Prédication Ephésiens 3.1-13

ERE Paris – 2 avril 2000

 Pasteur Vincent BRU

 Titre : « Le mystère de l’Eglise »

Lectures : Gn 12.1-3 ; Ac 26.15-18

 

1  A cause de cela, moi Paul, le prisonnier du Christ-Jésus pour vous, les païens,...

2  si du moins vous avez entendu parler de la grâce de Dieu qui m'a été accordée pour que je vous en fasse part.

3  C'est par révélation que j'ai eu connaissance du mystère, comme je viens de l'écrire en quelques mots.

4  En les lisant, vous pouvez comprendre l'intelligence que j'ai du mystère du Christ.

5  Ce mystère n'avait pas été porté à la connaissance des fils des hommes dans les autres générations, comme il a été révélé maintenant par l'Esprit à ses saints apôtres et prophètes:

6  les païens ont un même héritage, forment un même corps et participent à la même promesse en Christ-Jésus par l'Évangile,

7  dont je suis devenu serviteur, selon le don de la grâce de Dieu, qui m'a été accordée par l'efficacité de sa puissance.

8  A moi, le moindre de tous les saints, cette grâce a été accordée d'annoncer aux païens comme une bonne nouvelle la richesse insondable du Christ,

9  et de mettre en lumière la dispensation du mystère caché de toute éternité en Dieu, le créateur de toutes choses;

10  ainsi désormais les principautés et les pouvoirs dans les lieux célestes connaissent par l'Église la sagesse de Dieu dans sa grande diversité,

11  selon le dessein éternel qu'il a réalisé par le Christ-Jésus notre Seigneur,

12  en qui nous avons, par la foi en lui, la liberté de nous approcher de Dieu avec confiance.

13  Aussi je vous demande de ne pas perdre courage à cause de mes tribulations pour vous; elles sont votre gloire.

 

Chers frères et sœurs en Christ, nous avons vu il y a quinze jours en quoi consistait la nouvelle humanité créée par Dieu, en Christ, l’Eglise, par delà les barrières, les murs de séparation que les hommes érigent entre eux.

Ep 2. 14  Car c'est lui notre paix, lui qui des deux n'en a fait qu'un, en détruisant le mur de séparation, l'inimitié.

En Jésus-Christ, Dieu a mis fin à la double aliénation des païens : aliénation vis-à-vis de Dieu d’une part, aliénation vis-à-vis du peuple juif, le peuple de l’alliance d’autre part.

Les païens dont nous sommes, étaient, avant la venue de Jésus-Christ, "sans espérance et sans Dieu dans le monde", "étrangers aux alliances de la promesse", étrangers au peuple de Dieu, étrangers à la vie de Dieu !

Ils étaient « loin », loin du Seigneur, loin de la présence de Dieu, et cela était signifié par le mur de séparation du temple de Jérusalem, qui interdisait aux païens de pénétrer dans l’enceinte du temple.

Les païens étaient tenus à l’écart de Dieu, à l’écart du peuple de Dieu, du peuple élu.

Telle était leur condition, telle était notre condition aussi avant notre conversion, jusqu’à ce que Dieu nous incorpore à l’Eglise, le nouveau peuple de Dieu, l’humanité nouvelle, uni en Christ, par delà les cultures et les races, par delà les ghettos et les frontières qui nous séparent.

Ep 2.19  Ainsi donc –dit l’apôtre–, vous n'êtes plus des étrangers ni des gens de passage ; mais vous êtes concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu.

L’Eglise est la nouvelle création de Dieu, la nouvelle humanité, où juifs et païens sont sur un même pied d’égalité, en Christ, en ne formant plus qu’une seule communauté, un seul et même corps, une humanité multiraciale qui couvre toute la surface de la terre, et qui se compose d’hommes et de femmes de toutes nations et de toutes conditions.

Le mur de séparation entre juifs et païens est tombé.

En Christ, il n’y a plus ni juifs, ni grecs, ni hommes ni femmes, ni esclaves ni libres…

Car nous sommes uns en Jésus-Christ !

Un seul corps !

Une seule communauté !

Une seule famille, vraiment, la famille de Dieu .

C’est dans ce contexte qu’il nous faut comprendre les versets 1 à 13 du chapitre trois des Ephésiens que nous avons lu, où Paul nous fait part de son apostolat, de sa mission auprès des païens.

Les versets 1 à  6 font état de la révélation du mystère dont l’apôtre Paul a été l’objet, le mystère du Christ qui est l’Eglise, et qui constitue la bonne nouvelle de l’Evangile.

Les versets 7 à 13, quant à eux, nous font part du mandat confié par Dieu à l’apôtre Paul, mandat qui consiste à proclamer à tout homme, et plus particulièrement aux païens, cette bonne nouvelle de l’Evangile, la « richesse insondable du Christ » auxquels les païens ont accès au même titre que les juifs.

Premier point donc : la révélation du mystère. Je lis au verset premier.

1  A cause de cela, moi Paul, le prisonnier du Christ-Jésus pour vous, les païens,...

2  si du moins vous avez entendu parler de la grâce de Dieu qui m'a été accordée pour que je vous en fasse part.

Au moment où il écrit cette Lettre, Paul est prisonnier à Rome, et cependant, il se considère comme étant « prisonnier du Christ-Jésus » !

Paul est le prisonnier du Christ et pour le Christ-Jésus ! Il es son servitzeur, son "esclave" !

Et s'il est en prison, c'est afin de mieux rendre témoignage à Jésus-Christ, afin d’annoncer l’Evangile aux païens !

« Le prisonnier du Christ-Jésus pour vous, les païens,... »

Et cela est une grâce de Dieu pour Paul.

Dieu lui a accordé la grâce d’annoncer aux païens le mystère du Christ, le mystère de l’Evangile qu’il lui a révélé, et son emprisonnement même sert à cette cause !

Verset 3 :

3  C'est par révélation que j'ai eu connaissance du mystère, comme je viens de l'écrire en quelques mots.

Et au verset 4 :

4  En les lisant, vous pouvez comprendre l'intelligence que j'ai du mystère du Christ.

Le mot important ici, vous l’aurez compris, c’est le mot « mystère ».

Un mystère, dans la Bible, c’est une vérité inaccessible à l’esprit humain, mais révélée par Dieu, c’est une réalité cachée, que Dieu fait connaître dans et par sa révélation à ses saints apôtres et prophètes.

Le sens du mot mystère n’est donc pas tout à fait le même en grec qu’en français, où il évoque plutôt ce qui est inaccessible à la raison humaine, secret, caché, comme dans certaines religions païennes, les religions à mystères, où seuls les initiés ont accès à ces vérités secrètes, à ces mystères.

Les mystères dans la Bible, une fois qu’ils ont été dévoilés par Dieu, appartiennent non pas à une élite, à quelques uns, mais bien à toute l’Eglise, bien qu’au départ, c’est bien à ses apôtres et prophètes que Dieu révèle ses secrets.

Et Paul est de ces derniers : « C’est par révélation que j’ai eu connaissance du mystère », dit-il.

Au verset 4 il parle du « mystère du Christ ».

Suite à sa conversion, sur le chemin de Damas, Paul a reçu de Dieu une révélation spéciale, au même titre que les prophètes de l’Ancien Testament, auxquels Dieu faisait connaître ses desseins.

Paul a reçu de Dieu la révélation du mystère du Christ, et cette révélation est unique, inédite, car aucun prophète de l’A.T. n’avait eu la connaissance de ce mystère dans toute sa clarté et radicalité. Verset 5 :

5  Ce mystère n'avait pas été porté à la connaissance des fils des hommes dans les autres générations, comme il a été révélé maintenant par l'Esprit à ses saints apôtres et prophètes:

Mais en quoi consiste exactement ce mystère dont parle Paul, et que même le plus éclairés des prophètes de l’A.T. n’avait qu’une vague idée ?

Je lis au verset 6 :

6  les païens ont un même héritage, forment un même corps et participent à la même promesse en Christ-Jésus par l'Évangile,

Voilà, frères et sœurs, en quoi consiste le mystère du Christ dont Paul a eu la révélation.

Les païens ont, en Jésus-Christ, accès aux même bénédictions, aux même promesses divines que les juifs !

Juifs et païens sont sur un même pied d’égalité devant Dieu, de sorte que le peuple élu, l’Eglise comprend désormais des hommes et des femmes de toutes les nations de la terre, sans aucune distinction.

Certes, l’A.T. avait annoncé qu’un jour toutes les nations de la terre serait béni dans la postérité d’Abraham (Gn 12.1-3), que le Messie recevrait les nations pour héritage (Ps 2.8), et qu’Israël serait la lumière des nations (Es 42.6 ; 49.6).

Jésus lui-même avait annoncé à ses disciples l’inclusion des païens dans le peuple de l’alliance, et avait donné l’ordre de faire de toutes les nations des disciples.

Cependant, c’est à l’apôtre Paul qu’il reviendra d’annoncer pleinement le mystère de l’Eglise, la radicalité du dessein de Dieu qui est d’unir juifs et païens véritablement en Christ, pour former une nouvelle communauté humaine, la nouvelle société de Dieu, l’Eglise, où juifs et païens sont sur un pied d’égalité, en bénéficiant des mêmes privilèges en Christ.

Paul a eu la révélation de ce mystère.

Le mystère de l’Eglise a été révélé de façon toute particulière à Paul.

C’est à lui aussi que Dieu a confié la tâche de l’annoncer aux païens, comme nous le lisons aux versets 7 et suivants :

7  (l’Evangile) dont je suis devenu serviteur, selon le don de la grâce de Dieu, qui m'a été accordée par l'efficacité de sa puissance.

8  A moi, le moindre de tous les saints, cette grâce a été accordée d'annoncer aux païens comme une bonne nouvelle la richesse insondable du Christ,

9  et de mettre en lumière la dispensation du mystère caché de toute éternité en Dieu, le créateur de toutes choses;

Paul considère donc comme un privilège et comme une grâce le fait d’être devenu le serviteur de l’Evangile, et d’annoncer aux païens la richesse insondable du Christ.

Lui, « le moindre de tous les saints », l’ancien persécuteur des chrétiens, considère comme un honneur le mandat qui lui a été confié par Dieu d’annoncer l’Evangile aux païens.

Mais en quoi consiste donc, précisément, cette annonce de l’Evangile. Je lis au verset 8 : « cette grâce m’a été accordée d'annoncer aux païens comme une bonne nouvelle la richesse insondable du Christ »

L’Evangile est « la richesse insondable du Christ » !

L’Evangile est une nouvelle extraordinaire pour les païens, et pour tous les hommes !

Si seulement nous prenions conscience vraiment, avec l’apôtre Paul, de la valeur inestimable du message de l’Evangile pour notre monde, nous serions sans doute beaucoup plus zélés dans l’évangélisation que nous ne le sommes !

Nous agissons et vivons parfois comme si l’Evangile n’était que de peu de valeur, comme si nous n’y croyions pas vraiment, comme si nous n’avions rien à apporter au monde, alors que nous sommes, vous êtes, chrétiens, ce dont le monde a le plus besoin !

Le monde a un urgent besoin de vous ! De votre témoignage ! De votre exemple de vie !

Le monde a un urgent besoin de la richesse insondable du Christ, en qui et pour qui sont toutes choses, le Seigneur de tous !

Le deuxième aspect du ministère de Paul dans l’annonce de l’Evangile c’est, verset 9 : «  de mettre en lumière la dispensation du mystère caché de toute éternité en Dieu, le créateur de toutes choses;

Le mystère caché de toute éternité en Dieu, c’est l’Eglise, le nouveau peuple de Dieu, où juifs et païens sont sur un pied d’égalité et forment un seul corps en Christ.

En lui, et par lui, juifs et païens sont intégrés dans la même et unique communauté, et ce, aux mêmes conditions, par la foi en Christ, sans considération de leurs œuvres.

Annoncer la richesse insondable du Christ ne va pas sans la « mise en lumière », la proclamation du mystère de l’Eglise !

L’Eglise est au cœur du message de l’Evangile, de sorte que l’on ne peut pas concevoir la « richesse insondable du Christ », en dehors de l’Eglise !

Evangéliser, c’est annoncer le salut en Christ qui nous intègre dans la nouvelle société qui est l’Eglise.

L’Eglise constitue le peuple de Dieu, la famille de Dieu, la réalisation du dessein de Dieu dans l’histoire, de sorte que les anges eux-mêmes –dit l’apôtre– admirent, dans celle-ci, la sagesse diversifiée de Dieu.

Verset 10 :

10  ainsi désormais les principautés et les pouvoirs dans les lieux célestes connaissent par l'Église la sagesse de Dieu dans sa grande diversité,

11  selon le dessein éternel qu'il a réalisé par le Christ-Jésus notre Seigneur,

12  en qui nous avons, par la foi en lui, la liberté de nous approcher de Dieu avec confiance.

Les « principautés et les pouvoirs dans les lieux célestes », ce sont les créatures invisibles de Dieu, les anges et toutes les créatures spirituelles, auxquelles il est donné de contempler dans l’Eglise la sagesse diversifiée de Dieu.

L’Eglise qui, selon les propos de l’apôtre, réalise le dessein éternel de Dieu.

L’Eglise, dont nous sommes, dont vous êtes, des pierres vivantes.

L’Eglise, la famille de Dieu à laquelle Dieu vous a fait la grâce d’appartenir.

Et Paul conclut en disant. Verset 13 :

13  Aussi je vous demande de ne pas perdre courage à cause de mes tribulations pour vous; elles sont votre gloire.

Paul invite ses destinataires à considérer ses propres tribulations comme leur gloire !

Si Paul est en prison, c’est afin de servir la cause du Christ, de sorte que Christ est glorifier jusque dans ses tribulations.

Ainsi en est-il de quiconque veut suivre le Christ et répondre à son appel de faire de toutes les nations des disciples !

Evangéliser, c’est forcément renoncer à soi-même, c’est accepter, à l’instar de Paul, de subir les pires humiliations parfois pour la cause de l’Evangile, c’est saisir toutes les occasions qui nous sont données pour rendre témoignage à Jésus-Christ, auquel nous sommes appelés chacun.

 

Alors en conclusion je dirais ceci.

L’Eglise est le mystère du Christ !

L’Eglise est le chef d’œuvre de Dieu, la nouvelle création de Dieu, la nouvelle humanité de Dieu créé à l’image du Christ.

Les puissances célestes, les créatures invisibles elles-mêmes sont admiratives devant la sagesse infinie de Dieu qui se manifeste dans l’Eglise.

L’Eglise est la manifestation de la sagesse diversifiée de Dieu, de sorte que nous devrions nous-même avoir cette Eglise à laquelle nous appartenons en très haute estime.

Si l’Eglise est véritablement, comme le dit l’apôtre, au centre du dessein de Dieu, au centre de l’histoire même, elle devrait l’être également dans nos vies.

Nous devrions chercher à être des membres actifs et responsables de la communauté, de l’Eglise locale à laquelle nous appartenons, en ayant toujours en vue l’idéal que le Nouveau Testament nous propose pour la nouvelle société de Dieu.

Comme l’a si bien dit un commentateur récent : « N’acceptons pas des cultes routiniers et vides de sens, ou une communion fraternelle froide, voire minée par des jalousies et des rivalités qui font de la sainte Cène une hypocrite comédie, ou une vision rétrécie qui fait de l’Eglise un ghetto indifférent au monde et à sa misère. Si, comme Paul, nous sommes remplis de la vision de la nouvelle société de Dieu, c’est-à-dire sa famille, sa demeure et son instrument dans le monde, alors nous n’aurons de cesse que nos cultes soient plus authentiques, que notre communion soit plus attentive aux autres et que notre témoignage extérieur soit plus compatissant. En d’autres termes, comme Paul encore, nous serons prêts à prier, à agir et à souffrir, si nécessaire, pour transformer cette vision en réalité. » (J. STOTT)

Amen !