Prédication premier dimanche après Noël

Pasteur Vincent BRU

E.R.E. de Paris, le 26 décembre 1999

 

Lectures : Gn 15.1-6 ; 21.1-3
            Hé 11.8-12 ; 17-19
            Luc 2 : 22-40

 

Chers frères et soeurs en christ, chers amis, nous sommes au  lendemain de Noël, et peut-être sommes-nous déjà quelque peu mélancoliques à l'idée que ce temps de festivités prendra bientôt fin.

Comme chaque année, l’occasion est donnée à chacune de nos familles de se retrouver pour célébrer ensemble la joie de Noël, autour de la table, dans la chaleur des foyers, avec aussi les cadeaux et les mets précieux, les décorations lumineuses autour de l’arbre de Noël et de la Crèche. 

Mais si Noël était justement un peu plus que quelques jours de festivité dans l'année...

Si Noël devait illuminer chacune de nos journées, chacune de nos activités, de sorte que ce serait d'une certaine manière tous les jours la fête...

Telle semble bien en tout cas avoir été l'expérience de Siméon dont nous parle notre texte.

Après avoir tenu l’enfant Jésus dans ses bras, et ayant reconnu en lui le Messie tant attendu, celui-ci s'écrie : " Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s'en aller en paix. Car mes yeux ont vu ton salut, salut que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour éclairer les nations, et gloire d'Israël, ton peuple. "

 

Remarquez que Siméon n'hésite pas à identifier le salut de Dieu à la personne même de Jésus.

" Car mes yeux ont vu ton salut " !

Siméon est divinement averti que le petit enfant qu'il tient dans ses bras n'est autre que le Sauveur, celui qu'ont annoncé tous les prophètes de l'Ancien Testament, le Messie venu pour consoler son peuple.

Au verser 25 nous lisons que Siméon était un homme juste et pieux qui attendait la consolation d'Israël, et que l'Esprit Saint était sur lui.

Et au verset 26 nous lisons ceci : " Il avait été divinement averti par le Saint Esprit qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. "

Et voici que, poussé par l'Esprit, Siméon se rend au temple de Jérusalem.

Son regard se porte vers ce petit enfant que Joseph et Marie ont amené là afin, nous dit le texte, d'accomplir à son égard ce qu'ordonnait la loi.

Et voici que soudain, les yeux de Siméon s'éclairent à la vue de l'enfant Jésus.

Cette fois-ci c'est bien lui, le Messie promis, le Sauveur du monde !

Siméon perçoit en cet instant, tout ce que ce petit enfant qu'il tient dans les bras, représente.

Si seulement chacun pouvait, comme Siméon, reconnaître dans cet enfant de Noël, l’unique Seigneur et Sauveur, la réponse de Dieu à tous les maux de l'humanité, alors peut-être que Noël ne se réduirait pas si facilement à cette atmosphère commerciale que nous connaissons trop, hélas !

Noël ne se réduirait pas à ces quelques jours de festivité, si vite passés, mais imprégnerait tous les instants de notre vie, pour les illuminer de sa joie. 

Noter que Siméon n'a pas d'autres sujets de joie et d'espérance que ce salut que Dieu a préparé devant tous les peuples.

Voilà pourquoi il s'écrie : " Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s'en aller en paix, selon ta parole ".

Siméon peut désormais affronter la mort avec sérénité, il peut quitter ce monde, puisque le Seigneur est là, le salut de Dieu, le oui de Dieu à la vie, qui triomphe de tout mal, et qui donnent un sens aux choses et à l'histoire.

Et à bien y réfléchir, n'est-ce pas là aussi ce à quoi nous aspirons chacun, ce vers quoi nous tendons les bras inlassablement.

Nous voudrions connaître la paix, et nous comprenons qu'aux hommes, cela est impossible, car la vraie paix ne peut, en définitive, venir que de Dieu.

Siméon a bien compris tout cela.

Il a pris le l’enfant Jésus dans ses bras, a contemplé cet enfant, et a été saisi d'étonnements et d'admiration devant le grand mystère de l'incarnation, le mystère du Dieu fait homme pour le salut du monde.

Cet enfant, Siméon en a la certitude absolue, est la réponse de Dieu à tous les maux de l'humanité.

Il est Dieu lui-même manifesté aux en chair,  il est le Sauveur, il est le oui de Dieu à l'histoire par lequel il nous réconcilie avec lui-même et avec la Création.

 

Remarquez que Siméon, dans son cantique, ne parle pas que du seul peuple élu.

Le salut de Dieu qu'il identifie à l'enfant Jésus, ne doit pas être le privilège du seul peuple d'Israël ; il doit au contraire s'étendre à toutes les nations de la terre.

Je lis à partir du verset 29 (29-32).

Ainsi, Siméon entend mettre en évidence la portée universelle du salut en Jésus-Christ, selon l'antique promesse concernant l'entrée des païens dans le peuple de l'alliance.

Souvenez-vous d'Abraham : " toutes les familles de la terre seront bénies en toi ".

Souvenez-vous d'Esaïe, le prophète : " les nations marcheront à ta lumière ".

En Jésus, il n’y a plus désormais de différence entre juifs et païens.

Le salut offert par celui-ci est universel, de sorte que tous les hommes sont désormais concernés par l'alliance avec Dieu.

Les pharisiens, les chefs religieux de l'époque, ne l'entendront pas de la même manière.

Pour ceux-ci, le Messie devait être la propriété exclusive d'Israël, et devait chasser l'occupant romain, et rendre au peuple d'Israël sa souveraineté nationale.

À l'époque de Jésus, seule une minorité attendait la venue du sauveur sous les traits du Messie promis par Dieu, venue pour délivrer les hommes de leurs péchés.

Cette minorité est représentée ici par Siméon et Anne, mais aussi par Zacharie, Joseph d'Arimathée et d'autres encore, ces humbles israélites prêts à recevoir le Seigneur sous quelque apparence qu'il plairait à Dieu de le leur manifester.

Ils constituent le reste fidèle d'Israël, que Dieu, dans sa providence, a préparé d'avance afin de recevoir le Messie, et d'en être les témoins privilégiés.

 

Ainsi en est-il aujourd'hui.

Tous ceux qui reconnaissent en l'enfant de Noël le Sauveur du monde ne sont pas, en définitive, le plus grand nombre.

La personne de Jésus, comme le dit Siméon en s'adressant à Marie, est, encore aujourd'hui, un signe qui provoque la contradiction parmi les hommes.

Verset 34 : " Voici, cet enfant est destinée à amener la chute et le relèvement de beaucoup en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction. "

Il est un fait que Noël, et donc aussi la personne de Jésus, ne revêt pas la même signification pour tous.

Les uns ne voient en Jésus qu'un simple homme, un homme juste et sage, certes, mais pas plus, un homme qui a marqué l'histoire, et qui a mal fini.

Nous savons que beaucoup de juifs à l'époque de Jésus se sont heurtés à l'idée même que celui-ci pouvait être le Messie.

Ils n'ont pas su voir en lui la révélation ultime de Dieu, et ainsi en est-il pour beaucoup de nos contemporains.

Seulement voilà, Siméon et Anne nous rappellent que cet enfant de Noël, n'est autre que le Seigneur Dieu lui-même, Dieu manifesté en chair, venu pour accomplir le projet de salut de Dieu envers notre humanité souffrante.

L’enfant de Noël est véritablement le Libérateur, celui qui seul peut nous rendre libre vraiment, en comblant toutes nos attentes, et toute notre espérance.

Car lui seul peut nous arracher à la tyrannie de la mort, en nous révélant le vrai visage de Dieu : le visage de l’Amour.

Oui ! Dieu est Amour, c’est bien là le message central de Noël.

Dieu est Amour, et c’est pourquoi tout est à nouveau possible à Noël.

Tout est à nouveau possible, parce que Dieu a décidé de mettre un terme à la tyrannie du péché et de la mort, en nous remettant notre dette, en nous réconciliant avec Lui, par son Fils.

Noël nous signifie qu’aucune situation n’est vraiment désespérée, que la lumière finit toujours par l’emporter sur les ténèbres,  que la vie triomphe de la mort, parce que Dieu est Amour.

Cela change le monde entier !

Qu'ainsi donc, le message de Noël, la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ, accompagne chacune de nos journées, chacun de nos actes, chacune de nos pensées, et que chaque jour de notre vie nous puissions être à notre tour, comme Siméon et Anne, les témoins privilégiés de celui qui constitue notre unique consolation dans la vie comme dans la mort, le Christ, le Seigneur.  

Amen !