Prédication Ephésiens 6.19-24

ERE Paris, dimanche 16 juillet 2000

Pasteur Vincent BRU

 Titre : Conclusion : paix et grâce

 

18  Priez en tout temps par l'Esprit, avec toutes sortes de prières et de supplications. Veillez-y avec une entière persévérance. Priez pour tous les saints

19  et aussi pour moi : que la parole, quand j'ouvre la bouche, me soit donnée pour faire connaître avec hardiesse le mystère de l'Évangile,

20  pour lequel je suis ambassadeur dans les chaînes ; et que j'en parle hardiment comme je dois en parler.

21  Pour que vous sachiez, vous aussi, ce qui me concerne et ce que je fais, Tychique, le frère bien-aimé, fidèle serviteur du Seigneur, vous mettra au courant de tout.

22  Je l'envoie exprès vers vous, pour que vous connaissiez notre situation, et qu'il console vos cœurs.

23  Que la paix et l'amour (soient donnés) aux frères avec la foi, de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus-Christ.

24  Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus-Christ d'une manière inaltérable !

 

Chers frères et sœurs en Christ, nous voici donc parvenus à la fin de notre série de prédications sur l’Epître de Paul aux Ephésiens.

Cette Epître dans laquelle l’apôtre dresse un tableau majestueux de la nouvelle société de Dieu, la nouvelle humanité constituée de tous ceux que Dieu a élus de toute éternité en Christ.

Je voudrais ce matin conclure cette série de prédications en vous rappelant les grandes lignes de l’enseignement de l’apôtre dans cette Epître, et en vous exhortant à avoir celles-ci toujours présentes à l’esprit, en rendant grâce à Dieu pour ces vérités qu’il nous a fait connaître dans son amour et dans sa grâce.

Trois mots qui se trouvent dans la conclusion de l’Epître résument tout le contenu de celle-ci : le mot « mystère » (v. 19), le mot « paix » (v. 23) et le mot « grâce » (v. 24).

Ces trois mots constituent un sommaire de tout ce que l’apôtre a voulu enseigner à ses lecteurs, afin de les consolider dans leur foi et dans leur vocation chrétienne.

 

I. Le mystère de l’Evangile (v. 19)

Le mot « mystère » tout d’abord.

18  Priez en tout temps par l'Esprit, avec toutes sortes de prières et de supplications. Veillez-y avec une entière persévérance. Priez pour tous les saints

19  et aussi pour moi : que la parole, quand j'ouvre la bouche, me soit donnée pour faire connaître avec hardiesse le mystère de l'Évangile,

20  pour lequel je suis ambassadeur dans les chaînes ; et que j'en parle hardiment comme je dois en parler.

C’est ainsi que l’apôtre conclut son enseignement sur l’armure du chrétien.

Paul exhorte les Ephésiens à prier en tout temps, pour tous les frères en la foi, et aussi pour lui, afin, dit-il, « que la parole, quand j’ouvre la bouche, me soit donnée pour faire connaître avec hardiesse le mystère de l’Evangile ».

L'Evangile que prêche Paul est un mystère !

C'est un mystère, non pas parce que celui-ci serait une réalité inaccessible à la raison, à notre intelligence humaine, mais parce qu'il a été l'objet d'une révélation spéciale de Dieu.

Dieu lui-même a révélé à ses saints apôtres et prophètes le mystère de l'Evangile.

Cet Evangile qui, dit l'apôtre, « n'avait pas été porté à la connaissance des fils des hommes dans les autres générations, comme il a été révélé maintenant par l'Esprit à ses saints apôtres et prophètes : 6  les païens ont un même héritage, forment un même corps et participent à la même promesse en Christ-Jésus par l'Évangile... » (Ep 3.5s)

L’Evangile n’est pas le fruit d’une spéculation humaine, il n’est pas sorti de l’imagination des hommes, mais il a été révélé par Dieu à l’apôtre Paul, comme il le dit lui-même au chapitre 3, verset 3 : « C'est par révélation que j'ai eu connaissance du mystère ».

Ce mystère c’est d’abord, nous l’avons vu, l’union des juifs et des païens en Christ.

Par leur union avec Christ, les juifs et les païens sont ensemble membres du même corps et participent à la même promesse.

C'est ainsi que Paul, tout au long de cette Epître, s’attache à révéler à ses lecteurs le contenu de ce mystère.

Au chapitre 1, il parle du mystère de notre élection en Christ, et de l'extraordinaire bénédiction qui en découle.

En Christ, Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui (1.4).

Dans son amour, il a fait de nous ses enfants (1.5), et il nous a communiqué les arrhes du Saint-Esprit (1.13-14).

Ayant ainsi été appelés par Dieu, nous sommes devenus co-héritiers du Christ, et non attendons avec une ferme espérance l'héritage céleste qui nous est promis, tandis que nous sommes déjà ici-bas sous la protection de la puissante main de Dieu (1.15-23).

Au chapitre 2, Paul précise en quoi consiste le mystère de l'Evangile, en montrant qu'en Jésus-Christ, juifs et païens sont désormais sur un même pied d'égalité.

Le mur de séparation entre juifs et païens est tombé, et ce sont désormais toutes les familles de la terre qui ont accès au salut.

L'Eglise est le nouveau peuple de Dieu, le nouvel Israël de Dieu, qui comprend tous ceux que Dieu a élus, et qui ont placé leur confiance en Christ.

Nous sommes, vous êtes la famille de Dieu, par-delà tous les murs qui nous séparent les uns des autres, par-delà les frontières, les cultures, les races, nous sommes tous un en Christ, unis par la même foi, le même amour (4.1-16), et appelés à la sainteté (4.17-5.21).

 

II. La paix (v. 23)

Le deuxième mot qui résume la pensée de l'apôtre dans cette Epître, c'est celui de "paix".

v. 23  Que la paix et l'amour (soient donnés) aux frères avec la foi, de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus-Christ.

Déjà au verset 2 Paul avait introduit son Epître par ces mots : « Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ. » 

Grâce et paix résument tout le contenu de l'Evangile.

La paix est la conséquence de l’œuvre de la grâce accomplie par Jésus-Christ à la Croix.

C’est l’œuvre de réconciliation par laquelle nous pouvons à nouveau nous approcher de Dieu et marcher en nouveauté de vie.

2 Co 5.17  Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici : (toutes choses) sont devenues nouvelles.

Elle est là, frères et sœurs, la bonne nouvelle de l’Evangile !

C’est ainsi que le mystère de l’Evangile œuvre dans le cœur de celui qui le reçoit : une nouveauté de vie qui se fonde sur la paix retrouvée avec Dieu.

Il y a quelques années, un évangéliste connu a écrit un livre de plus de cinq cents pages qui s’intitule : « La paix avec Dieu » !

Cinq cents pages dans lesquelles il montre comment le message libérateur de l’Evangile peut véritablement apporter la paix à notre monde torturé, et comment celui-ci est véritablement à même d’apporter la guérison dans chacune de nos situations, même les plus dramatiques !

La paix avec Dieu !

La paix entre les hommes !

La paix aussi avec soi-même, la paix avec sa conscience, la paix avec la création tout entière : voilà ce qu’apporte l’Evangile à celui qui le reçoit avec une foi véritable et dans une vraie crainte de Dieu.

Celui qui s’approche de Dieu dans la repentance et dans la foi, avec l’assurance de son pardon en Christ, peut voir sa vie vraiment transformée, et prendre ainsi un nouveau départ.

Et vous êtes vous-mêmes un vivant témoignage de cette réalité.

Considérez qui vous étiez autrefois, avant d’avoir vu votre vie transformée par l’Evangile.

Considérez quelle était alors votre situation devant Dieu, et quelle était votre espérance.

Et considérez aussi ceux qui vivent autour de vous, et combien leur mode de vie est bien différent du vôtre, depuis que vous avez choisi de suivre le Christ, et de conformer votre vie aux exigences de l’Evangile.

Au chapitre 4 et au verset 17, Paul exhorte les Ephésiens à ne pas vivre comme les païens, qui marchent selon la vanité de leur intelligence.

« Ils ont la pensée obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l’endurcissement de leur cœur. »

Le drame de l’homme depuis la chute, c’est d’être « étrangers à la vie de Dieu », c’est de ne pas vivre en paix avec Dieu, c’est de vivre dans l’absence de la communion avec Dieu, et conséquemment à cela dans l’absence de la paix avec soi-même et avec autrui.

En Jésus-Christ, Dieu a fait la paix avec l’humanité.

C’est lui, Jésus, qui est « notre paix » (Ep 2.14), car il a renversé le mur d’inimitié et créé une seule nouvelle humanité.

Il a fait la paix et il est venu annoncer la paix (2.14-17)

C’est pourquoi aussi, l’apôtre nous exhorte à « conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix », en nous supportant les uns les autres avec amour (4.2-3) et en marchant dans l’amour comme le Christ nous a aimés (5.2).

Aux chapitres 5 et 6, Paul brosse un tableau merveilleux de l’Eglise et du foyer chrétien dans lesquels doivent régner l’amour et la paix, la soumission réciproque, et ce, quand bien même nous sommes engagés dans un combat sans merci contre les autorités et les puissances célestes, les esprits du mal qui cherchent à nous nuire, de sorte qu’il convient de se revêtir de toutes les armes de Dieu (Ep 6.10-20).

La paix avec Dieu implique aussi que nous restions vigilants contre les manœuvres de notre adversaire, le diable, qui met tout en œuvre pour nous ravir notre joie et notre espérance.

Voilà pourquoi aussi Paul conclut son Epître en nous rappelant que tous ce que nous sommes, et que notre vie même, et notre salut, dépendent en définitive de la seule grâce de Dieu, verset 24.

 

III. La grâce (v. 24)

24  Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus-Christ d'une manière inaltérable !

Au verset 8 du chapitre 2, Paul exalte la grâce de Dieu dont nous dépendons absolument : « C'est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. »

La grâce de Dieu, c’est son don gratuit et immérité, le don du salut qu’il accorde à tous ceux qui croient.

La grâce de Dieu, c’est cette manifestation extraordinaire de l’amour de Dieu envers nous, pécheurs, alors que nous ne le méritions pas.

On raconte l’histoire d’un jeune enfant qui demanda un jour à son père ce que pouvait bien signifier la grâce de Dieu.

Le père réfléchit un court instant, et il puis finit par lui répondre : vois-tu mon fils, la grâce de Dieu, c’est un peu comme lorsque tu fais des bêtises, et que tu nous désobéis, et que nous t’aimons quand même, malgré cela.

Nous t’aimons malgré le fait que tu ne le mérites pas, ou du moins pas toujours.

Ainsi en est-il de Dieu : nous ne méritons pas d’être aimé de Dieu, parce que nous sommes des enfants rebelles, et que nous agissons souvent comme s’il n’existait pas.

Notre vie ne reflète pas sa gloire, comme elle devrait le faire.

Au lieu de nous réjouir en sa présence, et d’accomplir librement et joyeusement la vocation qu’il nous a adressée, nous recherchons notre propre intérêt, et, tel le fils prodigue de la Parabole, nous voulons mener notre vie comme bon nous semble, sans nous soucier de la volonté de Dieu pour nos vies.

Ainsi, nous agissons mal, et nous déshonorons notre créateur.

Et pourtant, malgré cela, il nous aime !

La grâce de Dieu, c’est le fait que Dieu nous aime tandis que nous ne mériterions que sa juste colère !

Normalement, Dieu devrait nous juger, et nous punir, car il est notre Juge, mais comme il est aussi notre Père, il nous aime, et il nous pardonne en Christ, il efface nos fautes, il nous invite à vivre en nouveauté de vie, en nous prenant par la main, et en nous assurant de son pardon.

Esa 1:18  Venez donc et plaidons Dit l'Éternel. Si vos péchés sont comme le cramoisi, Ils deviendront blancs comme la neige; S'ils sont rouges comme l'écarlate, Ils deviendront comme de la laine.

Esa 43:25  C'est moi, moi qui efface tes crimes pour l'amour de moi, Et je ne me souviendrai plus de tes péchés.

La grâce de Dieu, c’est donc ce dont nous dépendons absolument, et que nous ne pouvons que recevoir dans la foi, sans chercher à faire valoir quoi que se soit pour mériter la faveur divine.

Aucun homme sur cette terre ne mérite la faveur de Dieu, car « tous ont péché et sont privés de la présence glorieuse de Dieu » (Rm 3.23) !

La bonne nouvelle de l’Evangile, dans laquelle réside toute notre paix, c’est précisément que le salut est par grâce, c’est un don de Dieu, par lequel il manifeste son amour envers nous, son amour de Père.

Car Dieu est véritablement notre Père !

Dieu est le Père de tous ceux dont le Christ est devenu le Sauveur et le Seigneur.

Il y a là, frères et sœurs, une excellente raison de nos réjouir vraiment, et de marcher en nouveauté de vie.

Telle est, frères et sœurs, le message central de l’Epître de Paul aux Ephésiens, aussi pour nous aujourd’hui.

Puisse donc celui-ci vous apporter toute la consolation dont vous avez besoin, et vous aider à marcher d’une manière digne de la vocation que Dieu vous a adressée.

Et que la grâce et la paix vous soient véritablement données, sur vous et sur vos familles.

Que la grâce soit avec vous tous !

Amen !