Prédication Ephésiens 2.1-10

ERE Paris – 5 mars 2000

Pasteur Vincent BRU

 Titre : « Ressuscités avec le Christ, ou le salut par grâce » ! 

Lectures : Ps 103 ; Rm 5.12-19

  

1 ¶ Pour vous, vous étiez morts par vos fautes et par vos péchés

2  dans lesquels vous marchiez autrefois selon le cours de ce monde, selon le prince de la puissance de l'air, cet esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion.

3  Nous tous aussi, nous étions de leur nombre et nous nous conduisions autrefois selon nos convoitises charnelles, nous exécutions les volontés de notre chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère comme les autres.

4  Mais Dieu est riche en miséricorde et, à cause du grand amour dont il nous a aimés,

5  nous qui étions morts par nos fautes, il nous a rendus à la vie avec le Christ--c'est par grâce que vous êtes sauvés--

6  il nous a ressuscités ensemble et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Christ-Jésus,

7  afin de montrer dans les siècles à venir la richesse surabondante de sa grâce par sa bonté envers nous en Christ-Jésus.

8  C'est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu.

9  Ce n'est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie.

10  Car nous sommes son ouvrage, nous avons été créés en Christ-Jésus pour des oeuvres bonnes que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions.

  

Chers frères et sœurs en Christ, le texte de ma prédication de ce matin ne saurait nous laisser indifférents.

L’actualité de ces derniers temps, l’histoire même de notre monde, l’histoire de l’humanité, comme aussi notre propre histoire, l’histoire de nos vies, nous révèlent le triste état de notre condition.

Il serait naïf de penser, comme d’aucuns l’ont fait dans l’histoire, que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles, que notre condition, en tant qu’homme, est la meilleurs que nous puissions envisager.

Nous comprenons chacun que notre monde est marqué par un manque, quelque chose qui relève de l’anomalie, de l’anormalité, de l’aliénation.

Notre monde est marqué par le mal, cette étrangeté qui nous plonge parfois dans une profonde perplexité, tellement cette réalité du mal nous paraît étrangère, dans le sens où nous ne pouvons pas vraiment nous satisfaire de cela, nous faire à l’idée.

Nous ne pouvons que constater l’étendue du mal qui frappe l’humanité, et même aujourd’hui encore, plus encore peut-être qu’autrefois.

Problèmes économiques de plus en plus aigus, multiplication des conflits sociaux, absence, voire même rejet des règles morales.

Autant de problèmes que connaît notre pays, et l’occident en général, qui nous laissent bien perplexes, et qui nous fait dire que l’homme semble bien incapable de gérer ses affaires et de créer une société juste, équitable, une civilisation fondée sur l’amour et sur la justice.

Dans ce contexte, et face à ce sombre tableau que présente notre monde, combien s’avère à propos le passage d’Ephésiens 2.1-10 !

La pensée de l’apôtre Paul alterne en effet ici entre le pessimisme, lorsqu’il considère la situation de l’homme pécheur, et l’optimisme, lorsqu’il élève son regard vers Dieu, l’auteur de toute grâce et de tout bien.

Paul brosse un tableau saisissant de contraste entre ce que l’homme est par nature, livré à lui-même, et ce qu’il peut devenir par la grâce de Dieu.

Les versets 1 à 3 nous dépeignent la situation de l’homme pécheur, l’homme naturel, l’homme en Adam, héritier d’Adam, marqué du sceau du péché originel.

Les versets 4 à 10 magnifient l’œuvre de re-création de Dieu, en Christ, la grâce de Dieu qui nous régénère, qui nous transforme, qui nous fait ressusciter avec Christ et naître à la vie nouvelle, la vie d’en haut.

Je lis donc à partir du verset 1 :

1  Pour vous, vous étiez morts par vos fautes et par vos péchés

2  dans lesquels vous marchiez autrefois selon le cours de ce monde, selon le prince de la puissance de l'air, cet esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion.

3  Nous tous aussi, nous étions de leur nombre et nous nous conduisions autrefois selon nos convoitises charnelles, nous exécutions les volontés de notre chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère comme les autres.

Paul, donc, pose son diagnostique sur la condition de l’homme, ce que l’homme est par nature, et ce faisant, il affirme trois vérités.

La première de ces vérités concernant la condition de l’homme, de tout homme, quel qu’il soit, c’est qu’il est, par nature, spirituellement mort.

1  Pour vous, vous étiez morts par vos fautes et par vos péchés 2  dans lesquels vous marchiez autrefois…

Ce constat peut vous paraître fort sévère, mais c’est pourtant là ce que la Bible affirme concernant la situation de l’homme devant Dieu, suite à la désobéissance d’Adam et Eve dans le Paradis.

Gn 1.16  L'Éternel Dieu donna ce commandement à l'homme: Tu pourras manger de tous les arbres du jardin;

17  mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras.

De même, dans son Epître aux Romains, au chapitre 6.23, Paul dira : « Car le salaire du péché, c'est la mort » !

Le péché introduit une rupture entre Dieu et l’homme, de sorte que, depuis la Chute, tous les hommes sont spirituellement morts, ils sont étrangers à la vie de Dieu, ils ne connaissent pas la communion avec Dieu, et vivre en dehors de la communion avec Dieu, de sa présence, c’est cela, la mort spirituelle.

Comme le dit le prophète Esaïe : « Mais ce sont vos fautes qui mettaient une séparation entre vous et votre Dieu ; ce sont vos péchés qui vous cachaient (sa) face et l'empêchaient de vous écouter. » (Es 59.2)

La séparation d’avec Dieu, c’est la mort.

La deuxième vérité concernant la condition de l’homme depuis la Chute, c’est qu’il est esclave.

Quoiqu’il puisse prétendre, l’homme naturel est esclave du monde tout d’abord.

« Vous étiez morts par vos fautes et par vos péchés 2  dans lesquels vous marchiez autrefois selon le cours de ce monde… »

Le « cours de ce monde », c’est cet ensemble de système de valeurs étranger à Dieu, c’est la société organisée sans Dieu, sécularisée, déshumanisée, et amorale, qui rejette les absolus et qui prône une conception matérialiste de la vie, en dehors de toute religiosité, de toute relation à Dieu.

C’est la « cité terrestre » dont parle st-Augustin, la cité des hommes sans Dieu, qui s’oppose à la Cité de Dieu : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu !

Esclave de ce monde, l’homme naturel est aussi esclave du diable, v. 2 : « le prince de la puissance de l'air, cet esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. »

Le diable, ou Satan, est à l’œuvre dans le monde, et constitue une puissance d’aveuglement et d’asservissement dont seul le Christ peut nous affranchir.

Esclave du monde et du diable, l’homme pécheur est aussi esclave de ce que l’apôtre Paul nomme ici, au verset 3 : « la chair ».

3  Nous tous aussi, nous étions de leur nombre et nous nous conduisions autrefois selon nos convoitises charnelles, nous exécutions les volontés de notre chair et de nos pensées

La chair signifie ici non pas le corps, la sexualité, qui n’est pas mauvaise en soi, étant un don de Dieu, mais bien la confiance en soi, le « Moi », la volonté orgueilleuse de l’homme pécheur qui prétend pouvoir se passer de Dieu, en ne s’appuyant que sur lui-même, sur ces capacités naturelles.

La « chair », c’est le « Moi » qui se dresse contre Dieu, c’est l’orgueil humain qui lutte contre la seigneurie du Christ, et qui s’oppose à son règne de justice et d’amour.

Telle est donc la situation de l’homme, selon Paul, spirituellement mort, esclave du monde, de son orgueil et du diable, de sorte qu’il encourt de ce fait la juste colère de Dieu, son jugement.

Verset 3 b : « et nous étions par nature des enfants de colère comme les autres. »

Je ne voudrais pas, frères et sœurs, insister davantage sur cette réalité de la condition pécheresse de l’homme suite au péché originel, l’homme non-chrétien, qui est sous la colère de Dieu et qui mérite son juste jugement.

Le but de l’apôtre n’est pas ici de brosser un tableau pessimiste de la nature humaine, afin de nous enfermer dans cette situation, et de nous faire perdre tout espoir, toute confiance en l’avenir, en la vie.

Le but de l’apôtre, et de l’Ecriture Sainte tout entière, c’est de nous conduire à Jésus-Christ, le Sauveur.

La Bible, chers amis, ne nous parle du péché que pour nous parler de la grâce !

Elle nous parle de notre situation d’esclavage, de notre aliénation, que pour nous parler de la délivrance qu’apporte le Christ !

Elle ne nous parle du jugement de Dieu, de sa condamnation, que pour nous dire que le salut, la délivrance ne peut s’obtenir que par la foi en Christ, mort et ressuscité pour nous.

Elle nous parle de sa colère que pour magnifier l’amour incommensurable de Dieu qui nous pardonne en Christ, de sorte que nous pouvons connaître à nouveau la paix et la joie de la communion avec Dieu.

L’intention de l’apôtre Paul est ici, dans notre texte, de nous dire que là où le péché a abondé, la grâce a surabondé !

Qu’il n’y a pas de situation qui soit désespérée vraiment devant Dieu.

Que l’Evangile est véritablement une puissance de guérison qui peut venir à bout de toutes les formes d’esclavage que nous pouvons connaître, et qu’il existe bel et bien un remède imparable à tous les maux dont nous souffrons.

Et c’est là ce que nous apprennent les versets 4 et suivant :

4  Mais Dieu est riche en miséricorde et, à cause du grand amour dont il nous a aimés,

5  nous qui étions morts par nos fautes, il nous a rendus à la vie avec le Christ--c'est par grâce que vous êtes sauvés--

6  il nous a ressuscités ensemble et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Christ-Jésus,

7  afin de montrer dans les siècles à venir la richesse surabondante de sa grâce par sa bonté envers nous en Christ-Jésus.

Je voudrais, frères et sœurs, ce matin que vous mesuriez vraiment le poids de ces deux mots qui ouvrent le propos de Paul au sujet de la délivrance en Christ : « Mais Dieu » !

Nous sommes pécheurs, nous sommes spirituellement morts, nous sommes esclave du monde et de Satan, nous sommes sous la malédiction de la Loi, mais Dieu !

Il y a un « mais » chers amis !

Comprenez bien ce que cela signifie !

Vous mesurez peut-être ce matin le poids de vos fautes, de vos manquements, de votre péché devant Dieu.

Vous comprenez que par nature, vous êtes spirituellement mort, qu’il y a un vide dans votre vie, un manque, que vous avez vécu jusque là sans Dieu, étrangers à la vie de Dieu.

Vous vous dites peut-être que votre situation est désespérée, qu’il n’y a plus rien à faire, que vous êtes perdus pour toujours, que le Ciel vous est définitivement fermé.

« Mais Dieu » !

Arrêtez-vous un instant, et comprenez ce que cela veut dire.

4  Mais Dieu est riche en miséricorde et, à cause du grand amour dont il nous a aimés,

5  nous qui étions morts par nos fautes, il nous a rendus à la vie avec le Christ…

Dieu est riche en miséricorde !

Le pardon se trouve auprès de Dieu.

Il n’y a pas de faute impardonnable aux yeux de Dieu, de situation désespérée.

Son amour pour nous, les hommes, ne connaît pas de limite.

Il nous connaît, et il sait bien de quoi nous sommes formés.

Il est un Père aimant, qui est toujours prêt à pardonner, et qui, en Christ, peut et veut faire de nous de nouvelles créatures, à l’image de son Fils Jésus-Christ.

Ecoutez le psalmiste :

103.8  L'Éternel est compatissant et il fait grâce, Il est lent à la colère et riche en bienveillance;

9  Il ne conteste pas sans cesse, Il ne garde pas (sa colère) à toujours;

10  Il ne nous traite pas selon nos péchés Et ne nous rétribue pas selon nos fautes.

11  Mais autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, Autant sa bienveillance est efficace pour ceux qui le craignent;

12  Autant l'orient est éloigné de l'occident, Autant il éloigne de nous nos offenses.

13  Comme un père a compassion de ses fils, L'Éternel a compassion de ceux qui le craignent.

Je voudrais ce matin que vous goûtiez, comme tout à nouveau, à cette compassion de Dieu, que vous l’expérimentiez vraiment, qu’elle vous saisisse même, et vous émeuve, de sorte que vous ne doutiez pas de l’amour de Dieu pour vous, de sa puissance de guérison, qui peut tout transformer en vous, changer votre vie, vous faire prendre un nouveau départ peut-être, dans la confiance et dans la joie.

« Nous qui étions morts par nos fautes, il nous a rendus à la vie avec le Christ… » !

Ailleurs l’apôtre dit : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature, les choses anciennes sont passées. Voici : toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Co 5.17).

Il nous a rendus à la vie avec le Christ !

Et tout cela, sans que nous le méritions.

V. 8  C'est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu.

Le salut, un don de Dieu !

« C’est par la grâce que vous êtes sauvés » !

S’il en est un parmi vous ce matin, qui désespère de la vie, qui ne voit peut-être pas très bien comment Dieu pourrait lui accorder le pardon des ses péchés, s’il en est un parmi vous qui pense avoir atteint un point de non-retour, de sorte que l’Evangile ne serait pas pour lui, qu’il me soit permis alors de lui dire, une fois encore :

C'est par la grâce en effet que vous êtes sauvés,  par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu.

Cela ne vient pas de vous !

Le salut ne vient pas de vous !

C’est la grâce de Dieu, la faveur imméritée de Dieu, qui est à même de venir à bout de toutes les forces de mort qui nous assaillent de par le monde.

La grâce de Dieu, c’est sa puissance d’amour, puissance de transformation, de résurrection de vie, qui nous est donnée en Christ, et que nous recevons dans la foi.

Il suffit seulement d’y ajouter foi, de placer sa confiance en Dieu, en sa grâce, de s’en remettre entièrement à lui pour sa vie, de lui céder les rênes de notre vie, et de le laisser désormais être le Seigneur, vraiment.

C’est là ce que je vous invite à faire ce matin, si tant est qu’il y en ait parmi vous qui n’ont pas encore fait le pas décisif de la foi.

Saisissez donc la main secourante de Dieu, et abandonnez-vous à lui.

En lui seul se trouve le vrai repos, la vraie joie, la vie en abondance.

Tout est grâce !

Il suffit de vous abandonner à lui, et il s’occupera du reste.

Il viendra à bout de toutes les puissances de mort qui vous assaillent, et qui ont, jusque là, peut-être, par trop abîmées votre vie.

Car il est la Vie, Il est l’Amour, Il est le Seigneur, et rien ne saurait s’opposer à ce que sa main fait, à sa puissance de guérison, de vie.

« Nous qui étions morts par nos fautes, il nous a rendus à la vie avec le Christ » !

Reviens à la vie !

Prions le Seigneur.