Prédication 1er dimanche après Pâques 2001

E.R.E. de Paris – 22/04/2001

Pasteur Vincent BRU

Lectures : Actes 10.34-43

Col 3.1-4

Jn 20.19-31

 

« La foi au Ressuscité »

Chers frères et sœurs en Christ, nous avons célébré dimanche dernier la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ, à l’occasion de la fête de Pâques.

Le texte de ma prédication de ce matin nous invite à son tour à célébrer la victoire du Christ, victoire qui devient effective pour nous dès lors que nous nous en emparons par la foi.

La question du fait historique de la résurrection du Christ est une chose, la foi en cet événement en est une autre, et c’est à cette deuxième question que notre texte répond.

L’exemple de Thomas et de son cheminement, son passage de l’état de doute à celui d’une vraie et ferme conviction, de la vraie foi, constitue pour nous un exemple, et nous montre la voie à suivre dans notre propre vie de foi, dans notre marche chrétienne.

 

1. L’apparition du Ressuscité : « La paix soit avec vous » (19-20)

Je lis au verset 19 :

19  Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, à cause de la crainte qu'ils avaient des Juifs, Jésus vint, se présenta au milieu d'eux, et leur dit : La paix soit avec vous !

20  Et quand il eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent dans la joie en voyant le Seigneur.

Notez que la première chose que Jésus dit en apparaissant au milieu de ses disciples c’est : la paix soit avec vous !

La première conséquence, le premier fruit de la victoire du Christ sur la mort, c’est la paix, la paix retrouvée avec Dieu, avec soi-même et avec le prochain.

La paix soit avec vous ! Cette parole du Seigneur contraste avec l’attitude des disciples.

Tandis que les disciples se sont enfermés à l’abri de l’hostilité des juifs, et qu’ils vivent dans la crainte, cette parole du Ressuscité raisonne comme un cri de triomphe, et comme une libération ; elle est une invitation à la joie et à la reconnaissance.

C’est ainsi que la puissance de la résurrection du Christ vient à bout de tous nos enfermements, de toutes nos peurs et de toutes nos craintes !

Elle triomphe de tout ce qui en nous s’oppose au règne du Christ, au règne de l’amour et de la lumière.

Aucune porte, aucun obstacle n’est trop difficile pour la puissance du Christ qui triomphe de tout mal.

Notez que les apparitions du Seigneur ressuscité à ses disciples, qui ont eu lieu le soir même de la résurrection pour la première, une semaine après Pâques pour la seconde, en présence de Thomas, manifestent l’intention du Christ de consolider la foi de ses disciples, afin d’être ses témoins.

Après le constat du tombeau vide, ce sont les apparitions du Seigneur qui scelleront de façon définitive la foi des disciples en la divinité de Jésus-Christ, et en son œuvre de rédemption.

Les Apôtres ont vu le Christ ressuscité ; ils ont été témoins oculaires de tous ces évènements qui ont suivi la crucifixion ; le Christ leur est apparu en personne afin de ne laisser planer aucun doute sur sa victoire sur la mort.

C’est ainsi que l’Apôtre Jean, dans sa première Epître, peut dire :

1  Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de vie, -

2  car la vie a été manifestée, et nous l'avons vue et nous lui rendons témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée, -

3  ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous.

C’est donc fort de cette ferme assurance que les disciples sont envoyés par le Christ afin d’être ses témoins, et c’est sur le témoignage des Apôtres que repose précisément notre foi.

 

2. L’envoi des disciples : l’effusion du Saint-Esprit et le pouvoir des clés (21-23)

Verset 21 :

21  Jésus leur dit de nouveau : La paix soit avec vous ! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie.

22  Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit : Recevez le Saint-Esprit.

23  Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.

Ainsi, si Jésus est apparu à ses disciples, malgré les portes fermées, et les a fait passer de la crainte à la paix et à la joie, c’est afin qu’ils ouvrent eux-mêmes toutes grandes leurs portes, et sortent proclamer aux autres la bonne nouvelle du salut :

21  Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie.

Notez que c’est par la puissance vivifiante de l’Esprit Saint qui avait était promis (14.16s ; 15.26s ; 16.7-15) que les disciples sont ainsi envoyés pour la proclamation du règne du Christ et de sa victoire sur la mort.

22  Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit : Recevez le Saint-Esprit.

C’est ainsi que les disciples sont « équipés » pour leur mission.

L’absence physique de Jésus sera compensée et avantageusement comblée par le don du Saint Esprit qui accomplit et actualise l’œuvre du Christ pour nous.

Notez que cette proclamation des Apôtres concerne d’abord la rémission des péchés :

23  Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.

Jean-Baptiste avait déjà rendu ce témoignage à Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jn 1.29).

Le premier aspect décisif de la proclamation de l’Evangile que Jésus confie aux disciples concerne le pardon des péchés, qu’il a acquis par sa mort et sa résurrection, lui, « mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification » (Rm 4.25).

C’est précisément parce que le Christ est vraiment ressuscité qu’il a le pouvoir de pardonner les péchés, et que par la foi en lui il est à nouveau possible d’être en paix avec Dieu.

« Il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » (Rm 8.1) !

 

3. La foi de Thomas ou le passage du doute à une foi plus éclairée (24-31)

Les versets 24 et suivants nous parlent de la nécessité et de la centralité de la foi au témoignage des Apôtres concernant la résurrection du Christ pour l’appropriation de ce salut.

24  Thomas, appelé Didyme, l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint.

25  Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point.

Et au verset 26 :

26  Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d'eux, et dit : La paix soit avec vous !

27  Puis il dit à Thomas : Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois.

28  Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu !

29  Jésus lui dit : Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru !

Cet entretien de Jésus avec Thomas, qui était pourtant l’un des siens, l’un des Douze, a beaucoup à nous apprendre au sujet de la foi et du doute.

La visée essentielle du texte est de montrer que Jésus connaissait le doute de Thomas, et qu’il a tenu compte de sa difficulté de croire, qu’il a pris au sérieux ses doutes, tout en l’exhortant à les surmonter, et à vivre par la foi, et non pas par la vue.

La foi chrétienne implique la volonté de croire et de placer sa confiance dans le témoignage des Apôtres auxquels Jésus est apparu, et qu’il a envoyé comme ses témoins.

Thomas aurait dû se satisfaire de ce témoignage, car il connaissait tout aussi bien que les autres disciples l’identité véritable de Jésus.

Quoi qu’il en soit, Jésus accède à sa requête, en lui offrant la vérification réclamée :

27  Puis il dit à Thomas : Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois.

Cette attitude compatissante de Jésus envers Thomas nous touche, car elle nous concerne tous en réalité.

Nous souhaiterions tous, je pense, voir de nos propres yeux le Christ ressuscité, afin de ne plus jamais avoir à en douter.

Mais là où il n’y a plus de doute, là où le doute n’est plus possible, la foi n’est pas possible non plus ! Car il ne s’agit plus dès lors de la foi, mais de la vue !

Et la vue n’est pas la foi !

Voilà pourquoi Jésus dit :

29  Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru !

Certes, Jésus connaît nos doutes, et tient compte de notre difficulté à croire.

Je le crois profondément.

Il sait bien aussi que la foi ne va pas forcément de soi, et qu’il s’agit d’un combat de tous les jours, et que tous n’ont pas forcément la même facilité, la même spontanéité pour ce qui est des choses de la foi.

La foi n’est-elle pas d’ailleurs, d’une certaine façon, qu’un doute surmonté, ou comme le disait l’écrivain français François Mauriac : « La foi, c’est le refus d’un refus » !

La foi, c’est refuser de laisser le doute avoir prise sur nous.

C’est le refus de l’incrédulité, parce que c’est le refus de la mort, et des ténèbres dans laquelle l’incrédulité et le doute veulent nous envelopper.

C’est le refus aussi de placer l’homme et sa raison au centre de l’univers, pour reconnaître la seigneurie du Christ sur toutes choses.

C’est le refus du découragement et de la résignation face au mal et au non-sens apparent de ce monde et de l’existence, marquée par la souffrance et la mort.

La foi, c’est dire « oui » à la vie, et non à la mort et à tout ce qui nous asservit ici bas.

Certes, l’exemple de Thomas nous montre qu’il n’est pas évident de croire.

Mais l’expérience prouve qu’il n’est pas non plus évident du tout de ne pas croire, et que l’incrédulité pose en réalité bien plus de problèmes qu’elle n’en résout.

Comme l’a dit quelqu’un : il faut beaucoup de foi pour être athée !

Il n’y a pas plus d’évidence de ne pas croire que de croire.

L’athée, qui nie l’existence de Dieu, ou le rationaliste qui refuse de croire en la possibilité même de la résurrection du Christ comme de tout miracle, dépendent en réalité de présupposés de foi qui ne sont pas plus démontrables que ceux du croyant.

Dans tous les cas, il s’agit de placer sa confiance soit en Dieu, au Dieu qui se révèle en Jésus-Christ, pour le croyant, ou bien en l’homme et en ses petites capacités pour l’incroyant.

L’évidence de la foi, c’est que tout s’éclaire dès lors que l’on reconnaît la vérité de l’Evangile, tandis que l’incrédulité ne conduit bien souvent qu’à la désillusion et au désespoir le plus sombre.

En fait, il y a une évidence de la foi, de la vérité de la foi, de l’Evangile, mais qui ne peut se vivre que dans la foi, et qui implique une rencontre personnelle avec Dieu et avec Jésus-Christ, qui est de l’ordre du don.

Ep 2.8  Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. 

Comme l’a si bien dit Blaise Pascal, le philosophe : « Il y a assez d’évidence pour ceux qui ne demandent que de croire, et assez d’obscurité pour les maintenir en humilité ; et il y a assez d’obscurité pour aveugler les réprouvés, et assez de clarté pour les rendre inexcusables »!

Dans la foi je puis dire : oui, je crois, Jésus-Christ est le Seigneur, il est vraiment ressuscité !

Le témoignage des Apôtres et du Nouveau Testament est fiable, et je n’ai nullement besoin d’avoir d’autres preuves que cela.

Avec Thomas, je dis : « Mon Seigneur et mon Dieu » !

C’est là le triomphe de la foi qui me conduit à tout parier sur le Christ, sur sa résurrection d’entre les morts, parce qu’il n’y a pas d’autre bonne nouvelle en ce monde, parce que :

Ac 4.12  Il n'y a de salut en aucun autre ; car il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés.

La bonne nouvelle de la résurrection du Christ marque la victoire de la vie sur la mort, et c’est notre foi en la résurrection du Christ qui actualise pour nous cette victoire, en nous rendant à la vie, et en faisant de nous des hommes et des femmes nouveaux.

« La victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi » (1 Jn 5.4) !

C’est dans la foi au Christ Seigneur que la résurrection du Christ triomphe pour nous de toutes les puissances de mort, dans l’attente de son retour en gloire.

Quand le Christ reviendra, alors nous le verrons face à face, et nous nous réjouirons éternellement dans sa présence.

Aujourd’hui nous vivons par la foi, et si nous « voyons » quelque chose de la gloire du Christ et de son règne, c’est « comme au travers d’un miroir, d’une manière confuse ».

Mais alors « nous le verrons tel qu’il est » (1 Co 13.12 ) !

Que cela remplisse votre cœur d’une joyeuse espérance, et renouvelle votre amour et votre zèle pour Lui.

Amen !