elle persévérait dans l'enseignement des Apôtres. L'enseignement des Apôtres n'est autre que l'enseignement de Jésus-Christ lui-même, et donc aussi que la Parole de Dieu même, de sorte que celui-ci constitue l'unique fondement sur lequel le nouveau peuple de Dieu qu'est l'Eglise est appelé à sédifier.
Alors, quest-ce que cela peut-il bien vouloir signifier pour nous, en tant quEglise et en tant que chrétiens, à laube du troisième millénaire ? Et bien il me semble tout simplement que le renouveau et la vitalité de notre communauté, de notre Eglise à Paris, dépendent en définitive dabord, de notre attachement au témoignage des Apôtres, de notre attachement à la Bible. Les Réformateurs, au XVIe siècle, ont, vous le savez, remis en valeur lautorité de la Bible, Parole de Dieu. Lune des priorités de la Réforme a été de mettre la Bible à la portée de tous, de façon que chaque fidèle, chaque chrétien puisse sédifier, en lisant, en méditant soi-même la Parole de Dieu. La lecture personnelle de la Bible a toujours été lun des traits caractéristiques, comme aussi la force du protestantisme, et il est bien malheureux de voir aujourdhui tant de familles protestantes qui ont perdu la saine habitude de lire la Bible, de simprégner de la Parole de Dieu, den faire leur nourriture chaque jour. Une Eglise qui veut croître, une Eglise qui souhaite vivre le renouveau toujours nécessaire de la foi, ne peut que suivre cette Parole, et tout mettre en uvre pour faire en sorte que celle-ci soit véritablement connue et aimée de tous, que chaque membre de la communauté en soit imprégné, vraiment, afin dêtre pleinement équipé pour le service. A ce titre, vous serez invités, tout au long de lannée, à participer à diverses rencontres, qui chacune aura pour but de mieux vous faire connaître la Bible, de vous familiariser avec celle-ci : études bibliques, formation pour membres dEglise, instruction religieuse des enfants, et bien sûr le culte le dimanche matin, où je mefforcerai de vous annoncer tout le Conseil de Dieu, sans rien dissimuler. Sachez donc, frères et surs, profiter le plus possible de ces moments privilégiés, où vous pourrez recevoir tout ce dont vous avez besoin pour vivre la vocation à laquelle le Seigneur vous appelle. Telle me semble bien être la condition nécessaire, la condition première pour que le Seigneur accorde sa bénédiction sur notre communauté et sur notre témoignage chrétien.
2. Deuxième trait caractéristique de l'Eglise : la communion fraternelle. " Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle ". Dautres textes de lEcriture, en particulier dans la Première Epître de lApôtre Jean, nous parlent de cette réalité de la communion fraternelle entre chrétiens, qui découle de notre appartenance à Christ, et qui est un don de lEsprit :
Cela peut paraître banal, mais il y a là une vérité profonde, une vérité à laquelle il importe de porter toute notre attention. L'Eglise est une famille, la famille de Dieu, de sorte que nous sommes tous frères les uns des autres. C'est en Eglise que le Seigneur nous appelle d'abord à vivre l'amour du prochain, qui résume toute la Loi. Cela a des implications multiples. Tout d'abord, le fait que nous soyons appelé à vivre la communion fraternelle, implique que nous ayons véritablement soucis les uns des autres. Cela signifie que chacun de nous a la responsabilité de prêter attention à tous les membres de la communauté, en prenant bien soin de ne pas négliger qui que ce soit, et en étant véritablement à l'écoute de l'autre. Vivre la communion entre frères, c'est rejeter la tentation de la calomnie ou de la médisance, c'est recevoir l'autre tel qu'il est, avec le souci de mettre tout en uvre pour le voir s'édifier toujours plus dans la grâce du Seigneur, et de devenir ainsi une pierre vivante dans l'édifice de Dieu qu'est l'Eglise. Vivre la communion entre frères, c'est, comme nous y invite aussi l'Ecriture Sainte, accepter de pardonner, de ne pas tenir rigueur, de rendre le bien pour le mal, et de prier pour ceux-là mêmes qui, consciemment ou non, nous ont porté tord. Il va de soit que la communion fraternelle va de pair avec l'amour de la Vérité, l'attachement à la Parole de Dieu, à l'enseignement des Prophètes et des Apôtres. Alors comment vivre concrètement cette communion fraternelle au sein de la communauté que nous formons ? Plusieurs occasions nous sont données pour vivre cette communion entre frères : le culte le dimanche, avec en particulier laccueil des nouveaux membres, des gens de passage, des nouveaux venus, les repas fraternel, une fois par mois, les diverses occasions de rencontres, les réunions de prière, le cercle des dames ou encore le groupe de jeunes. Autant doccasions de vivre lamour du prochain, et de manifester notre unité en Christ. Alors, mon vu le plus cher pour les années qui viennent, cest que nous puissions vraiment, chacune et chacun, refléter par notre communion, par lauthenticité et la profondeur de nos relations les uns avec les autres, la réalité de lamour de Dieu en Christ, comme nous y sommes invités. Premier point donc : lamour de la Vérité, lattachement à lenseignement des Apôtres. Second point, second élément qui constitue la clé du renouveau et de la vitalité de lEglise : la communion fraternelle. 3. Le troisième trait caractéristique de l'Eglise fidèle, c'est ce que notre texte désigne par " la fraction du pain ", et qui n'est autre que la sainte cène, le repas du Seigneur. " Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain... ". La communion fraternelle est rendue plus particulièrement visible au moment de la sainte cène, qu'on désigne d'ailleurs aussi par le mot "communion". La sainte cène, c'est le fait de vivre communautairement, dans la communion les uns avec les autres, la réalité du salut de Dieu en Christ, qui a donné sa vie pour nous. Les Réformateurs ne s'y étaient pas trompés : ils définissaient les marques de l'Eglise véritable comme étant la prédication de la Parole et l'administration des sacrements. Le baptême et la cène sont les deux sacrements institués par Dieu pour tous les croyants, et c'est en vivant de ces moyens de grâce que nous pouvons expérimenter en Eglise la merveilleuse réalité du Royaume. 4. Le quatrième trait caractéristique de l'Eglise naissante, c'est son assiduité dans la prière. " Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain... ". LEglise naissante, lEglise des temps apostoliques, est une Eglise qui prie ! LEglise naissante est une Eglise en prière ! Or, qu'est-ce que la prière, sinon le fait de reconnaître et de vivre sa dépendance à l'égard du Seigneur ? Prier, c'est signifier la réalité de notre appartenance à Christ, le fait que nous soyons devenus, par lui, enfants de Dieu. Prier, c'est manifester, comme le dit le Catéchisme de Heidelberg, notre reconnaissance envers Dieu qui nous a fait don d'un si grand salut. Voilà pourquoi lEglise et les chrétiens sont appelés à prier en toute occasion :
Alors, frères et surs, soyons de même une Eglise qui prie ! N'ayons jamais de cesse de vivre toute notre vie d'Eglise et chacune de ses activités dans une attitude de prière, une attitude de reconnaissance envers Dieu, dans une humble soumission à son Evangile et à sa Loi. Concrètement, cela signifie qu'il nous faut prendre le temps dans la semaine, individuellement d'abord, et communautairement, de nous placer devant Dieu, pour lui parler, pour lui confier toutes choses, et toute notre vie. Prions aussi les uns pour les autres, en toute occasion, et intercédons pour le monde, pour les autorités, pour notre ville de Paris, afin que Dieu accorde sa bénédiction sur notre nation, sur notre peuple. Il y a des moments privilégiés pour cela : le culte le dimanche matin, mais aussi les études bibliques et les réunions de prières en semaine, la semaine universelle de prière organisée chaque année par l'Alliance Evangélique Mondiale, la semaine de l'unité des chrétiens et autres manifestations. En résumé, donc, l'Eglise fidèle, dans la droite ligne de l'Eglise des premiers siècles, se caractérise par :
A ces quatre traits qui doivent caractériser notre vie d'Eglise, j'en ajouterai deux autres qui ressortent du reste clairement d'autres textes du NT : l'évangélisation d'une part, une vision englobante du Royaume de Dieu d'autre part. L'évangélisation, le fait de rendre témoignage à Jésus-Christ à ceux qui sont autour de nous, relève de la responsabilité de chacun.
Nous avons, ici à Paris et dans sa région, un immense terrain de mission, et si la tâche peut nous paraître démesurée eu égard à nos faibles moyens, nous savons que c'est le Seigneur qui nous envoie, et qu'il nous assure la victoire, car Il règne, véritablement, sur toutes choses. Ayons donc véritablement à cur, frères et surs, le salut de nos concitoyens : prions pour eux, prions pour la ville de Paris, afin quelle soit gagnée à lEvangile, et afin que la lumière du Christ rayonne partout dans le monde. Nayons jamais de cesse, en toute occasion, de rendre témoignage à Jésus-Christ, que cela soit sur notre lieu de travail, en famille, ou avec nos relations, nos amis. Il y a là, incontestablement, une priorité pour nous, si nous voulons que notre communauté sédifie et croisse toujours davantage, comme nous le souhaitons chacun. Et cela nous conduit à notre dernier point. Ce qui doit caractériser notre vision d'Eglise, dans la droite ligne de la Réforme, c'est le fait d'avoir une vision vraiment englobante du Règne du Christ. Comme l'a dit un théologien connu : " Il n'est pas de domaine de la vie des hommes dont le Christ ne puisse dire : "c'est à moi" " ! La seigneurie de Jésus-Christ et de la Parole de Dieu s'exerce sur tous les domaines de la vie, de sorte que toute la réalité et toute la vie des hommes sont concernées par l'Evangile : non seulement la vie religieuse, la vie de l'Eglise, mais encore la vie politique, l'éducation, les arts, la philosophie et les diverses sciences, la vie sociale, etc... Dans notre société sécularisée, il est tentant de restreindre le champ de la religion chrétienne à la vie spirituelle, au culte et à la prière. Mais c'est oublier que le Christ est le Seigneur de toutes choses, et qu'il importe par conséquent d'emmener toutes pensées captives à l'obéissance du Christ. Le monde, chers amis, et donc aussi notre ville de Paris, appartiennent à Dieu. Jésus-Christ n'est pas seulement le Seigneur de l'Eglise, il l'est aussi du monde, de toute la création, de tout l'univers, de sorte qu'aucune créature, aucun aspect de l'existence n'échappe à sa souveraineté, comme il est écrit : " Tout pouvoir ma été donné dans le ciel et sur la terre " (Mt 28.18) ! LEvangile nous invite à tout subordonner à la seigneurie de Jésus-Christ, en rapportant toute notre vie et toute la vie du monde à sa gloire. Tel est, chers amis, le programme qui s'offre à nous, tout au long des années qui viennent, et aussi longtemps que le Seigneur prêtera vie à notre communauté. Alors, chrétiens, membres de lEglise Réformée Evangélique de Paris, sachez vous montrer dignes de la vocation que le Seigneur vous adresse. Vous êtes larmée du Christ, les soldats du Christ, dans cette ville de Paris, ce centre culturel, qui bouillonne dintelligence, et qui ne manque pas dimagination, mais qui a tant besoin du message de lEvangile. Vous êtes le sel de la terre ! Vous êtes la lumière du monde ! Vous tous, membres de lEglise Réformée Evangélique de Paris. Cest là votre vocation, jusquà ce quIl vienne ! Amen ! |