Prédication Ephésiens 4.17-5.4

 ERE Paris, dimanche 28 mai 2000

Pasteur Vincent BRU

Titre : Le nouveau mode de vie du chrétien : appelé la sainteté !

Ou : A nouvelle nature, nouveau comportement !

  

1  Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d'une manière digne de la vocation qui vous a été adressée…

C’est ainsi que l’apôtre Paul introduit son exhortation aux chrétiens d’Ephèse dans ce chapitre 4 des Ephésiens.

Marchez d’une manière digne de la vocation que le Seigneur vous a adressée !

Il y a une manière de vivre la vocation chrétienne qui est digne de Dieu, qui glorifie Dieu, et une manière qui n’est pas digne de Lui et qui ne le glorifie pas !

Marchez d’une manière digne de votre vocation !

Telle est l’exhortation que la Parole de Dieu nous adresse aujourd’hui !

Dans les versets précédents, Paul nous exhorte à tout mettre en œuvre pour conserver l’unité de la Foi, conformément au dessein de Dieu pour son peuple.

Dans les versets que nous avons lus, il nous exhorte à la sainteté.

Après l’exigence de l’unité, l’exigence de la sainteté, ou de la pureté !

Unité et sainteté sont les deux caractéristiques de la vocation chrétienne !

La vocation chrétienne consiste à rechercher et à vivre l’unité de la Foi et à être un peuple saint, distinct du monde profane, mis à part pour appartenir en propre à Dieu.

On peut résumer le propos de l’apôtre par trois affirmations.

Première affirmation : Vous ne devez plus vivre comme les païens (vv. 17-19)

Deuxième affirmation : Vous devez revêtir la nature nouvelle créée selon Dieu (vv. 20-24)

Troisième affirmation : Vous devez expérimenter dans le quotidien de votre vie la réalité de cette nouvelle nature ! (4.25-5.4)

Premier point donc :

 

I. Vous ne devez plus vivre comme les païens (vv. 17-19).

17  Voici donc ce que je dis et ce que j'atteste dans le Seigneur : c'est que vous ne devez plus marcher comme les païens, qui marchent selon la vanité de leur intelligence.

18  Ils ont la pensée obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l'ignorance qui est en eux et de l'endurcissement de leur cœur.

19  Ils ont perdu tout sens moral, ils se sont livrés au dérèglement, pour commettre toute espèce d'impureté jointe à la cupidité.

Par ces mots, Paul résume clairement sa pensée : « vous ne devez pas vivre comme des païens » !

Il s’agit là, bien sûr, d’une généralisation, car tous les païens n’avaient pas et n’ont pas nécessairement une vie aussi dissolue que celle qu’il décrit.

Cependant, il est clair pour l’apôtre que de même qu’il y a une façon typiquement chrétienne de vivre, il existe aussi une façon typiquement païenne de vivre.

Ces deux manières de vivre s’opposent radicalement l’une à l’autre.

Il y a une manière chrétienne de vivre, et il y a une manière païenne, une manière non-chrétienne de vivre.

Le fait d’être devenu chrétien implique nécessairement un changement de comportement, un mode de vie différent par rapport à celui des non-chrétiens, de sorte que cela doit se voir, cela doit se remarquer.

Les Ephésiens savaient, par expérience, de quoi parlait Paul, car ils sortaient du paganisme et vivaient toujours dans un environnement païen.

Mais ils ne doivent plus vivre comme des païens, même si c’est ainsi que l’on vit autour d’eux.

Et ainsi en est-il pour nous aujourd’hui.

La condition nouvelle de membre de la société de Dieu de nouvelles normes, et la vie nouvelle en Christ un nouveau mode de vie, distinct de celui des païens.

En effet, en contraste flagrant avec le chrétien, l’homme païen se caractérise par son ignorance, sa méconnaissance des choses de Dieu, et par l’endurcissement de son cœur.

V. 18 : Ils ont la pensée obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l'ignorance qui est en eux et de l'endurcissement de leur cœur.

Au verset 17 il dit que les païens marchent « selon la vanité de leur intelligence ».

Notez l’importance que Paul attribue à l’intelligence dans la manière dont l’individu mène sa vie.

Le païen a une intelligence, une pensée obscurcie, et c’est pourquoi, il vit dans l’immoralité.

V. 19  Ils ont perdu tout sens moral, ils se sont livrés au dérèglement, pour commettre toute espèce d'impureté jointe à la cupidité.

La principale cause de l’immoralité qui sévit autour de nous, c’est l’inconnaissance de Dieu, l’absence de la crainte de Dieu chez nos concitoyens.

Si le mariage, la famille, le respect de la vie sont à ce point tourné en dérision par tant de nos contemporains, la cause principale, selon la Bible, réside dans leur méconnaissance de Dieu, et leur ignorance du Sauveur.

Quelqu’un a dit : Si Dieu n’existe pas, alors tout est possible !

A l’opposé, les chrétiens ont « appris à connaître Christ », ont « entendu parlé de lui », ont « été instruits en lui », conformément à la « vérité » qui est en Jésus.

Paul établit un contraste très net entre l’obscurité et l’ignorance des païens, jointes à leur dérèglement, et la vérité de Christ que les chrétiens ont appris à connaître.

Les chrétiens connaissent Christ, donc ils connaissent la Vérité, ils marchent dans la Lumière, et c’est pourquoi ils mènent une vie sainte, que Dieu agrée.

Et cela nous conduit à la deuxième affirmation, ou exhortation de l’apôtre.

 

II. Vous devez vivre selon la nature nouvelle dont vous avez été revêtus (vv. 20-24)

20  Mais vous, ce n'est pas ainsi que vous avez appris (à connaître) le Christ,

21  si du moins vous avez entendu parler de lui, et si vous avez été instruits en lui, conformément à la vérité qui est en Jésus : c'est-à-dire vous dépouiller,

22  à cause de votre conduite passée, de la vieille nature qui se corrompt par les convoitises trompeuses,

23  être renouvelés par l'Esprit dans votre intelligence,

24  et revêtir la nature nouvelle, créée selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité.

La métaphore du vêtement est très instructive ici.

Le chrétien est celui qui a revêtu une nature nouvelle, après s’être dépouillé de sa vieille nature héritée d’Adam.

Il a revêtu le vêtement blanc de la justice du Christ, et il s’est dépouillé de son vêtement de péché et d’injustice, qui l’empêchait de s’approcher de Dieu.

Le chrétien, de par sa régénération par le Saint Esprit, est devenu une nouvelle créature, créée selon Dieu, c’est-à-dire en conformité avec sa volonté, avec ses exigences de justice et de sainteté.

Dieu lui-même l’a revêtu d’un vêtement nouveau, par grâce, et sans rien attendre en retour, comme dans la Parabole du Fils prodigue où le Père dit à ses serviteurs : « Apportez vite la plus belle robe et mettez-là-lui ; mettez-lui une bague au doigt, et des sandales pour ses pieds. » (Lc 15.22)

Nous sommes donc, vous êtes, vous chrétiens, véritablement, de nouvelles créatures, des hommes nouveaux appelés à la sainteté.

Comment donc continuerions-nous à vivre comme les païens qui ne connaissent pas Dieu ?

C’est impossible !

Le fait de devenir chrétien implique forcément un changement radical, une conversion, et une recréation.

Et à ce nouvel état, à cette situation nouvelle correspond un nouveau vêtement, c’est-à-dire un nouveau style de vie morale.

Ce que nous sommes à l’intérieur, le changement intérieur que le Christ a opéré en nous par son Esprit, et qui a fait de nous de nouvelles créatures, implique nécessairement que cela se voit dans notre comportement, dans notre manière d’être et d’agir.

Un chrétien devrait se reconnaître, au milieu de la société des hommes, à son « vêtement », c’est à dire à son nouveau comportement qui le différencie des autres hommes !

C’est pourquoi, poursuit Paul au verset 25, rejetez le mensonge…

Puisque vous avez rejeté votre vieille nature, votre Moi passé, une fois pour toutes, vous devez renoncer à tout comportement qui appartenait à votre ancien mode de vie.

Votre nouvelle conduite doit s’accorder avec votre nouvelle identité.

C’est là la troisième affirmation de l’apôtre.

 

III. Vous devez expérimenter dans le quotidien de votre vie la réalité de votre nouvelle nature ! (4.25-5.4).

Paul donne ici six exemples concrets du nouveau comportement du chrétien, conformément à la nouvelle nature dont Dieu l’a revêtu : dire la vérité, maîtriser sa colère, être honnête dans son travail et bienveillant dans ses paroles, savoir pardonner et aimer, maîtriser ses instincts sexuels.

Chacun de ces six comportements qui doivent caractériser le chrétien concerne notre vie relationnelle et sont aussi des aspects de l’unité dans l’Eglise.

Notez qu’à toute interdiction correspond un commandement positif : il ne suffit pas de renoncer au mensonge, au vol, à la colère, encore faut-il dire la vérité, travailler sérieusement et être bon envers les autres !

Premier exemple concret du nouveau comportement du chrétien :

1. Ne dites pas de mensonges, mais dîtes plutôt la vérité (v. 25).

25  C'est pourquoi, rejetez le mensonge et que chacun de vous parle avec vérité à son prochain ; car nous sommes membres les uns des autres.

Les disciples du Christ doivent être reconnus dans leur milieu comme des gens honnêtes et véridiques, des hommes et des femmes dont la parole est fiable.

Que votre oui soit oui, et que votre non soit non, dit Jésus, ce qu’on y ajoute vient du Malin !

A l’exemple du Christ, nos paroles ne devraient jamais exprimer autre chose que la vérité, et le mensonge ne devrait trouver aucune place dans notre vie.

Deuxième exemple du comportement du chrétien :

2. Ne perdez pas le contrôle de vous-mêmes, mais assurez-vous que votre colère soit juste (vv. 26-27).

26  Si vous vous mettez en colère, ne péchez pas ; que le soleil ne se couche pas sur votre irritation ; 27  ne donnez pas accès au diable.

Notez qu’il existe deux types de colère selon ces versets, une colère juste et une colère injuste.

Ce contre quoi la Parole de Dieu nous met en garde, ce sont ces accès de colère qui nous font perdre le contrôle de nous-mêmes, et qui sont en réalité les manifestations de notre orgueil blessé, de notre rancune, et d’un esprit de vengeance.

En revanche, il est possible de se mettre en colère sans pécher, lorsqu’il s’agit d’une saine colère, contre les injustices de ce monde, contre le mal et contre les ennemis de l’Eglise et du Christ.

Dans tous les cas, l’apôtre nous fait part d’un principe de sagesse : que le soleil ne se couche pas sur votre colère !

Il s’agit là, incontestablement, d’un bon principe dont les gens mariés feraient particulièrement bien de s’inspirer.

3. Troisième exemple : Au lieu de voler, travaillez et donnez (v.28).

28  Que celui qui dérobait ne dérobe plus, mais qu'il prenne plutôt de la peine, en travaillant honnêtement de ses mains, pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin.

L’ouvrier mérite son salaire, dit ailleurs l’apôtre Paul !

Le chrétien non seulement considère le vol comme une transgression de la Loi de Dieu, mais il sait aussi qu’il est appelé par Dieu à travailler de façon honnête, afin de ne pas se laisser aller à la paresse, et pour subvenir aux besoins des siens et des nécessiteux.

Au lieu de vivre aux dépends de la société, il met tout en œuvre pour lui apporter sa contribution, afin que Dieu soit ainsi honoré par sa vie.

4. Quatrième exemple : Mettez vos lèvres au service du bien et non du mal (vv. 29-30).

29  Qu'il ne sorte de votre bouche aucune parole malsaine, mais s'il y a lieu, quelque bonne parole qui serve à l'édification nécessaire et communique une grâce à ceux qui l'entendent.

30  N'attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption.

Après l’usage des mains, Paul aborde celui de la langue.

Ce que nous devons viser, par nos paroles, c’est l’édification de ceux qui nous écoutent.

Jacques, dans son Epître, décrit de façon remarquable l’immense pouvoir de la langue, soit pour le bien, soit pour le mal (Jc 3.1-12).

Le fait d’être devenus de nouvelles créatures en Christ implique nécessairement de nouvelles manières de parler, en contraste flagrant avec l’insensé dans le Livre des Proverbes : « Tel qui bavarde à la légère, blesse comme une épée ; mais la langue des sages apporte la guérison. »

5. Cinquième exemple : Soyez bons et aimables plutôt que désagréables et amers (4.31-5.2).

31  Que toute amertume, animosité, colère, clameur, calomnie, ainsi que toute méchanceté soient ôtées du milieu de vous.

32  Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, faites-vous grâce réciproquement, comme Dieu vous a fait grâce en Christ.

5.1    Soyez donc les imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés;

2  et marchez dans l'amour, de même que le Christ nous a aimés et s'est livré lui-même à Dieu <<pour nous en offrande et en sacrifice comme un parfum de bonne odeur>>.

L’apôtre dresse ici la liste de six attitudes ou actions qu’il faut bannir de notre vie : l’amertume, l’animosité, la colère, la clameur, la calomnie et la méchanceté.

Ces attitudes pécheresses doivent faire place aux vertus qui caractérisent le comportement de Dieu et de Christ, et qui doivent nous caractériser : nous devons être bons et compatissants les uns envers les autres, en nous faire grâce réciproquement, en nous pardonnant.

Il nous faut également suivre l’exemple du Christ et marcher dans l’amour, en étant ainsi des « imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés ».

6. Sixième et dernier exemple du nouveau comportement du chrétien : Ne plaisantez pas à propos de la sexualité, mais rendez grâce pour elle (vv. 3-4).

3  Que l'inconduite, toute forme d'impureté, ou la cupidité ne soient pas même mentionnées parmi vous, comme il convient à des saints;

4  pas de grossièretés, pas de propos insensés, pas de bouffonneries, cela est malséant; mais plutôt des actions de grâces.

Paul passe du sacrifice de soi à son opposé, la recherche égoïste du plaisir, et de l’amour authentique à sa perversion, la luxure.

Les deux mots grecs porneia et akatharsia traduits par « inconduite » et « impureté » couvrent toutes les formes de péchés sexuels, autrement dit toute relation sexuelle vécue hors de son contexte ordonné par Dieu, le mariage fondé sur l’amour.

Notez que nul part dans la Bible la sexualité est identifiée avec le péché.

Le péché n’est pas la sexualité en elle-même, qui est un don de Dieu, une création de Dieu.

Le péché, c’est la perversion de la sexualité, le fait de la détourné de but pour lequel Dieu l’a créée.

Selon la Parole de Dieu, si les chrétiens que nous sommes doivent fuire l’inconduite et détester la vulgarité, ce n’est nullement par mépris de la chair, comme certains le prétendent, mais au contraire parce que nous avons de la sexualité une idée haute et pure !

Dans son contexte approprié, la sexualité est un merveilleux don de Dieu, et ce don, nous ne voulons pas le voir avili.

Tous les dons de Dieu, y compris la sexualité, sont matière à reconnaissance plutôt qu’à plaisanterie.

Le fait de faire de la sexualité un sujet d’action de grâce et de reconnaissance, et non de conversations triviales, préserve sa noble valeur de bienfait de l’amour du créateur.

 

En conclusion, donc, je dirai ceci.

Vivre en chrétien consiste à marcher d’une manière digne de la vocation que Dieu nous a adressée, c’est-à-dire : rechercher et vivre activement l’unité de la Foi, et être un peuple saint, distinct du monde profane, mis à part pour appartenir en propre à Dieu.

Cette double exigence d’unité et de sainteté concerne tant l’Eglise que chaque chrétien.

Cela implique un mode de vie, un comportement conforme à la nature nouvelle que nous avons reçue de Dieu, en contraste très net avec les païens, qui ne connaissent pas Dieu et qui vivent dans l’immoralité.

Etre chrétien, cela doit se voir !

Alors que le Seigneur vous aide à expérimenter jusque dans les plus petits détails de votre vie, la réalité de cette nouvelle nature dont nous avons été revêtus chacun par la foi en Christ.

Puissiez-vous tendre toujours plus vers cet idéal de sainteté que l’Ecriture sainte place devant nos yeux, car telle est notre raison d’être en ce monde.

Celui qui vous a appelé est fidèle, et c’est lui qui le ferra !

Amen !