Prédication Ephésiens 1.16-19

ERE Paris – le 16 janvier 2000

Pasteur Vincent BRU

 Titre : "Connaître et croire !"

Lectures : Ez 11.14-20 ; Hé 5.11-14

 

Chers frères et sœurs en Christ, chers amis, nous poursuivons donc notre série de prédications sur l’Epître de Paul aux Ephésiens, et nous nous attacherons plus particulièrement aujourd’hui aux versets 16 à 19.

Je lis à partir du verset 15 :

15  C'est pourquoi moi aussi, ayant entendu parler de votre foi au Seigneur Jésus et de votre amour pour tous les saints,

16  je ne cesse de rendre grâces pour vous: je fais mention de vous dans mes prières;

17  afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne un esprit de sagesse et de révélation qui vous le fasse connaître;

18  qu'il illumine les yeux de votre cœur, afin que vous sachiez quelle est l'espérance qui s'attache à son appel, quelle est la glorieuse richesse de son héritage au milieu des saints,

19  et quelle est la grandeur surabondante de sa puissance envers nous qui croyons selon l'action souveraine de sa force.

Amen !

Cantique 626.1-3 : « J’ai soif de ta présence »

 

15 C'est pourquoi moi aussi, ayant entendu parler de votre foi au Seigneur Jésus et de votre amour pour tous les saints,

16  je ne cesse de rendre grâces pour vous : je fais mention de vous dans mes prières ;

L’Apôtre Paul, nous l’avons vu il y a quelques semaines de cela, avant les fêtes de fin d’année, rend grâce à Dieu pour les Ephésiens, ayant entendu parler de leur foi dans le Seigneur Jésus ainsi que de leur amour pour tous les saints.

Après avoir béni Dieu pour la richesse, la plénitude, l’abondance de la bénédiction dont il nous a fait part en Christ,  à nous ses élus, nous qu’il a prédestinés de toute éternité à être ses enfants d’adoption, Paul en vient maintenant à rendre grâce à Dieu, à dire merci à Dieu pour la foi et l’amour des Ephésiens.

Paul est animé, dans l’intérêt qu’il porte en faveur des Ephésiens, par un profond sentiment de reconnaissance envers Dieu, l’Auteur de toutes grâces et de tous dons parfaits.

La foi et l’amour sont les deux traits caractéristiques du chrétien, qui vit ainsi dans la communion du Père, par le Fils, par la puissance du Saint-Esprit.

L’amour pour tous les saints : l’amour pour l’Eglise, l’amour pour le peuple bien-aimé du Seigneur, le peuple de Dieu, pour lequel Christ a donné sa vie, seulement par amour.

 

Et voilà que maintenant Paul en vient à porter cette Eglise d’Ephèse dans une fervente prière d’intercession, qui a d’ailleurs aussi tous les traits d’une prière d’illumination.

Je lis au verset 16 :

16  je ne cesse de rendre grâces pour vous : je fais mention de vous dans mes prières ;

Et au verset 17 :

17  afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne un esprit de sagesse et de révélation qui vous le fasse connaître ;

18  qu'il illumine les yeux de votre cœur…

J’ai parlé il y a un instant de prière d’illumination.

C’est ce qui apparaît au verset 18, où Paul demande à Dieu qu’il illumine « les yeux de votre cœur ».

Paul s’adresse à Dieu afin qu’il confirme les Ephésiens dans la bénédiction dont il est question dans les versets 3 à 14, qu’il illumine leur entendement afin qu’ils saisissent toute la portée et l’ampleur de cette bénédiction qui consiste dans notre élection en Christ.

Paul intercède en faveur des Ephésiens, afin qu’ils réalisent toujours plus la grandeur et la profondeur insondable de l’amour de Dieu, de sa sagesse et de sa gloire, qui se manifestent dans notre rédemption en Christ.

Il y a là quelque chose qui nous parle, une leçon à tirer.

Avoir la foi, être chrétien, ne saurait se réduire à une connaissance, un savoir qu’il suffirait d’avoir pour être, automatiquement, des « chrétiens », des « enfants de Dieu ».

La foi est certes une « connaissance certaine par laquelle je tiens pour vrai tout ce que Dieu nous a révélé dans sa Parole », comme le dit le Catéchisme de Heidelberg.

Mais elle est aussi une « confiance du cœur, que l’Esprit Saint produit en moi par l’Evangile, et qui m’assure que ce n’est pas seulement aux autres, mais aussi à moi, que Dieu accorde la bénédiction et le salut ».

La foi ? Une confiance du cœur, qui est l’œuvre du Saint Esprit !

L’Esprit Saint qui illumine les yeux de notre cœur, de façon à ce que nous puissions voir et entrer dans le Royaume de Dieu : « Si un homme ne naît de nouveau, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut ni voir, ni entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn 3).

« Nul ne peut dire ‘Jésus est Seigneur’, si ce n’est par le Saint Esprit » (1 C 12.3) !

Voilà pourquoi, aussi, Paul demande à Dieu, dans une fervente prière d’intercession, que le Saint Esprit illumine « les yeux de votre cœur », ce qui est une manière imager de dire votre discernement spirituel, l’orientation religieuse de votre cœur, de votre âme, de votre être.

Le cœur de l’homme a été fait pour Dieu, mais le drame du péché consiste dans le fait qu’au lieu d’être tourné vers Dieu, notre cœur est orienté vers des idoles, vers ce qui n’est pas Dieu, et que nous déifions.

Notre cœur est désorienté.

Les yeux de notre cœur, notre regard intérieur, notre religiosité sont comme aveugles.

Le regard que nous portons sur les choses de Dieu est faussé par le péché qui réside en nous, et qui obscurcit notre vue.

Au lieu de nous tourner vers Dieu, vers la lumière, vers l’absolu, le Bien suprême, la source de tout bien, nous sommes naturellement enclins, depuis la Chute, à regarder vers le bas, à chercher notre espoir, notre raison d’être, notre bonheur dans les choses passagères de ce monde, dans les créatures, et c’est pourquoi l’homme moderne connaît autant l’insatisfaction ?

Regardez les gens autour de vous, dans le RER, dans le Métro, dans la rue !

Voyez comme ils ont l’air tristes et tourmentés !

Ils ne connaissent pas le Seigneur de Gloire, le Prince de la Vie, et alors ils s’ennuient, ils sont insatisfaits, ils cherchent toujours sans jamais trouver de réponses qui les satisfassent.

Considérez, chers amis, combien l’Evangile du saut en Jésus-Christ est vraiment une bonne nouvelle, et combien nous pouvons être reconnaissants envers Dieu de ce qu’il a illuminé les yeux de notre cœur, nous chrétiens, de sorte que nous soyons à nouveau capable de voir la véritable lumière, et que nous fassions de l’Evangile notre Drapeau, notre titre de Gloire, notre tout !

En résumé, donc, on peut dire que la conversion véritable, la démarche de foi authentique vis à vis de Dieu et de l’Evangile, ne s’opère que dans la mesure où le Saint Esprit illumine notre cœur, notre intelligence, afin que nous donnions notre assentiment à cette vérité, après l’avoir reconnu comme telle.

La conversion, le salut, le fait d’être sauvé, délivré vraiment, rendu libre sont l’œuvre de Dieu, l’œuvre de l’Esprit de Dieu en nous, l’Esprit Saint qui nous régénère de l’intérieur, qui illumine notre cœur, qui nous donne une capacité nouvelle à le recevoir, qui hôte de notre corps le cœur de pierre et qui nous donne un cœur de chair, comme dit le prophète.

 

Premier point donc, sur lequel Paul attire notre attention : l’illumination du Saint Esprit, sans laquelle l’Evangile reste lettre morte, l’Evangile demeure un mystère, une étrangeté pour nous.

Le deuxième point sur lequel j’attire, avec l’apôtre Paul, votre attention, c’est le fait que cette illumination du Saint Esprit ne va pas sans un savoir, une connaissance certaine de l’Evangile, de ce qu’est l’Evangile, et ce, contre une tendance moderne qui prétend que la foi commence là où s’arrête la raison, comme si la foi était contraire à la raison, opposé à l’intelligence humaine.

Ce n’est pas du tout ainsi que Paul nous parle de la foi.

Au verset 18 il dit ceci :

18b  afin que vous sachiez quelle est l'espérance qui s'attache à son appel…

Et déjà au verset 17 :

17  afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne un esprit de sagesse et de révélation qui vous le fasse connaître ;

 

Paul entend que les chrétiens d’Ephèse, et donc aussi nous même, sachent, connaissent

v. 18c  quelle est la glorieuse richesse de son héritage au milieu des saints,

19  et quelle est la grandeur surabondante de sa puissance envers nous qui croyons selon l'action souveraine de sa force.

Il y a quelque chose qui est de l’ordre du savoir là, de l’ordre de la raison, de sorte que croire en Jésus-Christ implique nécessairement ajouter fois en un certain nombre de vérités, des vérités objectives, qui ont valeur de normes, et qui définissent ce en quoi nous croyons.

J’espère ne pas être trop compliqué ici, mais il me semble qu’une grande confusion règne aujourd’hui dans le monde, et jusque dans l’Eglise, concernant la nature de la vérité, et de la par voie de conséquence, la nature de la foi.

On nous dit que toutes les vérités se valent, que tous les chemins mènent de toutes façons au même Dieu, que seule compte vraiment le fait d’avoir de bonne intention, que la vérité est forcément quelque chose de subjectif, de personnel : c’est ma vérité à moi, mais je conçois très bien qu’elle puisse ne pas être ta vérité.

« Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà » !

Et c’est ainsi que chacun va son chemin avec sa petite vérité, sa petite religiosité, sa petite spiritualité bien à lui, comme ce jeune homme qui prétendait pouvoir concilier foi chrétienne et hindouisme, ou que sais-je encore, et qui ne mettait jamais les pieds à l’Eglise parce qu’il n’avait pas besoin qu’on lui dise ce en quoi il devait croire…

Ce n’est pas ainsi que notre Seigneur Jésus-Christ nous invite à concevoir notre marche chrétienne, et notre foi en la Vérité.

Car enfin, Jésus ne dit pas : « Je suis une vérité, un chemin, une vie », mais bien « La vérité, le chemin et la vie ».

Cela change le monde entier.

Jésus-Christ et la Vérité !

La Bible, qui est la Parole de Dieu, est la Vérité.

Dieu n’est pas resté silencieux !

Il ne sait pas tu !

Le Dieu de la Bible, non des philosophes et des savants, est un Dieu qui parle et qui se fait connaître.

C’est le Dieu de l’Alliance qui nous invite à entrer dans sa communion d’amour, dans sa lumière, qui est la Vérité.

La Vérité de Dieu et de sa Parole s’impose à nous, à notre foi, de sorte que ne pas ajouter foi à la Parole de Dieu, à la Bible, c’est déjà, en un sens, se couper de la communion avec Dieu, c’est rejeter Jésus-Christ, s’est demeurer dans l’incrédulité en laquelle consiste précisément le Péché.

Il y a une vérité qui est celle que Dieu nous révèle dans sa Parole, la Bible, et en laquelle il nous faut croire si nous voulons être agréables à Dieu, si nous voulons que Dieu nous agrée.

« Sans la foi il est impossible d’être agréable à Dieu » nous dit l’Epître au Hébreux.

La foi biblique consiste aussi en un certain nombre de connaissances, que le Symbole des Apôtres résume très bien, et qui définissent notre identité en tant que chrétiens.

 

18b  afin que vous sachiez … dit l’Apôtre.

Ailleurs il dit : « Frères, je ne veux pas que vous soyez dans l’ignorance… » (1 C 12.1).

Pour l’Apôtre, la croissance en connaissance est indispensable à la croissance spirituelle du Chrétien.

Pas de vie spirituelle authentique, pas de piété même, sans connaissance.

L’ignorance conduit à l’erreur, et l’erreur est tout le contraire de la Vérité.

L’ignorance conduit à une fausse spiritualité, à une fausse religiosité, à une piété fade et sans profondeur, artificielle et qui ne résiste pas à l’épreuve du temps.

Celui qui à une ferme connaissance des choses de Dieu, de la Parole de Dieu, lui, ne risque pas de chuter quand vient la tempête.

« Il est comme un arbre planter près d’un courant d’eau, qui plonge ses racines dans le courant, et qui donne son fruit en son temps (Ps 1).

Il est la maison bâtie sur le roc solide et inébranlable de la Vérité : elle ne tombera pas, elle résistera au milieu de la plus forte tempête, comme celle que nous avons connue il n’y a pas si longtemps.

Il faut une Vérité solide, une Parole de Dieu claire et une ferme connaissance de ces choses pour tenir bon au milieu d’une génération incrédule, qui ne croit qu’en ce qu’elle voit, et pour qui tout est forcément relatif.

Face à la confusion dans laquelle se trouve tant de nos contemporains, notre texte nous invite à fonder notre foi sur du solide, sur le roc de la Vérité de Dieu, de la Parole de Dieu, de la Bible.

Cette Vérité là est éternelle.

L’Evangile est éternel.

Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui, demain.

Il nous invite à aimer Dieu de tout notre cœur, certes, mais encore de toute notre pensée.

Croître dans notre connaissance de Dieu et de sa Parole, c’est une manière d’aimer Dieu « de toute sa pensée ».

C’est soumettre notre intelligence, notre raison, à la seigneurie de Jésus-Christ, qui est l’Intelligence même, la Sagesse incarnée, la Vérité vraie.

Comme le dit ailleurs l’Apôtre Paul :

2 Co 10:5  Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s'élèvent contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l'obéissance au Christ.

Nous amenons toute pensée captive à l'obéissance au Christ !

 

Pour conclure,  considérons en quoi consiste cette connaissance, ce savoir objectif, ces vérités qui demandent à être crues, qui s’imposent à notre foi ?

Paul est très clair.

La connaissance en question concerne Dieu lui-même : être chrétien consiste d’abord à connaître Dieu, à le glorifier et à trouver en lui son bonheur éternel.

17  afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne un esprit de sagesse et de révélation qui vous le fasse connaître;

Connaître Dieu, c’est donc vivre en communion avec Lui, c’est le reconnaître comme Père, notre bon Père céleste, le « Père de gloire ».

Mais cette connaissance si nécessaire à la foi, concerne aussi les vérités qui ont trait à l’Evangile, au salut :

18  qu'il illumine les yeux de votre cœur, afin que vous sachiez quelle est l'espérance qui s'attache à son appel, quelle est l'espérance qui s'attache à son appel, quelle est la glorieuse richesse de son héritage au milieu des saints,

19  et quelle est la grandeur surabondante de sa puissance envers nous qui croyons selon l'action souveraine de sa force.

Cette connaissance ne nous est pas naturelle, mais elle nous est donné par Dieu, par l’illumination des yeux de notre cœur.

La connaissance de Dieu, tout comme la foi, est un don.

Nous verrons dans quinze jours, précisément, en quoi consiste cette connaissance, mais pour l’heure, qu’il me suffise de dire que la connaissance de Dieu et du salut est vraiment un immense privilège, pour nous qui croyons.

Connaître Dieu est ce qu’il y a de plus important au monde !

Connaître Dieu, c’est notre raison d’être en ce monde.

C’est là ce que dit Calvin dans son Catéchisme : Quelle est le but principal de la vie de l’homme ? C’est de connaître Dieu, car il nous a créés.

Jn 17.3  Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ.

N’ayons donc jamais de cesse de croître dans cette connaissance.

Soyons des hommes et des femmes de la Bible, qui prennent plaisir vraiment à méditer, à étudier cette Parole de Dieu qui renferme tous les trésors de la sagesse et de la connaissance.

Prions le Seigneur.