Prédication premier dimanche après Noël Pasteur
Vincent BRU E.R.E.
de Paris, le 26 décembre 1999
Chers frères
et soeurs en christ, chers amis, nous sommes au
lendemain de Noël, et peut-être sommes-nous déjà quelque peu
mélancoliques à l'idée que ce temps de festivités prendra bientôt
fin. Comme chaque
année, l’occasion est donnée à chacune de nos familles de se
retrouver pour célébrer ensemble la joie de Noël, autour de la table,
dans la chaleur des foyers, avec aussi les cadeaux et les mets précieux,
les décorations lumineuses autour de l’arbre de Noël et de la Crèche.
Mais si Noël
était justement un peu plus que quelques jours de festivité dans l'année... Si Noël
devait illuminer chacune de nos journées, chacune de nos activités, de
sorte que ce serait d'une certaine manière tous les jours la fête... Telle semble
bien en tout cas avoir été l'expérience de Siméon dont nous parle
notre texte. Après avoir
tenu l’enfant Jésus dans ses bras, et ayant reconnu en lui le Messie
tant attendu, celui-ci s'écrie : " Maintenant, Seigneur, tu
laisses ton serviteur s'en aller en paix. Car mes yeux ont vu ton salut,
salut que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour éclairer
les nations, et gloire d'Israël, ton peuple. " Remarquez que
Siméon n'hésite pas à identifier le salut de Dieu à la personne même
de Jésus. " Car
mes yeux ont vu ton salut " ! Siméon est
divinement averti que le petit enfant qu'il tient dans ses bras n'est
autre que le Sauveur, celui qu'ont annoncé tous les prophètes de
l'Ancien Testament, le Messie venu pour consoler son peuple. Au verser 25
nous lisons que Siméon était un homme juste et pieux qui attendait la
consolation d'Israël, et que l'Esprit Saint était sur lui. Et au verset
26 nous lisons ceci : " Il avait été divinement averti par le
Saint Esprit qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du
Seigneur. " Et voici que,
poussé par l'Esprit, Siméon se rend au temple de Jérusalem. Son regard se
porte vers ce petit enfant que Joseph et Marie ont amené là afin, nous
dit le texte, d'accomplir à son égard ce qu'ordonnait la loi. Et voici que
soudain, les yeux de Siméon s'éclairent à la vue de l'enfant Jésus. Cette fois-ci
c'est bien lui, le Messie promis, le Sauveur du monde ! Siméon perçoit
en cet instant, tout ce que ce petit enfant qu'il tient dans les bras,
représente. Si seulement
chacun pouvait, comme Siméon, reconnaître dans cet enfant de Noël,
l’unique Seigneur et Sauveur, la réponse de Dieu à tous les maux de
l'humanité, alors peut-être que Noël ne se réduirait pas si
facilement à cette atmosphère commerciale que nous connaissons trop, hélas
! Noël ne se réduirait
pas à ces quelques jours de festivité, si vite passés, mais imprégnerait
tous les instants de notre vie, pour les illuminer de sa joie.
Noter que Siméon
n'a pas d'autres sujets de joie et d'espérance que ce salut que Dieu a
préparé devant tous les peuples. Voilà
pourquoi il s'écrie : " Maintenant, Seigneur, tu laisses ton
serviteur s'en aller en paix, selon ta parole ". Siméon peut
désormais affronter la mort avec sérénité, il peut quitter ce monde,
puisque le Seigneur est là, le salut de Dieu, le oui de Dieu à la vie,
qui triomphe de tout mal, et qui donnent un sens aux choses et à
l'histoire. Et à bien y
réfléchir, n'est-ce pas là aussi ce à quoi nous aspirons chacun, ce
vers quoi nous tendons les bras inlassablement. Nous
voudrions connaître la paix, et nous comprenons qu'aux hommes, cela est
impossible, car la vraie paix ne peut, en définitive, venir que de
Dieu. Siméon a
bien compris tout cela. Il a pris le
l’enfant Jésus dans ses bras, a contemplé cet enfant, et a été
saisi d'étonnements et d'admiration devant le grand mystère de
l'incarnation, le mystère du Dieu fait homme pour le salut du monde. Cet enfant,
Siméon en a la certitude absolue, est la réponse de Dieu à tous les
maux de l'humanité. Il est Dieu
lui-même manifesté aux en chair,
il est le Sauveur, il est le oui de Dieu à l'histoire par lequel
il nous réconcilie avec lui-même et avec la Création. Remarquez que
Siméon, dans son cantique, ne parle pas que du seul peuple élu. Le salut de
Dieu qu'il identifie à l'enfant Jésus, ne doit pas être le privilège
du seul peuple d'Israël ; il doit au contraire s'étendre à toutes les
nations de la terre. Je lis à
partir du verset 29 (29-32). Ainsi, Siméon
entend mettre en évidence la portée universelle du salut en Jésus-Christ,
selon l'antique promesse concernant l'entrée des païens dans le peuple
de l'alliance. Souvenez-vous
d'Abraham : " toutes les familles de la terre seront bénies en toi
". Souvenez-vous
d'Esaïe, le prophète : " les nations marcheront à ta lumière
". En Jésus, il
n’y a plus désormais de différence entre juifs et païens. Le salut
offert par celui-ci est universel, de sorte que tous les hommes sont désormais
concernés par l'alliance avec Dieu. Les
pharisiens, les chefs religieux de l'époque, ne l'entendront pas de la
même manière. Pour ceux-ci,
le Messie devait être la propriété exclusive d'Israël, et devait
chasser l'occupant romain, et rendre au peuple d'Israël sa souveraineté
nationale. À l'époque
de Jésus, seule une minorité attendait la venue du sauveur sous les
traits du Messie promis par Dieu, venue pour délivrer les hommes de
leurs péchés. Cette minorité
est représentée ici par Siméon et Anne, mais aussi par Zacharie,
Joseph d'Arimathée et d'autres encore, ces humbles israélites prêts
à recevoir le Seigneur sous quelque apparence qu'il plairait à Dieu de
le leur manifester. Ils
constituent le reste fidèle d'Israël, que Dieu, dans sa providence, a
préparé d'avance afin de recevoir le Messie, et d'en être les témoins
privilégiés. Ainsi en
est-il aujourd'hui. Tous ceux qui
reconnaissent en l'enfant de Noël le Sauveur du monde ne sont pas, en définitive,
le plus grand nombre. La personne
de Jésus, comme le dit Siméon en s'adressant à Marie, est, encore
aujourd'hui, un signe qui provoque la contradiction parmi les hommes. Verset 34 :
" Voici, cet enfant est destinée à amener la chute et le relèvement
de beaucoup en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la
contradiction. " Il est un
fait que Noël, et donc aussi la personne de Jésus, ne revêt pas la même
signification pour tous. Les uns ne
voient en Jésus qu'un simple homme, un homme juste et sage, certes,
mais pas plus, un homme qui a marqué l'histoire, et qui a mal fini. Nous savons
que beaucoup de juifs à l'époque de Jésus se sont heurtés à l'idée
même que celui-ci pouvait être le Messie. Ils n'ont pas
su voir en lui la révélation ultime de Dieu, et ainsi en est-il pour
beaucoup de nos contemporains. Seulement
voilà, Siméon et Anne nous rappellent que cet enfant de Noël, n'est
autre que le Seigneur Dieu lui-même, Dieu manifesté en chair, venu
pour accomplir le projet de salut de Dieu envers notre humanité
souffrante. L’enfant de
Noël est véritablement le Libérateur, celui qui seul peut nous rendre
libre vraiment, en comblant toutes nos attentes, et toute notre espérance. Car lui seul
peut nous arracher à la tyrannie de la mort, en nous révélant le vrai
visage de Dieu : le visage de l’Amour. Oui !
Dieu est Amour, c’est bien là le message central de Noël. Dieu est
Amour, et c’est pourquoi tout est à nouveau possible à Noël. Tout est à
nouveau possible, parce que Dieu a décidé de mettre un terme à la
tyrannie du péché et de la mort, en nous remettant notre dette, en
nous réconciliant avec Lui, par son Fils. Noël nous
signifie qu’aucune situation n’est vraiment désespérée, que la
lumière finit toujours par l’emporter sur les ténèbres,
que la vie triomphe de la mort, parce que Dieu est Amour. Cela change
le monde entier ! Qu'ainsi
donc, le message de Noël, la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ,
accompagne chacune de nos journées, chacun de nos actes, chacune de nos
pensées, et que chaque jour de notre vie nous puissions être à notre
tour, comme Siméon et Anne, les témoins privilégiés de celui qui
constitue notre unique consolation dans la vie comme dans la mort, le
Christ, le Seigneur. Amen !
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