Prédication sur Néhémie 8.1-12

ERE de Paris

Dimanche 12 septembre 1999

Pasteur Vincent BRU

Thème : Les conditions du renouveau et de la vitalité de l’Eglise

Autre texte : 1 Co 12.12-25

  

Chers frères et sœurs en Christ, je vous propose donc ce matin de poursuivre notre réflexion sur les conditions du renouveau et de la vitalité de l'Eglise, dans la mesure où nous nous apprêtons à vivre la reprise des activités de notre communauté, et où nous souhaitons vraiment vivre la vocation que le Seigneur nous adresse.

Nous avons vu, il y a quinze jours, quelles devaient être, selon le modèle du Livre des Actes, les priorités pour notre vie d'Eglise, avec en particulier l'attachement à l'enseignement des Apôtres, à la Parole de Dieu, la communion fraternelle, la prière, et le témoignage chrétien, l'évangélisation.

L'Eglise et les chrétiens, nous mêmes ici présents, sommes appelés par Dieu à être les vivants témoins du Christ vainqueur, du Christ-Roi, en étant véritablement ainsi " sel de la terre et lumière du monde ".

Vous êtes le sel de la terre ! C'est vous la lumière du monde !

Le texte que nous avons lu ce matin a quelque chose à nous dire quant à l'attitude que nous devons avoir, en tant qu'Eglise et en tant que chrétien, pour accomplir fidèlement la tâche que le Seigneur nous confie, et pour que l'Eglise soit vraiment l'Eglise, conformément au dessein de Dieu pour son peuple et pour le monde.

 

I. L'engagement de tout le peuple

Le peuple d'Israël vient de traverser l’une des périodes les plus sombres de son histoire.

C'est la période du désert, la période de l'Exil, tandis que la ville de Jérusalem et le Temple ont été détruis, et que presque toute la population a été déportée à Babylone.

Seulement voilà que bien des années plus tard, un dénommé Cyrus, roi de Perse, autorise le peuple d'Israël à retourner dans son pays et à reconstruire le Temple de Jérusalem, sous la conduite de Josué.

L'épisode dont nous fait part le chapitre 8 du livre de Néhémie se situe peu de temps après la reconstruction du Temple et des murailles de Jérusalem.

Le peuple peut à nouveau accomplir sa vocation de témoin, et d'adorateur du Dieu Très-Haut.

Ce qui caractérise ce temps de renouveau, c'est que c'est le peuple tout entier qui se mobilise et qui se met en marche pour entreprendre la restauration d’Israël, la restauration de tout ce qui constitue l'identité du peuple de Dieu, le peuple à qui Dieu parle et par lequel Dieu parle au monde, le témoin et l'annonciateur du Salut.

C'est ainsi qu'au chapitre 3 du Livre d'Esdras nous lisons, à propos de la reconstruction du Temple, que "tous ceux qui étaient revenus de la captivité à Jérusalem, commencèrent le travail" (Esd. 3 : 8).

De même, dans notre chapitre, nous lisons que "tout le peuple" demande à Esdras d'apporter et de lire "le livre de la Loi de Moïse".

Il y a là, chers amis, une leçon pour nous, pour nous qui nous apprêtons à vivre la reprise des activités de notre Eglise, et qui souhaitons démarrer cette nouvelle année dans la confiance et dans l'enthousiasme de la foi.

Le renouveau et la vitalité de l'Eglise dépendent, ne nous y trompons pas, de l'engagement de chacun, de tous ceux qui se réclament du Christ et de l'Evangile.

Cela nous paraît évident, certes, mais combien de fois ai-je entendu dire, ou m’entends-je dire parfois – mais je ne vise personne en disant ça ! – combien de fois ai-je entendu dire que la marche de l'Eglise, c'est d’abord l'affaire du pasteur, ou bien que l'on peut très bien vivre sa foi sans pour autant s'engager activement dans la vie de l'Eglise …

Vous en connaissez sans doute qui tiennent ce genre de discours.

Certainement pas vous !

Je crains fort, néanmoins, que nous soyons tous plus ou moins tentés d’envisager les choses ainsi.

Nous vivons notre petite vie d’Eglise en pensant tout bas que nous ne sommes pas indispensables, que l’Eglise à laquelle nous sommes rattachés pourrait tout aussi bien se passer de nous, comme peut-être aussi, nous pourrions très bien nous passer d’elle !

Et puis il y en a bien qui, eux, vivent leur foi et leur engagement d’Eglise avec un tel enthousiasme, que je ne vois pas très bien ce que moi, pauvre petit chrétien, je pourrais apporter à cette Eglise.

Ne me dites pas que cette idée là ne vous a jamais traversée l’esprit, et que vous n’avais jamais été tenté de raisonner de la sorte.

Je l’ai fait moi-même ! Il m’arrive encore de le faire, hélas !

C’est quelque chose qui nous est si naturel de nous reposer sur les autres, et de nous esquiver à l’appel de Dieu.

Nous trouvons toujours toutes les bonnes raisons du monde pour le faire. N’est-ce pas ! N’est-il pas vrai ? Mais sans doute pas vous !

La vérité, selon la Parole de Dieu, c’est que l’Eglise est la communauté de tous ceux qui sont unis à Christ par la foi.

L’Eglise est un corps, un organisme vivant dont chaque fidèle constitue un membre, unique, irremplaçable, de sorte que nous sommes tous dépendants les uns des autres, de sorte que nous avons tous véritablement besoin les uns des autres.

C’est là se qu’affirme l’Apôtre Paul dans son Epître aux Romains :

Romains 12:4 En effet, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n'ont pas la même fonction,

Romains 12:5 ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ et nous sommes tous membres les uns des autres.

De même, dans la première Epître aux Corinthiens nous lisons :

1 Corinthiens 12:12 En effet, comme le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne sont qu'un seul corps, --ainsi en est-il du Christ.

1 Corinthiens 12:13 Car c'est dans un seul Esprit que nous tous, pour former un seul corps, avons tous été baptisés, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit.

Comment mieux exprimer autrement la réalité de l’Eglise !

L’Eglise ! Non pas le bâtiment, non pas simplement l’institution, la dénomination, mais bien l’Eglise-communauté vivante, l’Eglise-corps du Christ dont chaque membre constitue une partie du tout, contribuant ainsi à l’édification, à la vie du corps tout entier.

Chacun à sa place, solidaires les uns des autres, soucieux même du plus petit de nos frères, du plus faible, mues par une commune espérance, dans l’attente du Royaume qui vient, et qui est déjà là !

Voilà bien ce que nous voulons vivre cette année durant.

Nous voulons vivre la réalité de la communion fraternelle en Christ, la réalité de l'amour et du pardon, sous l'autorité du Christ et de sa Parole.

Nous voulons travailler ensemble, à l’édification de l’Eglise, en demandant à Dieu d'accorder sa bénédiction sur notre communauté, afin qu'un plus grand nombre de fidèles se joignent à nous, et que la lumière de l'Evangile illumine toute la vie de notre ville et de notre région.

 

II. Le rôle d'Esdras, expliquant les Ecritures : la soif de la Parole de Dieu

Un autre fait marquant dans cet épisode du renouveau du peuple d'Israël, c'est la place prédominante d'Esdras et des autres prêtres, lisant et expliquant les Ecritures.

Au verset 3 nous lisons qu'Esdras, placé sur une estrade de bois dressée à cette occasion, lu le Livre de la Loi "depuis le matin jusqu'au milieu du jour", et que tout le peuple était "attentif" à la lecture du Livre de la Loi.

Et au verset 7 : "les prêtres faisaient comprendre la loi au peuple, et le peuple restait debout." – sans doute par respect pour cette Parole de Dieu, si longtemps ignorée, méconnue.

Ainsi en est-il à chaque fois que le peuple de Dieu redécouvre sa vocation.

La soif de la Parole de Dieu, le désir profond de toujours mieux connaître Dieu et sa volonté pour son peuple : voilà ce qui devrait nous habiter avant tout.

Comme le dit le prophète Esaïe : "A la loi et au témoignage ! Si l'on ne parle pas ainsi, Il n'y aura point d'aurore pour le peuple." (Es. 8: 20)

Et comme l'exprime le Réformateur Jean Calvin dans son Catéchisme : "Le but principal de la vie de l'homme est de connaître Dieu, car il nous a créés."

Ainsi donc, nous souhaiterions cette année durant conformer toujours davantage nos vies aux exigences de l'Evangile, en nous mettant toujours plus à l'écoute de la Parole de Dieu.

A ce titre, je me permets de vous encourager, chacune et chacun, à prendre du temps dans la semaine pour lire et pour méditer personnellement la Bible, car rien ne saurait vous être plus utile et plus profitable pour votre vie de foi.

Nous sommes si facilement enclins à murmurer contre ce que nous prétendons être le silence de Dieu, mais prenons-nous seulement le temps de nous mettre à l'écoute de sa Parole ?

Combien de temps consacrons-nous à la lecture de la Bible ?

Combien de temps consacrons-nous dans la semaine et dans notre vie pour nourrir notre foi et entretenir notre vitalité spirituelle, comme aussi celle de notre Eglise ?

Vous savez, il en est de la vie de la foi comme de l'amitié : si on ne l'entretient pas, si on ne la nourrit pas suffisamment, alors elle finit par diminuer, et parfois même par s'éteindre tout à fait.

Voilà pourquoi il convient de nous interroger sur ces choses en ce début d'année, si nous voulons relever le défi du témoignage auquel le Seigneur nous appelle.

 

III. "La joie de l'Eternel sera votre force" !

Pour terminer, je voudrais attirer votre attention sur ce qui me paraît être aussi la condition du dynamisme et de la vitalité de notre Eglise cette année durant, et les années à venir.

Au verset 9, nous lisons que "Néhémie, le gouverneur, Esdras, le sacrificateur-scribe, et les Lévites qui enseignaient le peuple dirent à tout le peuple : Ce jour est consacré à l'Eternel, votre Dieu ; ne soyez pas dans le deuil et dans les pleurs ! Car tout le peuple pleurait en entendant les paroles de la loi."

Et au verset 10 nous lisons : "Ne vous affligez pas, car la joie de l'Eternel sera votre force".

Le peuple a vécu trop longtemps loin de Dieu et de sa Parole, et maintenant qu'il redécouvre la proximité du Dieu vivant, il est pris d'un profond sentiment de remords et de tristesse.

Avoir vécu si longtemps loin des ordonnances du Seigneur, et dans la méconnaissance de sa Loi sainte, et face à ses exigences de justice et d'amour, c'en est trop !

Nous ne pouvons que nous émerveiller et tirer leçon de l'attitude du peuple à l'écoute de la Parole du Seigneur.

Face aux exigences de la sainteté de Dieu, tout le peuple s'incline dans une vraie repentance.

Quel contraste avec la légèreté avec laquelle notre monde, et parfois même, hélas ! l’Eglise, regardent et vivent les exigences de la Loi de Dieu.

Notre siècle est celui de l’indifférence religieuse, de la platitude spirituelle qui conduit à la passivité, à l’immobilisme religieux.

Face aux exigences de l’Evangile, les foules semblent parfois tout à fait indifférentes : ni pour ni contre, bien au contraire !

Dans ce contexte, il faut bien reconnaître que l’Eglise et les chrétiens, nous-mêmes, avons bien de la peine à faire entendre notre voix, et peut être sommes-nous tentés aussi, comme la foule de notre texte, de nous affliger et de nous lamenter, considérant notre pauvreté et notre faiblesse, en face de la sainteté de Dieu et de ses exigences.

Seulement voilà que le Seigneur nous dit, comme à la foule de notre texte : "Ne vous affligez pas, car la joie de l'Eternel sera votre force".

La joie de l'Eternel !

Savez-vous ce qu'est la joie de l'Eternel ?

Savez-vous que la joie de Dieu peut être votre force dans votre faiblesse, dans vos incertitudes, dans vos doutes ?

La joie de l'Eternel, c'est quand des frères et des sœurs se réunissent ensemble pour le louer.

La joie de l'Eternel, c'est lorsque deux ou trois sont assemblés en son nom. Alors, nous dit le Christ, je suis au milieu d'eux.

La joie de l'Eternel, c'est aussi ce que l'on peut éprouver lorsque l'on s'abandonne totalement à Dieu, lorsque l'on ne vit plus que pour Lui et pour sa gloire, après s'être détourné résolument de la tyrannie de l'orgueil et de l'incrédulité.

La joie de l'Eternel, c'est lorsqu'un pécheur se repent, et qu'il retourne à Dieu, le Père, comme le fils prodigue de la parabole.

"Car il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour 99 justes qui n'ont pas besoin de repentance" !

Ainsi le psalmiste s'écrit :

Ps 28:7 "L'Éternel est ma force et mon bouclier; En lui mon coeur se confie, et je suis secouru ; J'ai de l'allégresse dans le coeur, Et je le loue par mes chants."

Et encore : Ps 28:8 "L'Éternel est la force de son peuple, Il est le rocher des délivrances de son oint."

Ps 149:2 "Qu'Israël se réjouisse en celui qui l'a créé ! Que les fils de Sion soient dans l'allégresse à cause de leur roi!"

Voilà la joie de Dieu !

Voulez-vous connaître cette joie ?

Voulez-vous goûter à cette joie profonde et sereine, la joie d'en haut, cette joie dont la source ne tarit jamais ?

Cette joie céleste qui seule peut vous combler vraiment, et vous rendre libre, au milieu même des épreuves de la vie.

Voilà ce qui nous est proposé pour cette année, aussi, et voilà ce que je souhaiterais que nous partagions ensemble dans ce monde en proie à la désillusion, à l'ennuie.

Le Christ est notre joie, chers amis, Il est notre Sauveur, notre Roi.

Lui seul peut nous enrichir de ses dons précieux, et nous donner la victoire sur tout ce qui nous empêche d'être libres, vraiment.

Le Seigneur-Dieu, Créateur et Sauveur, nous appelle à la joie, nous son peuple, afin de nous envoyer comme ses témoins.

Soyons donc de ceux-là, et portons bien haut le flambeau de la foi, dans la joyeuse espérance du Royaume qui vient, et qui est déjà là.

Ce Royaume de paix et d'amour, dont nous voulons être les signes visibles et les vivants témoins.

Amen !